29 décembre 2006

Aveu

Souvent, je commence mes phrases par "non, je ne suis pas psychorigide mais...". Florilège :

Non, je ne suis pas psychorigide mais... j'aime bien que mes livres soient rangés par ordre alphabétique et par collection. Ce n'est pas de la psychorigidité : l'ordre alphabétique, c'est pour trouver plus vite et la collection, c'est parce que c'est plus joli. Et je ne suis pas maniaque puisque pour le reste, je suis "bordélique pathologique" selon Dieu le Père.

Je ne suis pas pas psychorigide mais... je ne supporte pas qu'on touche à mes CD si c'est pour ranger Bénébar dans le boîtier des Nocturnes de Fauré et mettre les Nocturnes face vers le plafond tout en haut de la pile. Enfin, en haut de la pile jusqu'à ce que mon coffret de la Traviata et celui d'Aretha Franklin viennent se rajouter par dessus. "Ah bon, il est rayé ?? Mais je ne comprends pas....". De toute façon, les CD, c'est démodé il paraît.

Je ne suis pas psychorigide mais... si j'ai décidé de faire quelque chose, je n'aime pas qu'on le fasse à ma place, même si ça m'arrange et si ça me facilite la vie. Parce que j'avais prévu de le faire et que je ne peux pas mettre en oeuvre mes planifications.

En fait, si, je suis psychorigide. Attention, je ne suis pas maniaque, ce n'est pas tout pareil. Je suis psychorigide parce que j'ai du mal à supporter que les choses ne se passent pas comme j'avais prévu qu'elles se déroulent. Quand je me repasse 20 fois dans la tête mon plan de la journée où chaque action s'enchaîne de façon bien huilée avec la précédente, et que d'un seul coup survient un petit grain de sable, je le ressens comme une contrariété suprême. Même si j'admets sans aucune difficulté qu'il s'agit d'un grain de sable agréable (une visite surprise, une rencontre inattendue, un génie venue réaliser 3 voeux...), je n'arrive pas à m'empêcher de me dire que "rien ne se passe comme prévu". Pas comme MOI je l'avais prévu en tous cas.

Bien sûr, je ne planifie mes journées de façon aussi serrée que lorsque j'ai un objectif précis et difficilement atteignable sans un minimum d'organisation, ce qui n'est après tout pas si fréquent. Et dans ces cas-là, je refuse de laisser la moindre place à l'improvisation (farce freudienne : j'avais lapsussé en commençant par écrire "organisation").

Mais quand tout ne se déroule pas selon mon petit plan personnel, je deviens facilement contrariée donc irritée donc insupportable avec mes (très) proches (je réserve ça généralement à un public averti, mais quelques spectateurs passifs ont parfois droit à une petite démonstration), considérant toutes les alternatives de secours comme nécessairement moins bien que ma solution absolument parfaite de départ. Je suis encore plus cassante et caustique que d'habitude, et là, ce n'est plus pour rire. Comme dirait Fab, dans ces cas-là, il faut se préparer à ramasser ses dents. En général, je regrette aussitôt ce que j'ai dit trop vite, trop brutalement, trop crûment.

C'est donc surtout pour les autres que ma psychorigidité est gênante. Elle ne m'encombre que lorsque je deviens involontairement méchante pour le plaisir inconscient de me défouler après un épisode de "contrariété". A chaque fois, j'ai envie de me foutre des baffes, ce qui ne m'empêche pas de ressortir une énormité blessante 2 minutes plus tard à ma victime du moment.

Je suis psychorigide mais je me soigne. Enfin, j'essaie. Et ma soeur est là pour la thérapie de choc, certes douleureuse mais parfois efficace. Douloureuse pour elle aussi, puisque c'est elle qui se prend tout dans les dents.

Ne désespérez pas, je serai (un jour peut-être) parfaitement fréquentable.

Le jour où j'ai voulu faire une bonne surprise à mon papa

J'ai toujours aimé faire des surprises, la suivante étant généralement meilleure que la précédente, l'expérience aidant. Pourtant, je crois que l'une de mes meilleurs idées de surprise, je l'ai eue alors que j'étais très jeune et très petite.

Je n'allais pas encore à l'école, je devais avoir 2 ans et demi. Environ. Et pourtant, je me rappelle très bien de cette folle journée durant laquelle ma grand-mère était chargée de ma surveillance. Je commençais à m'ennuyer lorsque j'eus soudainement une idée géniale pour occuper mon après-midi de désoeuvrement comme n'en connaissent que les enfants qui n'ont pas encore franchi la porte de l'école si peu maternelle.

