31 mai 2007

If I were a doctor...

J'aurais vraiment beaucoup aimé être médecin. Je crois que ça aurait parfaitement satisfait mon besoin impérieux et permanent de me sentir utile. En réalité, je voulais être sage-femme (après avoir voulu être prof de français). Mais en 4ème, mon prof de biologie m'a dit que "avec mes capacités", c'était dommage de ne pas être médecin (ben oui, mais je fais quoi si mon truc c'est d'être sage-femme ? C'est déshonorant ou quoi ??). Or pour faire médecine, il fallait faire S, et moi, j'étais littéreraire. Avec ces différents éléments, j'ai choisi d'opter à nouveau pour le professorat. Finalement abandonné un peu plus tard, suite à ma rencontre avec un prof de français et de latin normalien complètement asocial.

C'est dingue l'influence que mes profs ont pu avoir sur moi et sur mes choix d'orientation. Parce qu'après avoir abandonné l'idée de triturer la virgule pendant des heures, au risque de devenir socialement aussi inadaptée que mon prof de français de 2nde (25 ans, et déjà une lavallière), je me suis dit qu'être prof d'allemand, ça devait être très bien aussi. Mais lorsque j'en ai parlé à ma prof d'allemand, je suis redescendue sur terre. "Jamais vous ne pourrez réussir Normale Sup", m'a-t-elle assené, avec son accent des plus germaniques. La preuve : MÊME son fils parfaitement bilingue car franco-allemand n'avait pas réussi. Si ça ce n'était pas de la preuve irréfutable...

A l'époque, je l'ai crue naïvement. Aujourd'hui, j'aimerais aller lui expliquer qu'il ne suffit pas de connaître sa grammaire allemande par coeur pour entrer à Normale. Et que prévenir un élève qu'une voie est difficile n'est pas la même chose que de le décourager définitivement (et sans fondement). J'aurais peut-être (sans doute) raté Normale. Je n'aurais jamais découvert les joies des Finances publiques (snif snif snif). Mais elle n'avait pas le droit de me dire que "jamais" je n'aurai le concours. Rien que pour ça, avec le recul, je la déteste et me demande quel plaisir sadique elle a pu prendre en me sortant son jugement définitif et tranchant. Voulait-elle venger l'injustice criante de son fils ? "Puisque lui n'a pas été pris, plus personne ne pourra faire Normale"...

Bref, je ne regrette rien non rien de rien, et revenons-en à nos médecins. Si j'avais été médecin, il y a deux choses que j'aurais adorées. Enfin, je présume que les médecins le font, puisque dans Grey's Anatomy, ils le font :
- devoir enfourcher un patient pour lui faire un massage cardiaque alors que des petits internes bodybuildés poussent le charriot. On doit un peu se sentir comme sur une piste de luge d'été, ça doit être merveilleux au niveau sensations.
- mettre la main dans un gant en latex talqué et étiré par les soins d'une gentille infirmière, l'entendre claquer, puis le retirer d'un geste las mais soulagé à la fin d'une opération très longue et très compliquée. Le bonheur.

Le seul problème, c'est que mon seuil de tolérance au dégueu-dégueu est très très très bas. Rien que de penser à un morceau de doigt qui pendouille dans le vide après avoir rencontré un taille-haie me fait frémir. Ce n'est pas tant la vue du sang que l'empathie qui me pose problème : dès que j'entends parler d'un vague bobo, j'imagine très bien la douleur, le ressenti du pauvre mec coupé en deux (même si le deuxième morceau est beaucoup beaucoup beaucoup plus petit que le morceau principal). J'en ai l'estomac qui fait un salto arrière avant de se tordre en deux. Il paraît qu'on s'habitue, mais bon, passer mes 3 premières années d'études à aller vomir 3 fois par cours, non merci...

J'ai une amie qui est infirmière. Et qui n'aime QUE les urgences. Parce qu'il se passe toujours quelque chose. Et que ce sont souvent les cas les plus intéressants. Je ne lui demande JAMAIS de me parler de son boulot, étant donné qu'elle est capable de s'enthousiasmer pour des choses que je préfère ne même pas vous raconter (mais lisez donc le livre de Ron). J'admire sa capacité de résistance autant que je l'envie.

Je suis en fait un peu comme un plombier qui adorerait l'idée d'aider les gens à réparer leurs fuites, mais qui serait aquaphobe. Ou d'un boulanger qui n'aimerait pas le contact avec la pâte, ce truc mou et informe. Ou d'un diplomate qui aurait le mal du pays. Finalement, je suis sans doute beaucoup plus faite pour les Finances publiques...

30 mai 2007

Ah les mecs...

De temps en temps, je vais faire un tour sur le blog "Ra7or, le quotidien masculin", auto-proclamé viril et anti-girly. Autant vous dire qu'une fois sur deux, cette plongée dans l'âââââââme masculine me fait rire. Ou alors m'apprend des choses.

L'idée de départ - qu'une équipe de jeunes loups fournissent des conseils de tout poil en relation avec les problèmes de la vie quotidienne à leurs collègues de genre - est franchement bonne. L'idée est carrément valable quand il s'agit de leur apprendre à repasser leurs chemises ou d'organiser un week end de lover wonder-romantique pour épater sa chérie, impecc, et on applaudit des deux mains. Mais là où le bât blesse, c'est que souvent, ils donnent des conseils de drague aux garçons. Or par définition, les garçons ne sont pas les mieux placés (même les tombeurs de boîte de nuit) pour donner ce genre de conseils.

Je me marre quand l'un deux suggère, pour reconquérir le coeur de sa douce ex, de lui faire le coup du "je peux-je peux pas-je peux" qui a déjà rendu plus d'une fille hystérique. La touche de génie ? La surprise selon Ra7or. De mon côté, si on me fait ça, je n'arriverais jamais à me défaire de l'idée qu'on m'a prise pour une conne. Parce qu'on dit que les filles sont tordues, mais le coup du JPJPPJP (suivez bien, ceci est l'acronyme de la technique ci-dessus citée, et remarquez au passage la belle allitération), ça l'est encore plus. Franchement, rencarder une nana, l'appeler 10 minutes avant pour lui dire que finalement, non, on est charrette, ça va pas être possible, mais se pointer quand même, je trouve ça douteux. Je suis peut-être une fille et donc compliquée, mais, loin de trouver ça romantique, l'interprétation la plus plausible qui me viendrait à l'esprit serait : "bon, Adriana Karembeu lui a finalement dit oui pour ce soir, mais finalement, y a foot alors elle a annulé, et il se retrouve la queue entre les jambes à se raccrocher à son plan B, moi...". OUAIS, super romantique le truc...

Mais en fait, j'aime beaucoup ce blog, que je trouve souvent attendrissant. Et oui, "attendrissant" est un compliment. Mais je pense que la VRAIE idée serait que des vrais mecs donnent des vrais trucs aux filles pour qu'elles deviennent toutes la vraie copine idéale qui fait rêver la gent masculine. Tout en gardant les autres trucs : les récits de "comment les mecs eux aussi paniquent quand ils ont une amourette" par exemple. Ou "pourquoi le chat de ta copine peut devenir ton meilleur ennemi".

En fait, il y a aussi un petit côté sadique à la chose : j'adôôôôôôre voir la euh... naïveté ? masculine parfois. J'adôôôôôôôôre voir que nos ruses les plus perfides les font vraiment bisquer (mission accomplie, YEAH !). Dans un billet récent, l'un des rédacteurs de la dream team disait que les décolletés étaient à la fois le meilleur et le pire ami de l'homme, à la fois attiré et supposé résister à cet appel explicite. Il dit : "Constamment grillé par les femmes au décolleté plongeant (en même temps cocotte si tu mets un décolleté c’est que tu veux les montrer tes nénés !) [...]". Moi je dis : c'est pas faux. En même temps, lire ça, pour une démonne perverse comme moi, c'est jouissif. Mais les mecs, redescendez sur terre : on vous fait (cruellement) marcher, et vous, vous courez... Le pied !

Je vous explique : oui, mettre un décolleté est une invitation certaine au matage. Mais en fait non. C'est très simple : il ne faut surtout pas se faire repérer. Le décolleté est un puissant instrument de sélection entre l'amateur discret (regard invisible, et compliment détourné : "il est superbe ton pendentif") et le mateur indélicat (qui reste la bouche ouverte, filet de bave au coin des lèvres). Veillez à être dans la bonne catégorie.

