30 mars 2007

In ze teeth

Parfois, on n'attend rien de personne et on reçoit un peu trop d'un coup. Quand je suis dans le bus, je suis du genre revêche. Je sais, c'est mal, mais la mémé qui m'adresse la parole pour partager avec moi son opinion sur le temps qu'il fait m'insupporte. Si je choisis de prendre le bus plutôt que le métro, c'est principalement pour le luxe relatif que celui-ci offre : presque une bulle de calme et d'apaisement, dans laquelle j'ai le temps de rêvasser en regardant par les fenêtres. C'est comme ça : moi, dans le bus, je me détends. Et les pipelettes solitaires qui cherchent à m'inclure dans leurs divagations de comptoir me détournent de ce noble objectif.

D'ailleurs, je parle de mémé, parce qu'il est statistiquement prouvé par mes propres observations que la population bussesque est majoritairement méméresque. Mais les hommes aussi causent. Il y a ceux qui vous informent de l'arrêt auquel ils descendront, comme ça, pour vous tenir au courant. Il y a ceux qui vous disent d'où ils viennent, où ils vont et pourquoi. Et puis il y a ceux qui s'adressent à vous. Enfin à moi.

"C'est frappant comme vous ressemblez à ma fille" me sort-il, me sortant moi de ma rêverie. Cela explique peut-être pourquoi ce sexagénaire me reluque depuis 10 minutes. Je lève la tête et un sourcil, et lance un poli "ah bon" qui signifiait nettement "qu'est-ce que ça peut me faire ?".

Je ne suis pas asociale, mais :
- si son but était de me révéler l'existence d'une jumelle inconnue, abandonnée comme moi par notre mère et adoptée par une autre famille, je préférais ne pas être au courant
- si son but était de me draguer, je trouvais que le fait de souligner qu'il pourrait être mon père était très peu finaude
- s'il souhaitant enchaîner sur "elle est morte l'été dernier et me manque beaucoup", je préférais fuir avant le déluge.
Je sais, tout ça ne respire pas l'amour du prochain. Mais la suite m'a donné raison : tous les prochains ne méritent pas d'être aimés.

Il continue, pas découragé : "Ce qui est incroyable, c'est que vous avez exactement le même regard qu'elle. Parfois très doux, et parfois très froid, très hautain..." BING BANG BOUM, dans tes dents Jean. "Ce n'est pas une critique", qu'il ajoute, pour se dédouaner. "Mais c'est vrai... très froid, très hautain" rajoute-t-il une couche.

J'arrivai à mon arrêt, j'ai réuni ma dignité et j'ai quitté ma place en lui disant au revoir, de mon plus beau regard hautain. Mais depuis, je m'interroge : et s'il avait raison ? Et si je donnais vraiment cette impression aux gens ?

A vrai dire, c'est fort possible. Je vois exactement de quel regard il veut parler : celui de ma mère, qui n'est pas du tout hautaine. C'est juste qu'elle regarde parfois comme ça, "avec l'air sévère" dixit l'un de mes amis. Et moi aussi je regarde comme ça, quand un inconnu me regarde. Généralement, ça le dissuade de continuer, et c'est exactement le but recherché.

Certaines filles ne peuvent pas vivre sans le regard des autres, de préférence masculins. Moi, quand on me regarde, je me dis que c'est parce que "quelque chose" cloche, que j'ai du rouge à lèvre sur le nez, du persil dans les oreilles ou du caca de pigeon dans les cheveux. Forcément, je préfère quand on ne me regarde pas, et mon regard qui tue est là pour dissuader.

Mais visiblement, ils deviennent un peu trop automatiques mes yeux revolver... de façon complètement inconsciente. Je mentirais si je disais que j'ai oublié cette remarque aussitôt entendue. J'y repense, en me demandant s'il a raison ou s'il vaut mieux que je fasse comme si je n'avais rien entendu. Alors est-ce que je donne trop d'importance à un ringard de bus, ou bien est-ce là le début d'une réflexion salvatrice pour mon capital sympathie ?

[Edit] : je n'y pensais même plus, mais j'ai trouvé une solution. Mardi soir, je me suis achetée les lunettes de soleil de la saison. Avec ça, impossible de voir mes yeux. Et le premier qui dit que ça fait encore plus crâneuse que le regard hautain, je vais lui montrer ce que ça donne une fille qui se la pète, en le tuant de mes yeux revolver...

28 mars 2007

On attrape pas les mouches avec du vinaigre

A en écouter mes amis, les garçons ne s'attrapent pas avec de l'esprit, de l'humour ou un décolleté, mais avec du vinaigre. Si je fais la somme des différents conseils qui me sont prodigués par les reines de la drague ou leurs cibles masculines, une nana irrésistible se doit :

1. d'être un peu chieuse. Une béni-oui-oui, ça n'a rien d'attirant. La nana gentille, pas hystérique, pas capricieuse n'est qu'une vague limande sans intérêt. Il paraît que le caprice, c'est "avoir du caractère". La fille pas chieuse est facilement soupçonnée de ne pas avoir de personnalité. Et si elle était juste polie ?

2. d'être un peu conne. Une nana qui sait tout sur tout, ça énerve. Faut pas être niaise non plus, mais juste montrer quand même que sans lui, on ne vaut pas grand-chose.

3. d'être un peu fragile. "Moi femme faible avoir besoin de grande épaule homme fort pour avancer dans la vie". Toujours assurer nuirait gravement à la confiance en lui de l'Homme.

Or moi, grande spécialiste, je conteste cette vision des choses. Parce qu'il faut bien se mettre en tête que :

1 bis. Seules les vraies irrésistibles peuvent se permettre d'être chieuses. Chez les autres, ça ne fait qu'un défaut de plus. A l'extrême rigueur, ça donne encore un petit charme pour l'être enamouré, mais pour les Autres (qui continuent d'exister malgré la récente mise en couple, je le rappelle), c'est juste insupportable. Si vous continuez à penser qu'être chieuse était une qualité, c'est que vous n'avez jamais personnellement expérimenté l'enfer que représente une petite copine chieuse au bras de l'un de vos amis.