Ensuite, le décolleté peut juste être l'occasion pour nous perfides démonnes (oui, je maintiens) de passer une journée à nous bidonner en douce. Vous n'imaginez pas comme il est drôle de vous voir bégayer, reprendre vos phrases, ne plus trop savoir où vous en êtes, vous voir essayer de lutter pour ne pas regarder. C'est drôle et... attendrissant. Tout comme Ra7or.

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29 mai 2007

Choc

Deux chocs face à la télé dans le week-end : dimanche soir, devant l'excellent reportage d'Enquête exclusive (M6) sur "l'Amérique traumatisée". Un voyage en Irak et aux Etats-Unis, parmi les soldats rescapés et les familles endeuillées, rappelant que 3 000 soldats américains ont été sacrifiés pour pas grand-chose, sans compter les milliers de victimes irakiennes.

Au mois d'avril dernier, 3 soldats étaient enterrés chaque jour aux Etats-Unis. Sans verser dans le larmoyant ou le sensationnalisme, ce reportage faisait aussi la lumière sur les difficultés rencontrées pour les journalistes souhaitant parler de ce conflit en d'autres termes que ceux de Fox News : il est formellement interdit aux journalistes de filmer les corps ou les cercueils. Ce qu'on ne voit pas n'existe pas. Simple et efficace.

Ceux qui pensent que les démocraties sont moins à même de faire la guerre pour des raisons d'acceptabilité publique seront déçus : même une démocratie, celle qui se veut la première mondiale, manipule et filtre l'information, comme au bon vieux temps des lettres censurées des Poilus.

Mais dans ce voyage au coeur de l'Amérique, d'autres choses m'ont frappée. Le fait notamment que, bien que le Sud des Etats-Unis aient aboli la ségrégation raciale depuis plusieurs décennies, l'enterrement d'un soldat afro-américain ne rassemble que des Noirs. Le melting-pot est-il si efficace que ça ?

Pour ceux que ça intéresse, rediffusion le jeudi 31 mai à 00h50, toujours sur M6.

Et histoire de ne pas taper dans l'anti-américanisme primaire en oubliant de faire son propre mea culpa, j'ai rééquilibré la balance lundi soir avec un reportage de Daniel Schneidermann sur France 5, Jour de pendaison au village - une épuration à retardement.

1945, Cusset, petit village français près de Vichy, deux hommes sont lynchés en public. L'un des deux sera pendu par les pieds, et le peuple attendra sa mort avec avidité et fascination. Des policiers sont présents, mais ne font rien, de peur de ne déclencher une nouvelle vague de violence, contre eux cette fois-ci. Un jour de cruauté ordinaire pour une France ordinaire.

Une foule en délire, deux hommes traînés comme des sacs de pommes de terre, des coups, des cris de joie qui accompagnent une agonie... Une barbarie moderne pour répondre à une autre barbarie. Saisissant. Les deux reportages d'ailleurs. Vous remarquerez d'ailleurs que j'ai bien du mal à formuler des phrases grammaticalement correcte et complète pour en parler. Ca vaut sacrément le coup d'oeil.

25 mai 2007

Youpi la vie est belle !

Bon, forcément, en regardant ce que j'ai dit hier et ce que je dis aujourd'hui, vous allez croire que je suis une cyclothymique de base. En fait pas du tout. Je déteste toujours autant travailler dans une serre sans pouvoir aller me repoudrer le nez, mais il se trouve qu'il n'y a pas que ça dans la vie.

J'ai un train, voire deux TGV, de retard. Mais depuis quelques jours, j'ai enfin découvert que cette petite chanson entendue deux-trois fois et qui me plaisait bien était en fait un tube. Et que la charmante voix de tapette qui se cachait derrière était celle de Mika.

Je sais, ça fait vraiment "fille" de dire qu'on aime Mika. Mais en même temps, j'en suis une. Et puis j'aime vraiment bien, même si je suis la 3 millionième à le dire. Tant pis pour l'originalité, et lekhaïm à ces petites chansons acidulées qui ressemblent un peu à la BO du bonheur de printemps. Même Take it easy (qui raconte quand même qu'il est dans la merde, mais qu'il faut le prendre bien) a cette touche de légèreté qui donne envie de sautiller dans sa chambre au petit matin.

Comme je me dis que ceux qui apprécient déjà seront contents de le réentendre, et que ceux qui ne connaissent pas encore (ne me dites pas que je suis la dernière) seront heureux de découvrir, voici :







Il paraît qu'il fait craquer les filles. Mouais... Le déhanché d'un maigrelet en slim rouge, ça a plutôt tendance à me laisser de marbre. Mais pas ses chansons !

24 mai 2007

Tu veux faire Sciences Po ? Lis ça d'abord !

Sciences Po, ça fait rêver beaucoup de gens. Vu le nombre de fois où des petits jeunes viennent, par Google interposé, me demander "comment réussir le concours de Sciences Po", "comment réussir l'oral de Sciences Po" ou encore "je veux faire Sciences Po + Comment entrer ?", je me dis qu'il y a pas mal de vocations qui se promènent...

Avant que vous, les jeunes, ne bousilliez votre été à faire une prépa qui ne vous servira pas à grand chose, puisque les prépas d'été sélectionnent de toute façon ceux dont elles sont quasi-sûres qu'ils rentreront (sinon, ça fait baisser les statistiques), je me dois de vous informer de l'HORRIBLE condition que l'institution de la Rue Saint Guillaume réserve à ses enfants. Et pour ce faire, je vais vous décrire rapidement ma situation là maintenant tout de suite :

- je travaille (rien que ça, faut s'y habituer) en bibliothèque en attendant mon cour de 19h15. Ce qui fait une sortie à 21h15, très fréquente à Sciences Po, et pas juste en prepena. De la 1ère à la 5ème année, tu vas enchaîner les matins à 8h et les soirs à 21h15.

- je suis en bibliothèque à la seule place disposant d'une prise pour mon ordinateur. Oui, Sciences Po a beau se vendre comme une wonder-business-school mondiale de l'avenir, la direction n'a pas encore compris qu'un ordinateur, de temps en temps, ça se recharge. Or il se trouve que dans la bibliothèque dans laquelle je me trouve, les seules tables équipées de prise sont le long de la baie vitrée, plein sud, face au soleil l'après-midi. Ma température intérieure doit être de 44° depuis 14h30. J'ai un peu chaud là. Mon cerveau bout. J'en suis à envisager de convertir Sciences Po au naturisme. Mais je ne peux pas trop bouger, rapport à mon ordinateur qui se recharge.

- et puis aussi, j'avoue que comme je suis partie de chez moi à 11h, je commence à avoir envie de faire pipi. J'arrive à battre des records (pour une fille), mais là, après 1 litre d'eau, 1/2 litre de gaspacho et une canette de cola light, ben... comment dire, ça serait bien que j'aille aux toilettes.
Or problème n°1 : Sciences Po accueille 10 fois trop d'étudiants que ce que ne permettent ses possessions immobilières. Cohue, queue partout, piétinement, bruit et le reste sont les conséquences d'une surpopulation à laquelle on ne peut échapper. Pas la peine donc d'espérer aller aux toilettes entre deux cours, la pause de 15 minutes ne suffit pas. Et puis du coup, c'est tout le temps sale. Beurk.
Problème n°2 : vu que les bibliothèques de Sciences Po, c'est Koh Lanta pour survivre, on ne peut RIEN laisser à sa table. Même pour 5 minutes. On m'a déjà volé à différentes reprises une bouteille d'eau, une carte de bibliothèque (ce qui me vaut une exclusion définitive du bâtiment climatisé et me condamne aux places derrière la verrière) et des plans de cours. Pas mon ordinateur, grâce à mon cable antivol (que je n'arrive plus à retrouver depuis 1 semaine...). Ni mon sac, puisque je l'emporte partout. Mais d'autres n'ont pas eu cette chance. Donc aller aux toilettes signifie partir équipée comme pour une randonnée sur le GR20. Avec le risque de ne pas retrouver sa table. A chaque virée sandwich, photocopie ou pipi, je me sens un peu comme Lara Croft. Sauf qu'on n'est pas dans un jeu vidéo, merde quoi !