2 bis. Le célibat contraint à devenir forte et intelligente. D'ailleurs, légère niaiserie et faille, même combat : le but est de montrer à l'Homme qu'il est indispensable. Or quand on a justement dû s'en dispenser par la force des choses, il a bien fallu apprendre à un moment ou un autre à faire toute seule. Hier soir, j'ai gagné le surnom de Mac Gyver en réussissant à ouvrir au tournevis une boîte de cirage sur laquelle s'acharnaient deux copains sans succès depuis 2 jours. Mac Gyver, c'est sympa mais pas super glamour, j'en conviens. Alors je comprends que ça ne soit pas un bon départ dans la vie, de savoir ouvrir les boîtes de cirage. Mais n'empêche que c'est bien pratique d'avoir un ouvreur automatique chez soi, non ? Bon, d'accord, je m'enfonce. Il faut quand même dire que le célibattantisme n'est que très rarement une posture revendicative, mais une nécessité contingente liée à l'instinct de survie en milieu hostile. Vouloir / devoir s'en sortir toute seule n'implique pas nécessairement une volonté d'extermination des mâles, devenus inutiles. Je vous assure que quand j'ai arrosé mon ordinateur de café, j'aurais adoré pouvoir appeler un esprit masculin cartésien et rassurant.

3 bis. Tout ca veut quand même dire que ce qui prime n'est pas ce qui fait qu'il est agréable, ou non, de vivre au quotidien avec quelqu'un pendant 50 ans, mais l'image de soi qu'on renvoie à l'autre. "Je ne t'aime pas pour toi, grosse chieuse niaise et faible que je ne supporte plus, je t'aime parce que tu me fais me sentir fort, beau et intelligent". M'étonne pas qu'un mariage sur trois finisse en divorce.

Tout ça pourrait sentir un peu le rance, mais en fait non. Promis juré je ne suis pas aigrie. Ca me fait plutôt sourire en réalité. J'adore observer les couples en train de se former, l'étincelle qui est plus ou moins là... Je trouve ça fascinant d'obeserver des gens qui font attention au moindre de leur geste, et qui en disent à travers cela encore plus que s'ils se comportaient normalement. Et puis finalement, toujours la même question : qu'est-ce qui fait que là, ça marche ou pas ?

Finalement, certainement pas le fait d'être une chieuse ou non. Souvent, pendant les rendez-vous, les nanas se tripotent les cheveux. Ca veut dire à la fois "Est-ce que je suis belle ?" et "Mon Dieu, que je suis stressée, j'ai besoin d'un doudou". Demandez à un mec ce qu'il en pense : si la nana lui plaît, il trouvera ça adorable ; si elle ne lui plaît pas, il trouvera ça énervant. Alors à quoi ça tient ? A de la chimie ? A la chance ? Aux phéromones ? A notre cerveau primitif ? Aux hormones ? A un jugement rationnel analysant coûts et bénéfices ? A l'horloge biologique ? Au hasard ?

26 mars 2007

Finalement, le sport, ce n'est pas si mal que ça

Il y a quelques semaines, j'affichais au grand jour le conflit irréconciliable entre le sport et moi. Finalement, j'ai presque changé d'idée.

La semaine dernière, j'ai été voir au Ministère des Sports et de la Jeunesse un cousin maternel énarque, chargé par la famille de m'aider à y voir clair dans mon avenir, façon "Madame Irma cause au coin du feu". C'était très instructif. Non seulement pour les conseils qu'il m'a donnés, mais aussi pour l'intérêt de l'observation anthropologique que j'ai pu réaliser dans le hall d'entrée du Ministère. Une réalité saute immédiatement aux yeux : le Ministère a l'air de recruter plus d'anciens sportifs que d'énarques. Si vous vous demandez comme je sais ça, dites vous bien que les premiers font tout simplement deux fois la largeur d'épaules des seconds. La différence est assez nette.

Mais passons, ce n'est qu'un détail (qui prouve néanmoins que, d'une part, le sport sert à quelque chose, et que, d'autre part, l'épreuve de sport du concours de l'ENA est une vaste fumisterie qui ne sert à rien d'autre qu'à emmerder les élèves, à défaut de permettre de recruter des vrais sportifs). L'intérêt, c'est que, inspirée par cette rencontre, par l'ambiance du Ministère (Eurosport en boucle dans le hall d'entrée) et par les sirènes du marketing, je me suis engouffrée dans le Décathlon judicieusement situé juste à côté du Ministère sus-cité.

J'en suis ressortie avec ce que je visais depuis si longtemps, un article que je n'avais pas acheté depuis le collège, un modèle à la fois confortable et presque élégant (le côté rose et argenté voyez vous).

Tous les jours, je croise des gens qui pensent avoir l'air plus malin, plus chic ou plus riche en se baladant avec des sacs en papier de grandes marques, mais tellement éculés que leur propriétaire est plus pathétique qu'autre chose. Je pense qu'en sortant de chez Décathlon avec mon sac, j'étais à peu près aussi fière (pour pas grand-chose) que ces snobs du sac en papier de luxe mais miteux.

Le lendemain matin, après une verticalisation tôtive et avec un beau temps en perspective, je me dis que ma nouvelle acquisition est définitivement digne d'être inaugurée. Sans collier ni jogging rose, je suis partie en mode "marche rapide". Oui, je voulais arriver vivante à ma destination finale, là où je voulais vraiment courir un peu. Or, étant donné que je n'ai pas tenté de courir depuis 5 ans, j'y suis allée mollo. Et si j'avais attaqué direct sur le jogging, je n'aurais jamais réussi à atteindre le parc où je voulais commencer à narguer Christine Aron. [En fait, ce n'est pas du tout ça. Je suis une sportive ultra-chevronnée qui avance masquée, et je voulais juste éviter de me claquer un muscle en me lançant sans échauffement.]