Si tu as encore envie de faire Science Po malgré ces désagréments matériels, je ne veux pas t'enlever toutes tes illusions, et je t'épargnerai donc le récit des désagréments intellectuels que l'on peut y rencontrer. Mais sache que si tu es une fille et que tu aimes aller aux toilettes, tu vas souffrir :D

23 mai 2007

Pouvoir et vouloir

Il y a quelques semaines, j'ai rencontré ma coach personnelle. Je sais, ça fait classe. En fait, on est cinq à l'avoir pour coach, mais ça reste un accompagnement personnel. Toutefois, comme il n'est pas question de me muscler le fessier, il ne s'agit pas d'une coach corporelle mais mentale. Son but : faire de nous des warriors qui auront le concours de leurs rêves.

Jeune normalienne énarque (jusque là, tout est normal), elle a en plus le bon goût d'être très sympathique. Et accessoirement une bombe sexuelle aussi. Personnellement, même si ce n'est jamais désagréable, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Mais je me dis que quand même, la répartition des qualités intérieures et extérieures se fait bien mal sur cette Terre. Martin Hirsch (dont j'ai récemment appris qu'il était énarque lui aussi, on est cernés) pourrait peut-être, dans le cadre de son mandat pour les solidarités actives, faire quelque chose contre ces inégalités flagrantes. A voir.

Donc cette jeune femme brillante, sympathique et belle nous a coachés pendant 2 heures, en nous disant bien qu'il fallait surtout continuer à avoir une vie épanouie à côté. Le seul truc, c'est que juste après, elle nous a dit qu'il ne fallait surtout pas oublier :
- de lire Le Monde et Les Echos tous les jours (compter 2 heures pour faire les choses correctement, et pas juste se dire "bon, ça c'est fait" sans qu'il en reste rien derrière)
- de ficher "rapidement" le Pisani-Ferry et le Stirn (1400 pages)
- de lire toutes les fiches DPAE
et plein d'autres choses encore. Sur le principe, je suis assez d'accord avec elle. Je me permets toutefois d'opposer quelque résistance de pure forme : "quand c'est qu'on dort ?!". Je sais bien que c'est ce que je devrais faire (même ce que j'aurais dû faire depuis longtemps), mais je n'ai tout simplement pas le temps matériellement de le faire. Ce serait le programme idéal, mais rien que de reprendre les milliers de pages de cours que j'ai en stock (et je ne pense pas mentir en parlant de milliers) me suce tout mon temps jusqu'à la moelle. Et je reste persuadée que je maîtrise déjà parfaitement les fondamentaux, ça sera bien. Enfin bon, là n'est pas la question.

Car elle nous a bien confirmé que ce qui comptait, c'était d'avoir une vie équilibrée "avec des sorties, des amis, et un petit copain" Elle semble hésiter un dixième de seconde puis ajoute "...enfin, si vous pouvez !". J'ai adoré la chute. Je ne sais pas si l'un de nous dans le groupe était particulièrement visé par cette réserve de "capacité".

Tout ce que j'en dis, c'est que pouvoir c'est bien, mais vouloir, c'est mieux. J'avoue que batifoler est vraiment le dernier de mes soucis depuis un bout de temps. Que rencontrer un jeune homme même bien sous tous rapports, voire parfait, me laisse de marbre. Et ce n'est pas une hypothèse purement théorique, je l'ai vécu. Electrocardiogramme plat. Comme dirait mon père, "c'est pas comme ça que tu vas te marier".

Parfois, la vie, c'est trop pourri

Je sais bien qu'il y a des gens qui sont en train de mourir du SIDA en ce moment au Ghana voire à l'hôpital Saint Antoine, mais quand même (ou plutôt : raison de plus), la vie, parfois, c'est trop pourri.

C'est quoi le problème ? Ben déjà, j'ai mal à la tête. Et ça m'arrive de plus en plus en plus en plus souvent. A force de regarder mon écran, à force d'être assise vertèbres tassées, à force de travailler, à force de mettre mes lentilles une fois par mois parce que bon "c'est un peu con de gâcher un paquet alors que je vais juste à la bibliothèque", à force d'être sous le climatiseur de la bibliothèque, à force de manger des paninis aux 4 fromages du Crous, à force de ne pas assez dormir. Un peu tout ça à la fois je pense. M. Propofan est devenu mon meilleur ami, ma bouée de sauvetage, ma drogue. Rien que de penser que bientôt je vais pouvoir en prendre un et je me sens mieux. C'est peut-être pour ça que, dans mes souvenirs, il y avait indiqué "risque de conduite addictive" ou un truc dans le genre sur la notice.

En fait, le VRAI problème de la journée, c'est que de reprendre mes cours est non seulement long, chiant et fastidieux (d'où le supra), mais me permet aussi de me rendre compte qu'il me manque des trucs. J'ai passé mon année à ne rater aucun cours, et je me retrouve avec de la dentelle de Calais dans mes notes. Je ne comprends pas. J'enrage de ne pas savoir pourquoi "Que doit-on attendre de l'Etat ?" s'arrête au II. B., surtout que maintenant, il faut que je me mette à la chasse aux notes d'un aimable autre. J'aurais mieux fait de prendre une année sabbatique à ce rythme-là.

Mais tout ça, ce n'est rien comparé au VRAI de VRAI problème de la journée : je crois bien que Grey's anatomy a repris ce soir, et j'ai raté ça... Un drame intersidéral contemporain parfait non ? Et puis vu que TF1 est super fort pour les rediffusions de Chasseurs, pêcheurs, naturistes et traditionnalistes, et de Ma Life, c'est trop un truc à vivre, et de On dirait que tu serais le curé et que je te dirais mes secrets devant la caméra, ben forcément, il ne reste plus de place pour rediffuser à un autre moment les aventures de Dr Mamour.

Nan, vraiment, la vie, c'est trop pourri.

21 mai 2007

Et les soirées de l'Ambassadeur sont toujours une réussite !

J'ai oublié de vous raconter un truc GE-NIAL, une soirée entre amis passée la semaine dernière grâce à l'ingéniosité de Myriam (enfin, je crois).

Donc on va dire que c'est Myriam (en vrai, c'est peut-être Juliette) qui avait trouvé un petit café du côté des Gobelins, l'Oya Café (25 rue de la Reine Blanche pour les curieux), qui propose une formule intéressante et à mes yeux complètement novatrice. En fait, il paraît que ça existe depuis longtemps, mais que voulez-vous, Coco est jeune et Coco découvre régulièrement le monde. Donc le principe : pour 6 euros, vous avez une boisson non alcoolisé et... une partie de jeu de société.

Il y en 250 dans la boutique, pour la plupart étrangers. Le maître des lieux est également maître de jeu : vous lui racontez ce que vous aimez, ce que vous attendez du jeu et le temps que vous avez, il vous propose l'un de ses jeux, en explique les règles et court à votre rescousse à la moindre hésitation.

On lui a expliqué en 3 mots ce qu'on voulait (j'ai dit que j'avais un problème de connexion neuronale lorsqu'il s'agissait de comprendre des règles de jeu de société et que je n'avais pas toute la nuit devant moi, les autres qu'ils voulaient rire). Et on est tombé sur Time's up.

Une découverte pour nous tous, qui nous a fait passer un excellent moment. A force d'éclater de rire et de hurler à travers le café, on a dû perturber ceux qui s'adonnaient à des jeux nettement plus intellectuels et stratégiques. C'était vraiment un moment très sympa passé avec Adalbert (que son côté plus polonais et britannique que français n'a pas empêché d'apprécier et de participer), Juliette et Myriam, qui devrait nous laisser des répliques d'annales.

Je vous conseille donc autant ce café que ce jeu. Et je pense bien que nous y retournerons pour partager une autre séquence de franche rigolade.

20 mai 2007

Come on baby... do the locomotion !

De plus en plus souvent, je vais passer le week end chez mes parents. Ce qui était rarissime avant est devenu nettement plus régulier. J'y vais recharger mes batteries (socialisation, sommeil, bons repas, petits soins "je me prends pour un Pacha"), bronzer quand il y a du soleil, et bien travailler. J'y ai en effet une ardeur à la tâche qui me fait parfois défaut à Paris. Hier soir, il a fallu moults insistances maternelles pour que je quitte mon bureau pour rejoindre mon lit.

Mais le moment culminant de ce week end familial a été la séance de danse du samedi soir. Ah non, n'allez pas croire que je suis allée en boîte au milieu des Beaucerons montés à la ville. Je suis restée chez moi, et ça a eu lieu avant le dîner, comme dans les maisons de retraite.

Pour des raisons longues à expliquer et inutiles à savoir, il FALLAIT que j'apprenne à danser le madison. Et ce ne sont pas les souvenirs de ma mère qui allaient m'aider. Donc je suis allée fureter sur internet, où l'on trouve vraiment tout. Et quelques essais et quelques fous rires plus tard avec ma maman, Locomotion de Little Eva à fond en bonde sonore, nous maîtrisions parfaitement ce pas typique des années 60.

J'adorerais vous faire une démonstration, mais je préfère vous laisser imaginer : je sais danser le madison...

En dehors de cette anecdote des plus intéressantes (comment ? Vous osez en douter ?!), je vous encourage à aller voir les photos du week end de Sven, qui prouvent, si cela était nécessaire, qu'il peut faire nettement plus beau chez les Vikings que chez nous !

17 mai 2007

La classe intersidérale (c'est le cas de le dire)

Grâce à mon blog-it express, là, à gauche, je peux espionner tout le monde. Je sais qui atterrit ici et pourquoi. Je sais que certains pensent y trouver un film cochon ayant pour cadre un taxi et mettant en scène de nombreuses perversions. Je sais que Tina a un admirateur secret à Aubervilliers qui rêêêêêêêve de voir son sourire quand elle danse (et si Tina, c'est sûr que c'est toi, la recherche ne laissait aucun doute) et qui est venu sur mon blog 12 fois dans la journée pour vérifier si par hasard je n'avais pas une photo quelque part. Je sais que le nez de Patrick Dempsey intéresse beaucoup de monde. Je sais que certaines personnes ont des fantasmes tout à fait originaux, voire un peu dégoûtants (mais tout cela est subjectif). Enfin bref, ça ne change pas beaucoup de d'habitude.

Mais aujourd'hui, j'ai découvert que mes lecteurs avaient la classe intersidérale. Bien sûr, il y a du normalien, avec de l'adresse en rezo.ens à la fin, il y a du financier qui travaille même un jeudi de l'Ascension. Mais LA découverte du jour... faites gaffe parce que ça tape tellement que vous pourriez être éblouis... j'ai un lecteur ou une lectrice à l'Agence spatiale européenne / Centre européen des opérations spatiales. Un astronaute quoi. Zimaginez un peu l'effet que ça fait ?

Mon astronaute devrait d'ailleurs lire ce billet, et se sentir dans la seconde éhontément mis à nu, violé dans son intimité, et tout le reste. Je suis VRAIMENT désolée, je m'excuse platement, je monte mentalement les marches de l'Oratoire St Joseph à genoux... mais j'étais trop fière pour ne pas le dire !

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Avec un peu de retard...

... mais toujours autant d'actualité. Pour ne pas verser dans la dénonciation pure et simple, j'ai choisi la vidéo intitulée "Norah Jones - My dear country" et non pas "Sarkozy élu président", pourtant exactement la même...

Pour ceux qui voudraient faire du karaoké, voici les paroles :

T'was Halloween and the ghosts were out,
And everywhere they'd go, they shout,
And though I covered my eyes I knew,
They'd go away.

But fear's the only thing I saw,
And three days later 'twas clear to all,
That nothing is as scary as election day.

But the day after is darker,
And darker and darker it goes,
Who knows, maybe the plans will change,
Who knows, maybe he's not deranged.

The news men know what they know, but they,
Know even less than what they say,
And I don't know who I can trust,
For they come what may.

'cause we believed in our candidate,
But even more it's the one we hate,
I needed someone I could shake,
On election day.

But the day after is darker,
And deeper and deeper we go,
Who knows, maybe it's all a dream,
Who knows if I'll wake up and scream.

I love the things that you've given me,
I cherish you my dear country,
But sometimes I don't understand,
The way we play.

I love the things that you've given me,
And most of all that I am free,
To have a song that I can sing,
On election day.


Enjoy !

Quand reverrai-je...

Quand j'étais en sixième, nous avions étudié le fameux "Heureux qui, comme Ulysse" de Joachim du Bellay après avoir lu une version très édulcorée de L'Odysée. Avec le recul, je trouve ça un peu audacieux, mais finalement payant, puisque je m'en souviens encore aujourd'hui, bien qu'il y ait eu à l'épode de nombreux mots qui m'échappaient.

J'ai eu l'occasion de me le remettre en mémoire hier matin, lorsque ma radio de douche a passé ça :



J'aime beaucoup ce poème, et j'aime beaucoup Ridan. Et j'aime beaucoup l'idée que Ridan reprenne du Bellay. Mais j'ai tiqué. Cette reprise n'est peut-être que volonté poétique et amour de la langue française de la part du jeune chanteur, mais j'y vois autre chose.

Je savais que la nostalgie compulsive était un mal répandu. Je savais que les Français sont tellements paumés qu'ils se passionnent pour les émissions de généalogie d'Europe 1. [Si vous ne voyez pas le rapport entre perte de repères et généalogie, il suffit de lire l'introduction à l'exposition du canton de Genève sur la généalogie : "Les études généalogiques jouissent aujourd'hui d'une grande popularité. Cette vogue n'est pas pour étonner, si l'on songe à l'évolution de la société actuelle, aux ravages de l'individualisme dans les mentalités et dans l'esprit civique ou simplement communautaire, aux exigences de mobilité qui sont celles de l'économie, avec leurs conséquences destructrices sur la famille et les réseaux traditionnels d'amis, la perte de repères dans l'espace et de racines dans le temps qui en résultent". D'ailleurs, en faisant quelques recherches pour cet article, j'ai vu que je n'étais pas la seule à faire le lien entre généalogie, passéisme et refus de la Constitution européenne : Jean Daniel, dans un éditorial du Nouvel Obs de mai 2005 "Autocritique ?", écrivait : "Je pensais - et je pense toujours - que les Français subissaient les transformations profondes de leur identité nationale. Je les imaginais repliés sur la détresse du chômage, la peur de perdre un emploi, le rejet d'un étranger trop visible, le frileux conservatisme de l'acquis, le goût de la proximité, la restauration du patrimoine et le souci de la généalogie. Bref, tout ce qui peut faire regretter la France d'hier et qui barricade contre les agressions de la modernité".]

Je savais que les regrets, qui est d'ailleurs, étrangement mais fort logiquement, le titre du recueil de poèmes dans lequel se cache le sonnet consacré à la douceur angevine, étaient un sport national. Mais je ne pensais pas que ça avait atteint "les jeunes".

Je sais, c'est un peu con. Pourtant, j'avais l'idée saugrenue que la jeunesse est ce qui pousse une société vers l'avant, que c'est elle qui regarde loin devant. Or chez nous, ce n'est pas le cas. Les moins de 24 ans ont voté à 56% contre le Traité constitutionnel européen, et Ridan nous chante très joliment que rien ne vaut sa bonne vieille campagne plutôt que de découvrir le monde, aussi beau soit-il.

Je ne suis pas non plus fana du très communiste "du passé faisons table rase". Mais entre les deux, il doit bien y avoir cette fameuse troisième voie, qui commence à être telle le dahut dont tout le monde parle mais que personne ne trouve. Qu'est-ce qui nous fait si peur pour qu'on retombe dans le mal du pays version Renaissance ?

J'accorde peut-être trop d'importance à cette chanson, au demeurant fort agréable à écouter, mais ce que j'en tire comme enseignement m'apparaît bien peu encourageant...

PS / j'avais oublié : "c'était mieux avant ma bonne dame, quand les jeunes étaient moins nostalgiques !"

15 mai 2007

Trop de trop... tue le trop (a dit Chantal Goya)

J'ai un sérieux problème. Que Pénélope a assez bien représenté avec son joli dessin, sauf que je n'ai pas l'éphèbe accroché au bras. Mon problème : je parle trop, beaucoup trop. Mais je ne m'en rends jamais compte sur le coup, c'est toujours après que j'ai monumentalement honte d'avoir monopolisé la conversation. Mais si je rappelle les gens pour m'excuser, il va falloir que je parle. Et tout de suite, je me dis que ce n'est pas la peine d'en rajouter une couche.

Il y a trois situations typiques dans lesquelles je monopolise abusivement la parole, donnant l'horrible impression que je ne m'intéresse qu'à moi et que je m'écoute parler.

La première situation, de plus en plus fréquente, est quand je sors d'une période de travail solitaire intense. Quand je viens de passer 3 à 4 jours toute seule à ne faire que bosser mes cours, ma reprise de contact avec le monde social et humanisé est douloureuse pour les autres, j'ai du mal à m'arrêter. Je déverse mon trop plein de pas assez de communication. Je suis dans un état euphorique, comme une droguée qui regoûte enfin aux plaisirs de sa substance fétiche. Ou alors je suis KO et je n'ai rien à raconter, rapport à mon activité totalement inintéressante des derniers jours, et ce n'est pas franchement mieux.