Une fois arrivée sur place, je commence à trotter doucement. Je sens arriver dans mon dos un groupe de rapides, qui me prennent en tenaille pour me dépasser en moins de deux. Je trouve la manoeuvre peu élégante : on n'est pas obligé de me mettre ma médiocrité sous le nez de cette façon...

Oui, mais... à peine dépassée, je remarque que, si la manoeuvre n'est pas élégante, le groupe de rapides en petits shorts ne manquent quant à lui pas de charme. Je lève la tête (je regardais mes pieds, bien sûr) pour découvrir que ce sont mes voisins les sapeurs pompiers. Je leur trouve soudain toutes les excuses du monde pour avoir osé me dépasser. A peine commençaient-ils à s'éloigner qu'un deuxième groupe de pompiers me dépasse, en cyclistes moulants cette fois-ci (moins plaisants). Un troisième (en shorts). A ma gauche, un autre petit groupe prend le chemin de traverse. Je peux faire un arrêt cardiaque en toute tranquillité, je suis bien entourée.

Finalement, j'ai appris que :
- 9 heures était l'heure du jogging pour les pompiers
- mes baskets sont tout à fait ce qu'il me fallait
- aller se bouger les fesses par un grand soleil n'est pas si désagréable que ça
- il faut vraiment que je recommence si je veux un jour réussir à appeler ça "jogging" sans rougir devant l'exagération éhontée de mes performances

Mais là, ben... il fait trop froid. Mais bien sûr. Et quand il fait froid, ça brûle les bronches et tout et tout. Et même pour toute une caserne, ça ne vaut pas le coup !

PS / ne vous méprenez pas, loin de moi l'idée du fantasme de l'uniforme... Ce que j'apprécie chez les pompiers n'est pas du tout leur statut mais leur stature. Nuance !

25 mars 2007

Scotchée


Je deviens la prudence par excellence en ce moment. Tant et si bien que j'ai décidé de doter mon nouvel ordinateur d'une petite protection, au cas où. En même temps, il ne risque plus grand chose, puisque maintenant, j'hésite presque à l'utiliser tellement j'ai peur de l'abîmer... Mais bon, la sérénité n'a pas de prix.

J'ai donc décidé de devenir cliente de iSkin, THE fabriquant de serviettes hygiéniques en silicone pour ordinateurs (on se comprend). Pour ceux qui ne comprendraient pas, regardez la jolie image à gauche, vous verrez ce dont je parle.

Le truc, c'est que ça coûte beaucoup moins cher aux Etats-Unis et au Canada ces petites bêtes-là. Ca alors, ça combe bien, mes parents y sont pile poil en ce moment. Je vais sur le site d'iSkin, je regarde les revendeurs, j'appelle celui qui est au pied de la tour où travaille ma soeur (la vie est bien faite).

Je vous rappelle, au cas où le changement d'heure vous aurait été fatal, que nous sommes dimanche soir. Bon, donc dimanche soir moins 6 heures (soit 15h et des poussières là-bas), j'ai quelqu'un au téléphone en 4 secondes. J'avoue que j'ai presque été surprise, étant donné mon expérience avec TNT qui a dû m'occuper une bonne centaine de minutes la semaine dernière. Mais là, non, rien à voir. Dimanche après-midi, il y a un conseiller clientièle (pas neuneu) pour vous répondre dans la seconde qui suit votre appel. Je suis déjà conquise.

Je souhaitais simplement savoir si le magasin en question faisait bien le produit que je cherchais et si, éventuellement (mais je ne voudrais pas trop en demander surtout, pour ne pas déranger) il était en stock. Même pas eu à demander, mon conseiller clientèle avait vérifié pour moi avant même que je pose la question.

Et avant même que cette autre idée saugrenue me vienne à l'esprit, il me proposait de me le mettre de côté. "Ben oui mais euh... je ne sais pas si ma soeur pourra passer demain...". Mais pas de problème voyons, il le garde une semaine de côté pour moi. Même plus si je veux. Je commençai à douter sérieusement : ne serais-je pas piégée dans un "Surprise sur prise par téléphone" ???

Point du tout. En 5 minutes, c'était plié. J'ai un code de réservation, je viens quand je veux et quand je peux. Le monsieur a été aimable, clair, et efficace. Ben ça alors... ça fait un sacré bout de temps que je n'avais pas vu ça.

Je ne suis jamais la dernière pour dire qu'il y a des trucs qui ne vont pas dans la société canadienne (et nord-américaine en général). Mais il faut bien reconnaître que, quand le capitalisme permet aux gens d'avoir un meilleur service et d'avoir à faire à des gens agréables et compétents, c'est quand même sacrément plaisant et je suis archi-pour. Si vous ne voyez pas le lien entre le capitalisme et la sympathie des employés, repensez à vos dernière virée shopping durant vos vacances en Slovaquie ou en Pologne.

D'ailleurs, pas besoin d'aller un Ukraine pour ça. La France est déjà pas mal. Le jour où une hotline non-surtaxée fonctionnera un dimanche et permettra d'être mis ultra-rapidement en relation avec une personne compétente et aimable, qu'on me fasse signe. Ahhhh, le bon vieux capitalisme à la française... Qu'est-ce qui se marreront mes petits enfants quand je leur raconterai comment c'était, la France, dans ma jeunesse !

Ne vous méprenez pas, ce n'est pas pour autant que je vais voter Bayrou, hein. Nan mais vous pensez un peu aux chatons ou quoi là ???