La deuxième situation, c'est quand je suis avec des grandes personnes. Pour une raison étrange, j'ai toujours peur d'être monstrueusement indiscrète avec mes questions. Qui sont pourtant les même que celles qu'ils me posent. Il y a quelques mois, j'étais invitée chez des amis de parents pour une sauterie mondaine où je ne connaissais personne. J'étais la seule de moins de 40 ans. Un couple a entamé la conversation avec moi, avec des questions de mariage (les questions de mariage étant typiquement les questions que l'on pose à des inconnus dans un mariage où l'on ne connaît que les mariés) : comment je les connaissais, ce que je faisais dans la vie, où j'habitais. Et je relançais la conversation, mais IMPOSSIBLE de leur poser les mêmes questions, ça bloquait dans ma gorge, j'avais peur qu'ils trouvent ça très impoli et intrusif. Du coup, je pense que ça donne en réalité l'impression que j'adore raconter ma vie et pas écouter celle des autres. Ce qui est complètement faux. Raconter la même chose pour la énième fois sur moi est bien moins intéressant que de découvrir ce que font les autres. Mais je n'y arrive pas. En revanche, aucun problème avec ce genre de questions quand je suis avec des djeunz de mon âge, ça ne concerne que les "adultes".

Dernier cas : l'interlocuteur muet. Une fois de plus, j'étais invitée chez des amis de mes parents qui ont des enfants d'une dizaine d'années. Je n'avais qu'une trouille : le blanc, ne rien avoir à dire pendant tout le dîner. Alors j'ai meublé. La mère me répondait de façon un peu évasive. Les enfants se taisaient. Je leur ai posé des questions qui ont reçu des réponses monosyllabiques. Je re-meublais. Ca demande de l'énergie de fournir toute seule une conversation alors qu'il y a quatre personnes autour de la table, qui ne réagissent pas... D'un seul coup, la mère dit "vous pouvez parler aussi, les enfants !". Là, j'ai voulu disparaître sous la table. Parce que c'était clairment un "tu nous saoules un peu à ne pas arrêter de parler". Alors j'ai arrêté de parler. Et il ne s'est rien passé. Un blanc. Enorme. Personne ne disait plus rien. Merci l'ambiance. Je suis repartie la mort dans l'âme, avec l'impression d'avoir été d'une grossiereté sans nom, mais d'avoir en même temps été la seule à faire un effort pour que cette soirée ne soit pas un énorme silence.

Depuis toujours je suis bavarde. Même ce blog, c'est du bavardage. Mais pas oral, alors ça ne compte qu'à moitié, hein. Il n'y a pas la satisfaction de parler. Ma maîtresse de CP m'appelait "la pipelette de service" et m'envoyait au coin parce que j'empêchais les autres de travailler. Le jour où elle m'a scotchée la bouche (une fois, elle a aussi scotché les oreilles de Yannick, le cancre de la classe, parce qu'il n'arrêtait pas de tirer dessus et qu'elles étaient déjà toutes déformées), j'ai décidé que je parlerai moins en classe, et le lendemain, j'ai commencé à me ronger les ongles parce que je m'ennuyais toujours autant sur les bancs de l'école. Quand je suis chez des gens qui ne parlent pas, est-ce que ce serait plus poli de me ronger les ongles plutôt que de blablater sans m'arrêter ?

14 mai 2007

Et toi, tu fais quoi dans la vie ?

Immanquablement, les présentations en société commencent par prénom, parfois nom, activité principale. Or, comme vous l'avez peut-être compris, mon activité principale à moi est de préparer l'ENA. Et visiblement, ce n'est pas super glamour à l'extérieur de l'enceinte de la rue Saint Guillaume.

J'en ai déjà un peu parlé ici, mais je confirme : une prepena, ça ruine votre vie sociale. Les gens deviennent vraiment bizarres une fois qu'ils savent ce que vous faites de vos journées. Je n'imagine même pas leur tête face à un vrai énarque...

Les médecins réagissent plutôt bien. "Ah, c'est intéressant ! Bon, je vais vous donner quelques vitamines en plus". Après, ils sont persuadés que je suis stressée et que c'est pour ça que j'ai mal à la tête, au ventre, au dos, ou au petit orteil. Non non, je ne suis pas stressée, promis. Et j'aimerais que vous me soigniez comme si j'étais une patiente "normale". Ils ont tous du mal à croire qu'on puisse préparer l'ENA et être zen, ce qui me vaut en général comme prescription principale "et surtout, détendez-vous !". Mais pivoine, je SUIS détendue. Enfin, je l'étais, jusqu'à ce que je vienne vous voir.

Après, il y a les coiffeurs, qui en restent muets, estomaqués. Parfois, ils ajoutent un compatissant "oh, ça doit être difficile...". J'aimerais leur dire que non, préparer l'ENA n'est vraiment pas difficile, mais que l'avoir, en revanche, l'est. Je me retiens à chaque fois, pour ne pas les rendre encore plus muets. Quoique j'apprécie en réalité grandement les coiffeurs taciturnes. Mais c'est une autre histoire.

Surtout, il y les soirées avec des non-prepénarques. Parce que parfois, il faut bien sortir de sa réserve naturelle, histoire d'avoir l'impression d'être un ours blanc au zoo. Si vous êtes la seule personne à préparer l'ENA de la soirée, vous pouvez être certain d'être scruté sous toutes les coutures comme une bête sauvage sortie de son milieu. Il s'agit souvent pour les autres de leur première confrontation avec un représentant de votre espèce, et cela les intrigue grandement. Ou pas.

Le plus magistral que j'aie vécu date d'il y a quelques mois. Il y avait un nombre impressionnant de dindes à cette soirée. Des filles à papa devenu riche trop vite pour acquérir en même temps le bon goût qui sied à l'aisance matérielle. Des blondasses décolorées aux rires chevalins, avec des bagues clinquantes et des jupes trop courtes. Qui avaient fait de "hautes études" dans des boîtes à diplôme dont le seul critère d'entrée est la feuille de paie de papa et ses relations.

J'ai voulu être prudente, me sentant en milieu hostile. Quand la première dinde m'a demandé ce que je faisais dans la vie, j'ai sobrement répondu que j'étais à Sciences Po. Elle m'a regardé en écarquillant les yeux, a hurlé un très distingué "OH PUTAIN, mais y a des intellos ici, ça calme" et s'est cassée aussi vite que ses bottes de pouffe à talons aiguille le lui permettaient. Mon intégration n'était pas vraiment bien partie. J'ai évité de rajouter que je préparais l'ENA, je pense qu'on m'aurait envoyé au coin dans la chambre pour me punir de ne pas être fun et de casser l'ambiance.

Le grand classique, c'est aussi la soirée de jeunes cadres dynamiques. Qui aiment tant baver sur la fiscalité française bien trop lourde et les fonctionnaires, si fainéants et incapables que c'en est la honte du pays. Ils déblatèrent pendant une dizaine de minutes. Enchaînent parfois avec les énarques, tous des incapables évidemment. Je bois du petit lait. Car il y en a toujours un, soudain, qui pense à me demander ce que je fais. Et je leur explique donc que je travaille très dur en ce moment pour devenir une paresseuse incapable surpayée. J'adore le moment où ils se décomposent, en se demandant comment rattraper le coup. En général, je les remercie pour leurs critiques constructives qui devraient me permettre d'éviter tous ces écueils si j'ai un jour la chance de devenir fonctionnaire, et je pars me servir un verre, en essayant de me trouver de nouveaux copains. Pas parce que je refuse tout contact avec le groupe précédent, mais parce que eux ont tout à coup du mal à me regarder en face et à continuer leur conversation.

Pour finir ce tour d'horizon, il y a aussi les gens qui trouvent ça très drôle de jouer à Questions pour un champion ou qui te prennent pour le Quid. Une question tordue leur passe par la tête pendant la soirée ? "On va aller demander à Coco, elle prépare l'ENA, elle doit savoir ça". Et là commence la séance de torture, toujours initiée par "Dis moi, toi qui prépares l'ENA, tu peux m'expliquer pourquoi...". J'adore passer des grands O en soirée... D'ailleurs, on devrait faire ça plus souvent, parce que ça met une ambiance... de folie... Est-ce qu'on fait chier les X de la même façon ? "Dis, toi qui est polytechnicien, tu peux me dire quel est exactement la réaction chimique qui fait que les bulles de certains champagnes sont plus fines que d'autres ?"

Tout cela n'empêche heureusement pas mes nombreux amis non-prepénarques qui me connaissent depuis longtemps de continuer à m'apprécier (enfin je crois) et à m'inviter à leurs soirées. Le problème, ce sont toujours les gens que l'on vient de rencontrer. Alors aujourd'hui je vais faire ma Princesse Diana : "mais nous sommes des gens normaux ! N'avons-nous pas droit nous aussi à une vie normale et à l'indifférence ?" ;-)

12 mai 2007

A vot' bon coeur

Je m'adresse ici à mes innombrables lecteurs hautement cultivés. En tout cas, nettement plus que moi. C'est à dire à tous mes lecteurs : je vous en supplie, aidez-moi.

Je suis torturée depuis déjà plusieurs heures par mon moi intérieur, qu'il est très difficile de semer. J'essaie depuis ce matin, en vain, de retrouver une référence, plutôt du genre classique pourtant. Mais rien à faire... Je suis harcelée par mon désir de retrouver ce titre, plaie sur laquelle l'agacement du trou de mémoire remet à chaque instant une pincée de sel. Tantale et Sisyphe réunis, à côté, c'était de la gnognotte.

Alors voilà, ce que je recherche est simple : l'équivalent des Lieux de mémoire, mais pour l'Europe... J'avais lu un article sur la difficulté de fair émerger des lieux de mémoire communs à l'échelle du continent. Et cet article parlait de quelqu'un qui avait essayé et qui y était parvenu. Ou peut-être pas complètement, voire pas du tout. Ou qui en était juste au début de ses essais, plein de foi et d'illusion. Qu'il ait réussi ou non, son nom m'intéresse quand même.

Je suis absolument certaine que parmi vous se cache celui qui saura me délivrer de mes tourments... Merci par avance !

11 mai 2007

"Les paysans de mon fief"

Je me suis fait une nouvelle copine de bus. Mais attention, celle-là était tout sauf une pétasse. Elle s'est assise à côté de moi, et je me suis dit qu'elle avait dû voir la Tour Eiffel en construction. Toute frêle et toute ridée, mais très chic. A peine avait-elle posé ses fesses sur le siège voisin du mien, elle a commencé à s'animer et à parler tellement vite que je me suis demandée si en fait, je n'avais pas Lorant Deutsch réincarné à côté de moi.

"Je suis allée au Bon Marché parce que vous savez, il me fallait un nouveau rouge-à-lèvres, et celui qu'on trouve là-bas il est vraiment très bien, il tient longtemps et ne bave pas. Et je traverse tout-Paris pour aller au Bon Marché, parce que vous comprenez, là-bas, au moins, les vendeuses sont bien élevées. Ce n'est pas que je sois bêcheuse hein, mais j'aime qu'on soit poli. Et au Bon Marché, toutes les vendeuses sont polies. Regardez, elles m'ont même donné une petite carte, pour que j'aie leur numéro, pour appeler la prochaine fois avant de venir, pour être sûre qu'elles auront mon rouge-à-lèvres".

Elle fouille dans son sac à main et en sort en effet une petite carte.

"Elle est jolie hein... Ce que j'aime bien, c'est qu'elle est discrète voyez-vous."

En effet, la carte Chanel est discrète à souhait : un petit logo blanc sur fond noir, on ne fait pas plus sobre. Et la sobriété, même sur papier glacé, est la mère de toutes les classes. Le flot ininterrompu reprit :

"Vraiment, elles sont bien élevées les vendeuses, c'est agréable. Parce que vous savez, Papa me disait toujours (et il avait raison) : 'Ce serait quand même malheureux que les nobles donnent le mauvais exemple'. Vous comprenez, je ne suis pas bêcheuse, mais j'aime qu'on soit poli. Papa avait raison, nous ne devons pas montrer le mauvais exemple, mais c'est bien agréable d'avoir quelqu'un de bien élevé en face de soi, noble ou pas".

Elle s'arrête un instant, pour reprendre son souffle. Et repart aussitôt :

"Vous savez, je viens du Massif Central. Et dans mon fief... Oui, parce que j'ai un fief... Oh, le château est en mauvais état, mais nous avons encore plein de paysans ! Oh, comme ils sont gentils les paysans de mon fief, si vous saviez. Quand je vais les voir, ils me disent tous "bonjour Nanou". Parce que je m'appelle Jeanne. Alors comme quand j'étais petite, ils m'appellent encore Nanou. Qu'ils sont gentils mes paysans... Ils sont tellement gentils que parfois, j'ai peur qu'ils se fassent avoir. Ce n'est pas comme les paysans normands, qui sont avares. Eux ils sont tellement généreux mes paysans... Et donc dans mon fief, nous avons encore plein de paysans... J'ai tellement peur pour eux parfois."

Son regard se pose sur mon Courrier International, ouvert sur un article sur l'utilisation par l'économie israélienne de la main d'oeuvre palestinienne dans des conditions parfois douteuses. L'article est illustré par un dessin représentant sur fond vert un homme en utilisant un autre comme brouette. Elle me le montre du doigt et reprend :

"'C'est joli ça. Ce vert, qu'est-ce que c'est joli ! Vous savez, je suis un peu déformée, parce que j'ai fait une licence de droit, et ensuite, j'ai fait l'Ecole du Louvre. Parce que vous savez, moi, j'aime ce qui est beau. Oui, c'est ça, j'aime le beau... C'est bien agréable, les belles choses...".

Mon arrêt approche. Je la quitte après avoir souri intérieurement tout le long de mon trajet et de son monologue.

09 mai 2007

On me trompe, on me trahit, on me spolie !

Bon, la journée n'a pas été franchement mauvaise, mais que de contrariétés... J'ai tout au long de la journée été trahie par des objets familiers censés ne pas faire ce genre de choses.

Pour commencer, et la loi des coïncidences ne ment pas : mes bas. Il y a déjà quelques mois, je vous parlais des bas de Kozlika. Pour la première fois depuis cette histoire, aujourd'hui, quelqu'un est arrivé sur mon blog en cherchant "bas décadents de Kozlika". Jusque là, pas de coïncidence particulière, ce n'est que Google qui fait son boulot. Là où je commence à m'interroger sur la fortuité de la coïncidence, c'est que j'ai vécu toute la journée le même enfer que Kozlika. Pour la première fois de ma vie, mes bas, fidèles depuis 8 ans (j'en change de temps en temps, hein, mais toujours la même marque, la même taille, le même modèle) m'ont lâchée, abandonnée, se sont faits la malle. Enfin le bas droit, qui a passé sa vie à aller voir sur ma cheville s'il y était ou non, malgré mes tentatives régulières de remontage discret. Si ça, ce n'est pas une trahison suprême...

Continuons avec l'industrie des produits de beauté. Depuis des années, je suis fidèle au "démaquillant originel" d'Evian Affinity. Un bête produit de supermarché, mais ultra doux et frais à la fois, qui sent bon le propre et rien de plus, qui est coriace avec toute trace de maquillage mais pas avec ma peau sensible. Un must quoi. J'ai refait mon stock, et là, surprise, ils y ont ajouté "de l'edelweiss". Je n'ai rien contre cette petite fleur qui me rappelle ma vie viennoise et surtout... surtout... la scène MA-GNI-FIQUE de Sissi Impératrice, quand Franz sauve leur mariage en l'emmenant dans les Alpes et va lui cueillir un edelweiss alors que c'est supra-méga dangereux et qu'il y laisse presque sa vie. Au passage, ça la fout un peu mal dans les notices nécrologiques, pour l'Empereur de l'Autriche-Hongrie, de mourir d'un edelweiss... Tout ça pour dire avec l'extrait d'edelweiss en plus, ben mon démaquillant est moins frais et qu'il sent plus fort qu'avant. Pourtant, je croyais que l'edelweiss était justement un truc qui ne sentait rien et aimait le froid... Je n'ai encore rien compris.