Apple, bon pour tout

22 mars 2007

Les goûts changent (mais pas toujours)

Il y a onze ans, jour pour jour et sans doute heure pour heure (grosso modo), j'embrassais mon premier garçon. Enfin le premier vrai qui comptait. J'avais 12 ans, et comme à cet âge-là, tout est passionné, il comptait depuis notre rencontre, soit 4 jours plus tôt.

C'était à la boum de fin de classe de mer à Cancale. Il s'appelait Matthieu, il m'avait invitée à danser un slow sur Gangsta's Paradise de Coolio (et oui, 1996 en force) et pendant notre danse, j'avais pu sentir dans son cou la douce effluve du Brut de Fabergé dont il s'était aspergé.

Notre merveilleuse histoire d'amour-pour-toujours a duré une petite semaine. J'ai ensuite passé des nuits à pleurer en écoutant Coolio et en me rappelant de son parfum. Aujourd'hui, ni cette mauvaise reprise de Stevie Wonder ni Fabergé ne m'émeuvent plus, et auraient même plutôt tendance à me faire fuir.

Heureusement, tous mes goûts ne changent pas. Je sors tout juste d'une soirée ciné avec Anne. Bravant les critiques médiocres et mes craintes d'être déçue, j'ai été voir avec elle Ensemble c'est tout, tiré du roman éponyme d'Anna Gavalda dont j'ai déjà parlé rapidement ici et aussi .

Pour la première fois de ma vie, je trouve que le film est presque aussi bien qu le livre. Il manque bien un tout petit truc, le sens du détail encore plus raffiné, mais qui est tout simplement impossible à rendre au cinéma. Etant donné les contraintes et mes attentes, je dirais que Claude Berri est parvenu à atteindre un optimum tout à fait parétien. En bref : je recommande.

Les acteurs sont bons, les morceaux choisis sont judicieux, les images sont belles. On peut dire ce qu'on veut, qu'Anne Gavalda, "ce n'est pas de la grande littérature" (avec petit air de dédain de celui qui sait de quoi il parle), je trouve qu'avoir le pouvoir de rendre les gens un peu plus légers et un peu plus heureux réclame un sacré talent. Chacun de ses livres est une petite pépite. Et je n'ai absolument aucune honte à faire cohabiter les romans d'Anna Gavalda avec les poèmes de Neruda ou les réflexions tordues de Kerikegaard.

Que les gens qui n'aiment que la grande littérature continuent à s'emmerder sans moi en se forçant à lire des pavés insipides mais reconnus. Et qu'ils s'attaquent plutôt à Marc Lévy...

Glouglouglou

Voilà, ça ne se voit pas, mais ce billet est révolutionnaire, presque autant que l'Oulipo en son temps. Ce qui change ? Je l'écris depuis mon NOUVEL ordinateur, le MacBook qui a un nom de hamburger, mais c'est pas grave.

Alors voilà, vous pensez que je suis du genre à ne pas pouvoir résister aux sirènes de la technologie et de la consommation et que j'ai bazardé l'ancien G4 rien que pour le plaisir de la nouveauté. Et bien vous me connaissez alors bien mal.

Parce que figurez-vous que quand mes parents m'ont offert un lecteur de mp3 il y a de cela 6 ans, j'ai dû aller demander à ma soeur, qui est - elle - une vraie spécialiste de la tendance et de la modernité, ce que c'était et à quoi ça servait, avant de pouvoir me réjouir de mon cadeau. Dans le genre aficionada de la technologie, on fait mieux...

Non, j'aurais vraiment bien gardé mon iBook encore quelques années. Surtout qu'il allait bien. Enfin, jusqu'à ce que je partage avec lui mon baquet de café au lait, que j'avais exceptionnellement décidé il y a deux semaines de prendre dominicalement au lit, en lisant Le Monde sur internet.

A l'aune de cette expérience, il s'avère que :

  • le café est un liquide soumis aux lois de la gravité, qui tombe particulièrement vite quand un ordinateur est en dessous)
  • les ordinateurs n'aiment pas tant que ça le café (surtout 1/2 litre, sucré et au lait)
  • le futur inventeur de la combinaison intégrale étanche pour ordinateur fera fortune
  • les informaticiens n'ont décidément aucune âme ("ah bah là, il est mort de chez mort hein ! On peut rien faire..." balancé 3 secondes après avoir ouvert la bête, c'est rude à entendre)
  • le MacBook est vraiment très chouette mais plus grand que le G4, ce qui est fort dommage : il ne rentre pas dans mon sac à main. Mais après tout, on a vu pire pendant la guerre.
  • les livreurs de chez TNT sont les êtres humains les moins aptes à remplir leur mission de tous les gens qui travaillent sur Terre
  • ne pas avoir d'ordinateur pendant 2 semaines m'a confirmé qu'on était vraiment coupé du monde sans ces petites bêtes. C'est officiel, je suis dépendante.

Donc si jamais vous avez envie d'un nouvel ordinateur mais que vous ne savez pas comment le dire, je viendrai prendre un petit verre chez vous, et je vous garantis un engin neuf dans la semaine qui suit. Efficacité à toute épreuve, frais y afférents à la charge du client.

10 mars 2007

Soutenez la paix dans le monde !

Bon, en fait, comme chacun le sait, dès que les Allemands et les Français commencent à se chamailler, ça dégénère grave. Là, avec EADS, la Constitution européenne et tout le reste, on ne nage pas dans le bonheur. Il est donc de votre devoir de citoyen d'aider le monde à échapper à une 3ème Guerre mondiale.

Pour cela, rien de plus simple. Voici un petit questionnaire sur la perception du cinéma allemand en France. Il y a des jeunes gens qui tentent de promouvoir les films teutons dans les salles parisiennes, et que vos réponses aideraient grandement à refaire de la France et de l'Allemagne les meilleures amies du monde (comment ça il n'y a aucune rapport entre la politique étrangère et le cinéma ??).