Deuxième trahison de l'industrie des produits de beauté : ma crème pour les mains. Enfin là, c'est à moitié de ma faute. Parce qu'en théorie, je ne jure que par la crème de Body Shop. Mais mon Body Shop a fermé, et j'avais fortement la flemme de traverser Paris pour un pot de crème (car je sais parfois être raisonnable, en particulier lorsque je n'ai plus le temps de rien). Je me suis donc contentée du rayon beauté de Monoprix, qui est déjà l'un des plus fournis des supermarchés de la capitale. Après avoir réussi à ma convaincre que payer 10 € pour une crème Rêve de Miel de Nuxe était vraiment inutile, je me suis rabattue sur les produits ordinaires, fuyant tout ceux que j'avais déjà essayés. Une petite nouveauté me tendait le bouchon et semblait convenir à ma situation désespérée (3 semaines sans crème pour les mains, ça se paie) : bodyrepair de Garnier, une nouveauté "réparatrice intense" à la sève d'érable pour les "mains extra-sèches". A peine arrivée chez moi, je m'en tartine une couche, pour découvrir, atterrée et furieuse, qu'ils n'ont fait que changer le packaging. La crème bodyrepair dans son tube rouge n'est ni plus ni moins que la même que la bodycocoon du tube orange (alors que pour le reste des produits, ce sont deux gammes distinctes... non, je n'apprends pas par coeur les rayons des supermarché), essayée et invalidée il y a déjà plusieurs années. La morale de l'histoire est que, définitivement, on paie toujours ses infidélités.

Pour finir cette journée de trahisons sans fin, ma porte de cuisine m'a sauté dessus. En plein dans le nez. Pour l'instant, c'est gonflé, rouge et douleureux. Je ne pense pas ressembler à L-tz demain. Enfin, je n'espère pas. Parce que j'ai des obligations sociales MOÂ. Mais peut-être que ça va me remettre la cloison nasale bien droite. Pas que je sois une énième complexée du nez, je vous rassure. J'ai bien conscience que mon nez n'est pas du tout conforme aux canons, mais figurez-vous que je l'aime beaucoup. J'ai exactement la même petite bosse que ma cousine, qui a fait une fixette sur ce détail commun de notre anatomie pendant des années, tandis qu'il ne m'a absolument jamais gênée. C'est là qu'on voit que les complexes sont des choses aussi subjectives que l'humour. Pour moi, mon nez est ma marque de fabrique, celle qui me relie aux miens : j'ai le nez de mon père et de mon grand-père. Je n'ai qu'une trouille, c'est qu'il devienne aussi gros que celui de mon grand-père dans quelques années. Une petite bosse de caractère, je veux bien ; une patate, c'est non ! Tout ça pour dire qu'avoir la cloison nasale déviée ne m'a jamais paru évident ni même disgracieux. J'ai découvert que j'avais le nez de traviole en allant voir un ORL pour mes sinusites à répétition. Ce Medicinae Doctor avait passé 10 ans de sa vie sur les bancs d'une fac quelconque pour finir par me dire que mon nez n'était pas droit, et que de toute façon, "les sinus étaient les choses les plus mal conçues par notre Créateur". En somme : ma porte de cuisine m'a trahie en me sautant sournoisement sur le nez, mais peut-être va-t-elle me faire oublier les joies de la sinusite.

Bilan de la journée : il faut que je m'achète des porte-jarretelles pour tenir mes bas censés tenir tout seuls, je sens l'edelweiss, j'ai la peau des mains rugueuses et un nez de boxeur. Que de contrariétés, vraiment...

free music


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Good job !

Ayé, j'ai enfin pris le temps de répondre aux commentaires en attente depuis une semaine... C'est pas top intéressant comme message, mais ça méritait d'être dit !

08 mai 2007

Bête et (pas trop) méchant

Trouvé ici :


Voilà, je ne veux pas faire de la politique comme je l'ai vue faite, et comme j'en ai été dégoûtée. En faisant niark niark niark, en disant que "les autres" en face ne peuvent être que cons, débiles et diaboliques pour ne pas avoir les mêmes idées que celles qu'on défend. En ne laissant pas parler ceux du même parti qui ont une opinion divergente. En jetant dehors manu militari les représentants des courants minoritaires dont on craint qu'ils ne soient là que pour "noyeauter" le mouvement lors des réunions stratégiques. C'est tout ce que j'ai détesté et que j'ai fui en claquant la porte de mon parti (très discrétement, j'ai juste arrêté d'aller aux réunions).

Alors cette petite affiche va à l'encontre de tout ça. Je me suis convaincue qu'il fallait juger Sarkozy sur ses actes à venir et non sur ses propos de campagne, qui ont nécessairement été pensés pour recruter un électorat, et ne sont donc peut-être pas entièrement à l'image de ses convictions profondes. Il y a une rhétorique de l'élection : les discours sont parfois loin des actes.

En théorie, j'attends donc de voir. Juger dans quelques mois, m'indigner quand il sera temps de m'indigner. Pas par principe, mais en réaction à un élément concret. Pas de procès d'intention. Certains diront que le dossier à charge était déjà bien trop lourd, j'ai envie de lui accorder le bénéfice du doute, pour le juger à partir du 17 mai, en vertu du principe de non-rétroactivité. J'ai déjà jugé son action avant son élection, en ne votant pas pour lui. Remettons aujourd'hui les compteurs à zéro en le faisant bénéficier de la présomption d'innocence.

Néanmoins, quand j'ai vu cette affiche, je n'ai pas pu résister... Ma clémence ne vaut qu'à partir du 17...

06 mai 2007

Pas de titre

Pffff... tout ça, ça me donne juste envie de me faire livrer des suhis par un livreur sans-papiers qui est sous-payé, bien qu'il fasse des tas d'heures supplémentaires...

05 mai 2007

La pétasse (le retour)

Après une première pétasse rencontrée il y a une semaine, le destin en a mis une deuxième sur ma route hier soir. Tant d'un coup, je ne suis pas habituée.

Le décor est le même : un bus bondé pour rentrer chez moi. L'action est la même : je me fais écraser le pied. Le dialogue change :

- Aïe ! (ça, c'est moi, j'ai la douleur expressive...)

Elle me regarde, estomaquée à la limite de l'apoplexie tellement ma réaction la surprend, et me sort un magistral (et très sérieux) :

- Oh ben moi, j'ai rien senti...

Comme on apprend de ces erreurs, et que je me suis rendue compte que n'avoir rien répondu à la pétasse 1ère du nom, tant j'étais décontenancée par sa réaction, m'avait aigrie, et que l'aigreur, c'est mauvais pour le bronzage, je me suis dit que cette fois-ci, la pétasse 2ème du nom n'allait pas sans sortir comme ça.

Alors je l'ai regardée très méchamment (vous savez, mon fameux regard hautain chargé de colère froide) en articulant bien distinctement un ferme, mais poli, "ben moi, SI !". Ce qui ne l'a visiblement pas encouragée à s'excuser. Elle est partie s'asseoir la tête haute, style "la bave du crapaud n'atteint pas le pigeon crasseux".

Les bus bondés, une vraie pub pour démentir la réputation des Parisiens...

03 mai 2007

Anxiogène

Non, je ne vais pas vous parler du débat de ce soir, dont j'ai pensé plein de choses, mais pas qu'il était anxiogène.

Je déteste la nouvelle série médicale à la mode de TF1, Dr House. Autant j'ai immédiatement accroché à Grey's Anatomy (mais c'était sur prescription de ma prof d'anglais), autant là, je n'aime pas.

Déjà, et je crois que c'est censé être l'originalité de la série qui fait qu'elle se démarque des autres et qu'on en devient fan tout de suite, je déteste le héros éponyme, antipathique au possible. Je sais que faire d'un antihéros un héros héroïque bien qu'il soit antipathique est LE truc révolutionnaire de la série. Mais moi, je suis indécrottable, il me faut du rêve et des gentils héros, il me faut du Dr Mamour qui sauve le monde et a une morale d'amish.

Et lui, le Dr House - outre le fait qu'il ait un nom ridicule... Dr Lamaison, nan mais on se fout de qui ? - est méchant, misanthrope, prétentieux, méprisant, irrespectueux et indélicat. OK, il est super bon et il sauve des vies. Mais des pourris qui font des choses bien juste parce qu'ils savent bien le faire, c'est monnaie courante. Et c'est considérer les autres comme un moyen et non comme une fin, ce qui est très mal selon Kant ("Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen", Fondements de la métaphysique des mœurs. C'est aussi beau qu'une suite pour violoncelle seul de Bach...)