Ce questionnaire ne s'adresse bien évidemment ni aux germanophones germains (les "native speakers" quoi ; les "apprenants" peuvent, eux, en revanche) ni aux heureux expatriés en Allemagne. En revanche, si vous êtes provinciaux, vous êtes visiblement les bienvenus ;-)

Komankonfè ? Alors, vous copiez-collez ce questionnaire dans un fichier Word, vous répondez aux questions sans mentir, même si vous avez honte, vous enregistrez votre document et vous l'envoyez en PJ à l'adresse cineallemandenfrance@yahoo.fr.

Perception du cinéma allemand en France

1. Selon vous, existe-t-il aujourd’hui un « cinéma allemand » ?
Oui
Non

2. Le cinéma allemand pour vous, c’est plutôt :
Fritz Lang
Fassbinder
Wenders
Fatih Akin
Tom Tykwer

3. Avez-vous été voir un film allemand cette année ?
Oui
Non

4. Comment aviez-vous connu ce film ?
Presse écrite
TV/radio
Bouche à oreille
autres

5. L’atmosphère d’un film allemand est en général :
pesante
captivante
joyeuse
ennuyeuse
comique
psychologique
autres

6. Hésitez-vous à aller voir un film parce qu’il est allemand ?
Oui
Non

7. La VO en allemand est-elle un obstacle ?
Oui
Non

8. Quels mots associez-vous à l’Allemagne ?
Industrie
Discipline
Dynamisme
Bière et saucisse
Austérité
Nazisme
Culture
Autres

9. J’habite :
Paris
la Province

10. J’ai appris l’allemand/ je parle allemand :
oui
non

Merci de votre contribution à la paix dans le monde !

09 mars 2007

Conseils de style

Mon père a quelque fois des inspirations étranges en matière de style. La preuve avec ce petit dialogue téléphonique frais d'une dizaine de minutes :

"- Alors, tu fais quoi ce week-end ?
- S'il fait aussi beau que la météo le dit, je pense que je vais aller me promener au Champ de Mars demain matin...
- Ah oui, c'est une bonne idée ! Tu mets ton jogging rose, des colliers et hop..."

Je m'imagine déjà, gambadant telle Candy, au milieu du Champ de Mars demain matin. Surtout, quand on va faire un jogging, ne pas oublier SES colliers, voilà ce qu'il faut retenir du stylisme paternel. Parfois, il dit VRAIMENT n'importe quoi. Et je crois qu'il ne rigolait même pas. Ou alors très involontairement.

Afin de dissiper tout doute : je n'ai pas de jogging rose. Enfin si mais non. C'est-à-dire que j'ai un bas de jogging urbain vieux rose très joli qui me sert de bas de pyjama, parce que les vrais pyjamas sont tous moches. Et j'ai aussi un vrai jogging anciennement gris chiné qui a malheureusement rencontré une chemise rouge dans le lave-linge, et est devenu rose tyrien. Et que je cantonne du coup également au rôle de bas de pyjama.

En revanche, j'ai une très belle tenue de sport, qui est noire et rose, mais pas du tout du genre Barbie, plutôt très chic vous voyez. Le genre de tenue de sport que vous pouvez mettre pour aller chercher votre pain (et je vous assure que pour que MOI, je vous dise que vous pouvez la mettre pour autre chose que pour faire du sport, c'est que c'est vrai).

En réalité, la seule chose qui me manque, ce sont des baskets. Mais lundi soir, je vais chez Décathlon l'ami de mes moments sportifs, histoire de faire fonctionner l'économie française et les mains des petits mineurs philippins exploités. Et qui sait, peut-être ont-ils aussi des colliers de sport, pour faire plaisir à mon papa ?

Nouvelles du front

Cet après-midi, au détour d'un cours mortellement ennuyeux par son simplisme, je retrouve avec plaisir et papotages une amie disparue dans les limbes de la préparation des oraux ces six derniers mois.

Le retour pour elle est difficile. Un tour d'horizon. Elle scrute, elle reprend contact du regard avec ceux qu'elle avait quittés en octobre. Et conclut, résignée :

"Pffff... j'ai vraiment l'impression d'être revenue à Mocheland !"

08 mars 2007

Deux de perdues, un de retrouvé !

J'aime vraiment bien le "nouveau" format des soirées de France 3, avec une tranche d'actualité intelligente, le plus souvent dépouillée des faits divers fanfaronnant et des résultats sportifs en première page, coincée entre deux tranches de Taddéi qui me fait bosser la culture G. Malgré cela, ça faisait un bout de temps que je n'avais pas regardé le Soir 3. Tellement longtemps que je n'ai même pas assisté au départ de Marie Drucker, dont j'ai déjà regretté et critiqué la disparition temporaire.

Mais le journal de ce soir me réserve une agréable surprise. A sa place : Louis Laforge, le dernier gendre idéal du Service public audiovisuel. Et mon goût pour les gendres idéaux ne se dément pas : je l'aime décidément beaucoup. Je le classe dans le même panier de la sexytude que le présentateur de Capital, période post-Chain (je précise), dont j'ai oublié le nom, parce que quand il passe à la télé, ce n'est pas son nom que je regarde...

Louis, il a tout : les yeux bleus, la petite vague rebelle-mais-pas-trop, le costard chic mais pas tape-à-l'oeil, la cravate de bon goût et assortie à la chemise. L'intérêt, c'est le tout, évidemment. Parce que Cauet aussi est blond aux yeux bleus (enfin, blond, faut encore deviner), et il ne me fait absolument pas le même effet. Dingue non ?

Le seul défaut de Louis, c'est qu'il commence à avoir la coupe PPDA, avant le brushing couvrant le dessus avec le dessus. Rien de tragique hein, mais petit à petit, l'oiseau fait son nid (ailleurs, sur une tête où il y a encore des cheveux).

Tiens, il faudrait que je regarde un peu qui remplace Schönberg... Peut-être une autre bonne surprise ?!

07 mars 2007

Comment préparer un oral

Aujourd'hui, quelques conseils de méthodologie, principalement destinés aux candidates, qui ont, statistiquement parlant, beaucoup moins de chances que ces messieurs d'être admises à un concours tel que celui de l'ENA. Je dis bien statistiquement : d'1/3 d'amissibles, on passe à un 1/4 d'admises. Je ne m'étendrai pas sur les raisons de cette hécatombe antiproportionnelle, d'autres (Duru-Bellat et Mosconi en particulier) l'expliquent mieux que moi.

Là, je vais faire semblant que je suis une pro de l'oral, alors qu'en réalité, je n'en sais rien encore. Je n'en ai pas passé énormément, ils étaient tous sans grande importance, mais ils se sont toujours tous bien déroulés. Forte de cette expérience, je vais vous raconter comment je fais.

Premier constat : pour un oral, si vous avez raisonnablement travaillé, vous avez les mêmes connaissances que tous les autres candidats, ni plus, ni moins. Il va donc falloir se différencier autrement. En particulier en évitant d'être stressé. Aussi, vous veillerez la veille du grand jour à ne pas réviser. Ca ne sert à rien, et il vaut mieux passer la journée :

- à s'épiler. Ca défoule et ça fait toujours mieux de ne pas arriver en yeti. Le jury évite ainsi de croire que vous êtes devenue asociale ou ermite (mot que je ne sais jamais écrire correctement à cause de La Gloire de mon père). Il apprécie que vous ayez encore du temps pour ce genre de futilités et que vous soyez sans doute suffisamment soignées pour prendre une douche tous les jours. Et puis être épilée permet accessoirement de se mettre en jupe. Et la jupe et la meilleure amie de la femme non ? En outre, je recommande vivement l'épilation à la barbare (pardon, à la cire), histoire qu'à côté de ça, l'oral qui vous attend vous semble être une partie de plaisir. Ca aide à relativiser.

- à se faire des masques, pour ne pas avoir de cernes. Rien de pire que de donner l'impression qu'on s'est tuée à la tâche, surtout si la prestation est moyenne... Pour peu que le jury soit tenté de dire "tout ça pour ça ??"... Et puis, attirer la compassion d'un jury est absolument inutile, même (surtout) si vous vous mettez à pleurer. Avec une tête d'enterrement, vous réussirez au mieux à leur faire pitié, et personne n'a envie de recruter quelqu'un qui fait pitié, surtout pour l'avoir comme collègue 2 mois plus tard. A mon tout premier oral à Sciences Po, je m'étais mis du fard à paupière violet sous les yeux pour faire croire à mon prof que j'avais travaillé sans relâche, et ça n'avait que très peu fait avancer le schmilblick...

- à choisir une tenue. Ou plusieurs. De préférence avec un public, c'est plus drôle. Comme le dirait Anaik, chez moi, c'est tombé comme par hasard sur mes parents. J'aurais bien pris l'avis de Brad aussi, mais il était occupé ailleurs. Bref. Choisir une tenue option "beau temps" et une "mauvais temps". Vérifier que vous avez bien une paire de collants impeccables (d'où l'intérêt de le faire quelques jours avant l'oral, histoire de pouvoir passer chez Monop si jamais ce n'était pas le cas). Vérifier également que vous avez une paire de bas de rechange (plus facile à enfiler que des collants dans des toilettes douteuses), à toujours avoir sur soi en cas d'incident. Ben oui, arriver à un oral avec un collant filé, c'est franchement l'un des pires trucs qui puisse arriver. Pire que de ne rien savoir sur le sujet je pense. Parce qu'avec un collant, pas moyen d'improviser...

- se faire une manucure. L'un des seuls trucs que voit vraiment le jury, ce sont les mains. S'il n'est pas question de se la jouer à l'italienne en faisant du vent pour rien, la communication passe néanmoins mieux en les bougeant un peu. Ca peut même être un atout pour faire passer ses idées. Autant éviter donc les ongles rongés, le vernis écaillé ou criard, les doigts bouffés. Je sais, tout le monde n'est pas comme moi, mais si je suis un jour juré, les ongles rongés n'auront aucune chance avec moi : il faut bien un critère de sélection non ?

- appeler quelques copines (s'il vous reste encore du temps). Cf. post d'hier, vous comprendrez pourquoi.

Maintenant que vous êtes épilées, que vous avez des collants prêts pour le lendemain, de jolies mains itou itou, ne faites plus rien, vous pourriez vous abîmer. Non, même réviser, c'est trop dangereux : le papier, ça coupe.

Alors évidemment, les féministes vont me sauter dessus : alors comme ça une nana, si elle veut réussir, doit séduire son jury par son minois plutôt que par ses mots ? Ben oui, désolée, mais arrêtons d'être hypocrites. Un oral, c'est entièrement subjectif, et l'allure générale compte de façon non-négligeable. Et puisque les filles, ainsi que j'ai pu l'observer, pêchent par rapport aux garçons par leur incertitude naturelle, il faut bien qu'elles compensent.

En effet, pour caricaturer, un mec en oral peut vous sortir une énormité, mais avec tellement d'assurance que le jury ne pense pas une seconde à remettre sa parole en doute. A l'inverse, une fille prend souvent un ton précautionneux, même pour dire des choses vraies et intelligentes. Les jurés s'engouffrent dans la brêche et la déstabilisent en lui demandant simplement "êtes-vous sûre ?". Elle réfléchit, hésite, s'enfonce elle-même. Alors dans cette guerre sans pitié, moi je dis : "chacun ses atouts". Et j'en ai eu récemment la confirmation : "quand vous ne savez pas, il suffit que vous souriiez pour qu'on oublie vos hésitations" m'a dit l'un de mes examinateurs (blancs). Tous les moyens sont bons.