En outre, cette série est hautement anxiogène pour une hypocondriaque légère comme moi. Son fond de commerce réside dans des pathologies incroyables que personne ne saurait diagnostiquer, mis à part le fameux Dr House qu'on a envie de baffer. Du coup, des gens qui arrivent à l'hôpital avec une légère migraine se retrouvent avec un triple cancer en phase terminale et un pneumothorax (je n'ai aucune idée de ce qu'est un penumothorax, ni même que ce soit réellement une pathologie), qui n'ont d'ailleurs rien à voir avec la migraine.

La série parle des trucs les plus horribles et improbables qui puissent arriver à un corps humain, et il y a des choses que je préfère ne pas savoir. Parce que dans Grey's Anatomy, les pathologies sont horribles, mais leurs propriétaires les ont bien méritées. Alors que là, ça touche n'importe qui : vous arrivez presque en forme à l'hôpital, et en 3 minutes (avant le générique du début), vous êtes dans le pire état possible. Je sais, la vraie vie, c'est comme ça, et pas comme dans Grey's Anatomy. Mais je ne regarde justement pas une série pour voir la vraie vie. Le truc qui revient tous les jours et qui parle de la vraie vie, ça s'appelle un journal télé.

Rajoutez à ça que j'ai cru, dans un élan de vaine naïverie (si si, ça existe comme mot à Cocoland), qu'M6 allait nous passer la deuxième saison de Desperate Housewives alors que ces radins ne font que rediffuser une saison déjà vue et revue et disponible en DVD depuis des années, et vous comprendrez que je sois une déçue des séries... Y en a qui ne croient plus en la politique, et moi, ce sont les séries. Vivement qu'un candidat meilleur que les autres me redonne goût aux séries... (et non, Verliebt in Berlin ne compte pas).

02 mai 2007

Oups !

Cette fois-ci, ce n'est pas de ma faute, mais Pierre Richard semble être de retour : ma boîte à mails "scolaire" a été en panne toute la matinée. Elle vient de revenir à la vie, mais tous mes mails envoyés et reçus depuis le 27 avril ont disparu entre temps. Donc si vous m'avez écrit, recommencez !

01 mai 2007

Groumpf (je ne suis pas féministe mais...)

Bon, ça y est, c'est reparti pour un tour d'indignation, en live cette fois-ci. Entendu il y a 2 minutes, dans un reportage du Journal de France 2 sur les indécis : "moi, c'est certain, je vais voter sur le base du débat de demain soir !" dit le mari. "Et vous Madame, sur quelle base allez-vous voter ?" demande le journaliste. Et cette cruche répond, la bouche en coeur, "sur la base de mon mari", en éclatant de rire, pour bien montrer que bon, hein, c'est une blague.

C'est exactement pour cette raison que le droit de vote a été refusé pendant des décennies aux femmes. C'est exactement pour cette raison que même la gauche française a exclu d'accorder le droit de vote aux femmes tout au long du XXème siècle : une femme qui n'aurait pas reçu l'éducation nécessaire à l'exercice de son libre-arbitre voterait comme son mari ou comme son curé. Ce qui n'est pas en soi idiot comme raisonnement, mais aurait dû conduire à l'émancipation intellectuelle des femmes plutôt qu'à leur exclusion de la sphère civique. "Puisque seule une citoyenne éduquée peut accomplir son devoir raisonnablement, formons les citoyennes" aurait été une meilleure réponse...

La France a été parmi les derniers pays à accepter que ses citoyennes puissent exercer tous leurs droits. Et 60 ans plus tard, il se trouve encore quelque part en France des cruchottes pour affirmer en regardant bien droit la caméra qu'elles mettront dans l'urne le même bulletin que leur mari, quel qu'il soit. Je suis atterrée...

Ceci n'est pas un blog culinaire (Coco aux fourneaux)

Après la délicieuse soirée d'hier soir entre amis, je me vois dans l'obligation de partager quelques recettes. Et pourquoi pas ici, plutôt que par mail ? J'aurais ADORE faire des photos, mais tout a été englouti avant même que je pense à sortir mon appareil (et puis comme je bavassais au salon, j'ai fait brûler les tartelettes, aussi... mais juste le bord, hein !).

Pour commencer, tarte aux tomates, mozzarella et aubergines : faire cuire à feu moyen TRES longtemps (d'une demie-heure à une heure, en remuant régulièrement) 2 aubergines coupées en cubes, 1 mozzarella 1/2 coupée en cubes (mais garder la deuxième moitié, dans le centre de la mozzarella pour faire de belles tranches ensuite) et deux boîtes de tomates concassées, avec 1 bonne cuiller à soupe de pesto et 1 cuiller à café de sucre + sel et poivre. Quand tout est complètement caramélisé, garnir une pâte feuilletée piquée dans le fond, répartir les tranches de mozzarelle restantes sur le dessus et enfourner à 220° jusqu'à ce que tout soit bien gratiné mais pas brûlé. Donc abstenez-vous d'aller parler avec vos invités dans les 3 dernières minutes.

Ensuite, tagine d'agneau aux abricots sans plat à tagine. On peut croire que c'est très long à faire, mais en fait pas du tout. Ca prend juste deux jours, mais pas non-stop... La veille, faire revenir dans une bonne rasade d'huile d'olive 2 oignons émincés. Enlever les oignons et faire revenir 1 à 2 souris d'agneau par personne à feu vif sur tous les côtés pendant 5 minutes. Rajouter les oignons, 2 gousses d'ail entières, de la cannelle, du mélange 5 épices, et 1 cuiller à café de miel par souris. Mouiller à hauteur et faire mijoter à feu très doux et à couvert aussi longtemps que possible. Réserver la viande dans un plat, faire réduire la sauce à feu très vif pendnat 1/4 d'heure environ, puis mettre la sauce dans un récipient. Attendre que tout ait bien refroidi, et zou, tout ça au frigo pour la nuit. Quelques heures avant le dîner, dégraisser la sauce en enlevant la couche dure (très) épaisse sur le dessus. Remettre le reste de la sauce à feu doux, rajouter la viande, et remettre à mijoter à feu très doux et couvert jusqu'au dîner, en arrosant de temps en temps la viande du dessus du jus. 10 minutes avant de servir, rajouter quelques abricots secs et au moment de servir, une bonne dose de coriandre ciselée, pour ceux qui aiment.

Avec ça, je préconise la consommation de courgettes à la Marraine (oui, parce qu'en fait, c'est la recette de ma marraine. Il existe aussi un riz à la Marraine, et le premier qui dit que c'est con comme titre de recette, ben c'est çui qui dit qui est...) : Faire revenir dans de l'huile d'olive 1 courgette par personne, épluchée et coupée en rondelles assez épaisses pendant quelques minutes à feu très vif (pour qu'elles ne ramollissent pas). A la fin de la cuisson, saler, poivrer, ajouter de la menthe ciselée, une bonne poignée de raisins secs, des pignons de pin préalablement dorés à la poêle et un bon trait de jus de citron pour déglacer la poêle.

Pour terminer, des petites panna cotta toutes roses (à la rose et aux framboises, donc). Beurrer des petits ramequins et y disposer 1 bonne poignée de framboises. Faire ramollir 1 feuille de gélatine par personne dans de l'eau froide. Porter à ébullition 10cl de crème liquide légère par personne avec 10g de sucre par personne. Dès que ça bouillone légèrement, enlever du feu, rajouter 1 cuiller à soupe d'eau de rose par personne et quelque gouttes de colorant alimentaire rouge. En fouettant, ajouter une à une les feuilles de gélatine. Verser dans les ramequins. Mettre au frais pendant une nuit. Servir bien frais, démoulé, avec un coulis de framboise. Si vous vous demande "comment qu'on démoule ?", je dirais : au feeling. Bon, d'accord, j'explique : vous passez la lame d'un couteau sur les bords délicatement, puis vous essayez de démouler. Si ça ne marche pas, vous dégainez votre arme magique léguée par votre grand-mère, la "spatule à démoulage super efficace mais dont je ne connais pas le nom". Un truc souple et long qui va chercher la panna cotta dans le fond du ramequin sans la mettre en charpie. Sinon, j'a lu sur quelques blogs qu'on pouvait tremper le fond du ramequin dans de l'eau chaude, mais je n'ai pas essayé... Quoi qu'il en soit, démouler avant le repas, car ça peut être un peu long...

Avec tout ça, vous avez un menu spécial anti-toxoplasmose pour femme enceinte (en prenant des framboises congelées, puisque les cacas de chat contaminés ne résistent pas à la congélation...). C'est pas merveilleux ça ? Et visiblement, même les hommes non-enceints apprécient également.