En revanche, les objecteurs de bon sens ne manqueront pas de faire remarquer que ça marche peut-être moins bien pour un jury féminin. Je réponds d'abord qu'il est rare qu'un jury soit entièrement féminin. Et que d'autre part, un membre féminin du jury sera aussi sensible qu'un homme sur des ongles rongés, voire plus non ?

Bien sûr, je ne suis qu'à moitié sérieuse. En revanche, l'idée qu'on ne se différencie pas, à un oral, par ses seules connaissances est pour moi une certitude absolue. Reste maintenant à chacun à trouver sa façon, épilation ou non, de se démarquer !

06 mars 2007

Les copines

S'il y a bien un truc, en plus des escarpins à talon, pour lequel je suis drôlement contente d'être une fille, c'est pour les copines. Parce que j'ai beau savoir qu'il existe de magnifiques amitiés entre garçons, personne ne pourra me faire croire que c'est aussi chouette qu'entre filles. D'ailleurs, si les garçons ont du mal à comprendre "ce qu'on peut bien encore avoir à se raconter" quand on s'appelle pour la 3ème fois dans la semaine (ou de la journée), c'est qu'ils ratent forcément quelque chose.

Avec Myriam, vendredi soir, on était bien d'accord pour dire que c'était quand même un truc typiquement masculin que de passer du temps ensemble sans parler ou presque. Vous avez sans doute déjà vu des mecs assis les uns à côté des autres sans parler, juste pour le plaisir d'être ensemble. Ou alors parlant de trucs totalement pas personnels du tout qu'on se demande comment ils font pour s'y intéresser. C'est pas que, nous, on dise des choses plus intéressantes. Mais au moins, ça nous concerne. C'est superficiel, certes, mais personnel.

Les copines, avant toute chose, ça sert à rigoler. Comme quand Myriam me raconte son dernier concept (Myriam, elle est vachement forte pour inventer des concepts sociologiques) : le "lolito sporteuf"©. Le lolito, c'est l'équivalent de la lolita mais avec un zizi qui dépasse. Un jeune homme tout juste post-pubère, qui s'est débarassé de ses boutons et de sa voix de castrat, mais reste vaguement jeune chiot tout fou, mais malgré tout déjà terriblement sexy. Ce qu'on admet avec une pointe de culpabilité "parce que quand même, il pourrait presque être ton fils". Et le sporteuf, c'est une contraction savante de "sportif surfeur qui fait la teuf". Tout ça pour dire qu'une fois que vous vous êtes racontées tout ça avec votre copine, y a pleiiiiiiiiin de temps qui est passé, on a les zygomatiques tout musclés et on a encore plus envie de parler derrière.

Les copines, ça sert aussi à consoler. Une vraie copine, c'est quelqu'un qui est capable de vous dire "en fait, t'as pas du tout les yeux marrons, ils sont totalement verts !". Même si vous savez que pour ça, il vous faut payer le prix d'avoir les yeux (marrons) totalement explosés par vos lentilles, c'est une excellente compensation. C'est aussi quelqu'un qui vous dit, après que vous lui ayiez raconté votre dernière bourde de Pierre Richard de la drague (l'huile pré-shampoing ultra-nourrissante copieusement étalée dans la chevelure 5 minutes avant qu'un bellâtre ne passe chez vous à l'improviste), "oui mais ça valait le coup, tes cheveux sont magnifiques".

Qu'on ne se méprenne pas sur ces deux derniers exemples, mes amies ne sont pas juste là pour me passer de la pommade, mais si elles ne le font pas, qui le ferait en toute objectivité ? Quoi "elles ne sont pas objectives" ??? M'en fous d'abord. Parce que c'est mes copines et que moi je fais pareil pour elles.

On a peut-être l'air de papoter de tout et de rien, mais parfois, on parle de choses très sérieuses aussi. De nos vies et de ses orientations fondamentales (les copines, ça conseille très bien), de nos vraiment gros problèmes et de leurs solutions possible (les copines, ça a souvent les idées plus claires que vous), de nos doutes fondamentaux et de nos angoisses (les copines, ça rassure comme des chefs). Et dans ces cas-là, le papotage superficiel des 3/4 du temps a largement préparé le terrain pour des discussions nettement moins superficielles. Etre une copine, c'est attendre des résultats de quelqu'un d'autre avec l'estomac tout noué et sentir un soulagement immense quand les résultats sont bons. Avoir une copine, c'est savoir que quelqu'un est là, plus ou moins loin, à être de tout coeur avec vous quand il y a un problème.

Je ne sais pas comment les mecs survivent à ces périodes difficiles sans les heures passées au téléphone pour exorciser, en parler jusqu'à ce que ça soit passé, que le problème se soit éclairci ou allégé. Quand je parle de périodes difficiles, je ne veux pas dire "j'ai un rencart dans deux heures et ma robe magique qui me fait ressembler à Penelope Cruz est au pressing".

Et même quand ça va bien d'ailleurs. J'ai un ami qui, lorsqu'il a écrit à l'un de ses meilleurs amis pour lui dire qu'il allait être papa (le truc vaguement important dans une vie quand même) n'a eu de réaction du copain en question que quelques semaines plus tard... Bien sûr, ce n'est pas lui qui me l'a raconté, mais sa femme, avec qui je passe des heures au téléphone à avoir des conversations de filles (et avec qui, justement, je parlais de l'amitié masculine, et elle aussi était d'accord. Dingue non ?!)... Et ça ne veut absolument pas dire qu'ils ne sont pas vraiment amis, au contraire. Mon père aussi est capable de ne pas appeler son meilleur ami pendant 6 mois, et quand il l'a au téléphone après tout ce temps, il ne reste pas plus d'un quart d'heure. Il n'y a aucun lien entre les sentiments et leur manifestation.

Je suis certaine qu'il y a des filles qui fonctionnent comme les garçons, et qu'il y a des garçons qui parlent pendant des heures avec leurs potes de trucs ultra-intimes. Mais quand même, la vie sans coups de fil qui durent des heures, sans thé-papotage superficiel, je crois que je trouverais ça vraiment trop ennuyeux pour valoir le coup...

05 mars 2007

Coïncidence, distorsion des faits, ou sacré sens de l'humour ?

Lu dans Le Monde ("Le deuil du troupeau", sur les agriculteurs dont les troupeaux ont été abattus lors de la crise de la vache folle et de la fièvre aphteuse du mouton) :

"Avec ses codes-barres dans les oreilles, Tolérance mâchouille de la paille aux côtés de Ségolène et de Cécilia. C'est la seule survivante du troupeau de vaches laitières de Laurent et Jean-François Hardy, éleveurs aux Ressuintes (Eure-et-Loir)."


Cécilia et Ségolène mâchouillant l'herbe du même pré, je ne sais pas pourquoi, mais ça ne m'inspire pas le terme "tolérance"...

Ma question est : l'agriculteur a-t-il eu une vision prémonitoire ou une bonne dose d'humour ? Ou le journaliste a-t-il modifié le nom des bêtes pour leur anonymat, "par souci de protection de la vie privée" ?

04 mars 2007

Déformation technologique

Même si la technologie, parfois, c'est nul, ben des fois, c'est bien aussi. C'est nul quand, comme chez moi hier soir, votre ordinateur chéri décide de faire sa mauvaise tête et de ne plus s'allumer, sans aucune raison valable. Or, pour un préparationnaire qui prend TOUS ses cours sur ordinateur, il n'y a guère que le poignet cassé la veille de l'épreuve qui soit pire qu'une défaillance informatique.

Mais parfois, la technologie, c'est drôlement pratique. Et je rêve de pouvoir faire la même chose dans la vraie vie que dans la vie numérique. Par exemple, qui n'a jamais voulu faire "pomme Z" (pour les ringards qui n'ont pas de Mac, "ctrl Z", ou pour ceux encore plus ringards qui n'ont toujours pas compris le système des raccourcis de clavier "annuler" ou "revenir en arrière") ??? Il y a des tas de fois où je me dis "zut, allez, pomme Z". Ah ben non, ça ne marche pas. Et mon huile pré-shampoing haute hydratation reste désespérément sur mes cheveux lorsque sonne à ma porte un ami passé à l'improviste. Ou mon SMS compromettant part au mauvais destinataire contre vents et marées. Ah, tous ces moments où on aimerait pouvoir faire "annuler" sans aucune conséquence.

Mais ces situations restent, heureusement, rares. Celles dans lesquelles j'aimerais faire "pomme F" sont en revanche beaucoup plus nombreuses. "Pomme F", c'est chercher. C'est très pratique : on entre un mot, on fait entrée, et on le trouve. Bien évidemment, j'aimerais pouvoir faire "pomme F" pour les notes sur dossier, quand je suis certaine d'avoir vu une allusion à tel décret mais impossible de retrouver où. En général, en me rendant compte que c'est impossible, je soupire d'agacement, tout en reconnaissant que depuis qu'ils se sont habitués au "pomme F", mes neurones ont sacrément ramolli.

Je regrette encore plus mon "pomme F" quand je cherche un objet. Au choix : mes clefs juste avant de partir (alors que je suis en retard), ma pince à épiler (alors qu'un indésirable me nargue), mon portable (alors qu'il sonne). En ce moment, c'est un carton de livres que je cherche. Un de ces innombrables cartons de livres déménagés de Nancy il y a plus de 3 ans, mais un que je n'ai jamais déballé chez mes parents par manque de place, et que je n'ai pas emporté avec moi dans mes autres déménagements par manque de nécessité absolue. C'est en tout cas ce que sa disparition me laisse présumer. Maintenant que je m'installe pour de bon (j'aime en tous cas à le croire), j'aimerais retrouver tous mes livres. J'ai vidé la bibliothèque dans ma chambre de petite fille, et il me manque toujours certains exemplaires. Un Beigbeder, des Cohen, des Duras, un Bukowski, un Kourouma, des ... Or le carton est introuvable.

Je serais traumatisée de l'avoir égaré quelque part dans le déménagement. C'est incroyable le nombre de choses que l'on perd dans les déménagements, alors qu'il ne s'agit que de transporter tout d'un point à un autre. Mais il en manque toujours une partie à l'appel. Piqué sur le trottoir ? Abandonné dans la cage d'escalier ? Toujours est-il que je suis légèrement fétichiste du livre, à ma façon : je déteste lire un livre qui n'est pas à moi, que je ne puisse pas triturer, retourner, casser, je déteste ne pas avoir mes livres sous la main, même s'ils ne me servent à rien. Pas seulement parce que du coup, ma nouvelle bibliothèque a l'air bien vide, mais surtout parce qu'ils sont une petite partie de moi, qu'ils m'ont formée et qu'ils appartiennent donc à mon salon autant que des photos ou des cartes d'amis.

Malgré cette disparition qu'un petit "pomme Z" réparerait si vite, je suis contente. Grâce à mon modèle psychique légèrement déviant, il m'en faut peu pour être heureuse : j'ai rangé tous mes livres par collection, puis, au sein de chaque collection, par ordre alphabétique d'auteur. J'ai également rangé mes CD par ordre alphabétique de compositeurs, en mettant la musique classique à gauche et la moins classique à droite. Mais il va falloir que j'arrête les frais, les deux côtés se rejoignent presque. Et pour ceux qui se ferait du souci à propos de ma psychorigidité : la réunion ne se fait absolument pas au milieu, et je ne trouve pas ça grave. Je ne suis donc que très moyennement atteinte. Mais quand même, ma bibliohtèque toute rangée, qu'est-ce-que c'est beau...