Je décidai de faire comme Papa. J'allais prendre le train et le retrouver à son bureau, ça promettait d'être aussi excitant qu'exotique. Je rentrai dans la chambre de mes parents pour prendre une cravate paternelle dans le placard, afin de peaufiner ma mise en scène. Demandant l'aide de ma grand-mère, je lui expose mes projets. J'ai son assentiment, l'aventure palpitante est lancée.

Je me souviens distinctement d'avoir fait semblant d'être dans le train sur la moquette de ma chambre. Je babillais des ordres de chef de gare. Dans mon monde, on prend le train les uns derrières les autres, à la queuleuleu derrière le chauffeur, assis en tailleur. Il faut dire que je n'avais pas encore suffisamment fréquenté les Transiliens pour pouvoir savoir que les trajets de mon travailleur de père ressemblaient fort peu à la Danse des canards ou autre Patrick Sebastiannerie.

Malgré mes tentatives poussées pour rendre la scène aussi réaliste que possible, il manquait quelque chose : le vécu et le ressenti. Qu'à cela ne tienne, j'irais voir Papa à son bureau pour de vrai.

Toujours plongée dans son repassage, ma grand-mère ne m'a pas entendue tirer un tabouret jusqu'au portail. Elle ne m'a entendue enjamber le portail. Et elle ne m'a pas entendue partir vers des contrées lointaines.

Je me souviens d'avoir pris le chemin de la gare en marchant au milieu de la grande avenue qui y menait, ma cravate nouée à la hâte autour du cou. Et je me souviens d'une grande folle se mettant soudainement à me hurler dessus pour me faire réintégrer le trottoir, et de ma grand-mère arrivant peu après au pas de course, surprise de ne plus rien entendre en provenance de ma chambre. La cavale s'arrêtait là, au bout de 300 mètres, et je me sentais comme un prisonnier ayant raté son évasion. D'autant plus que ce genre de prisonnier bénéfécie à son retour d'une surveillance pénitentiaire d'autant plus étroite, pour éviter toute récidive. Je crois avoir passé le reste de l'après-midi dans les pattes de ma grand-mère avec interdiction formelle de m'en éloigner.

Je ne sais plus en revanche si je me suis fait gronder pour mon imprudence ou si mon noble objet m'a valu une quelconque clémence... Après tout, j'avais obtenu l'absolution de mon aïeule lorsque je lui avais dit "que j'allais au bureau de Papa". Qui a sans doute été très touché que je pense à lui ainsi en plein milieu de l'après-midi. Je ne me souviens pas non plus de la tête de mes parents lorsqu'ils ont eu droit au récit de mes initiatives ambitieuses. Même avec le recul, je n'arrive toujours pas à déterminer s'il s'agissait d'une véritable bêtise.

C'est finalement une anecdote dont je suis plutôt fière. Surtout en comparaison de mes innombrables autres véritables bêtises, nettement moins reluisantes. Pour me faire mousser, j'évite de raconte comment j'ai essayé de faire pipi comme un garçon un matin inspiré (avec une salopette en velours rose pâle qu'il a bien évidemment fallu mettre au sale aussitôt après mes exploits transsexuels), comment j'ai failli mettre le feu à la maison en jouant au Sioux avec la balayette de la cheminée, et surtout comment j'ai pris un bloc WC pour une Chupa Chups un jour d'égarement.

On a tous des anecdotes de notre vie d'enfant. Certaines sont amusantes, certaines ne font rire que ceux qui y étaient, certaines sont datées, et certaines sont humiliantes. Pourquoi les parents ont-ils toujours une nette préférence pour ces dernières lorsqu'il s'agit de raconter en société l'un de nos épisodes glorieux parmi mille ?

18 décembre 2006

Le micro et le fil

Nouveau prof de Finances publiques aujourd'hui. Chemise disco et cravate assortie, il est presque funky. La crâne gris et dégarni rattrape l'impression. Et soudain, Maritie et Gilbert sont en face de moi.

Il refuse de monter sur l'estrade, préfère descendre dans la fosse aux lions faire son one-man-show. "Micro tenu du bout des doigts, en éloignant le fil d'un geste du bras", il se prend pour Sardou.

Malgré tous ces efforts, rien n'arrive à rendre ses propos intéressants. Belle tentative pourtant.

17 décembre 2006

La baffe

Fab, il n'est pas juste bloggueur et papa. Il travaille aussi dans la comm' comme tous les gens hype. Du coup, quand il sort un livre, ben... il comm' (unique). Et ça donne ça :







... et facta est lux

En faisant les premières Zimtsterne de ma vie hier, j'ai pensé à un super truc qu'il fallait absolument inventer. Bon, ça existe peut-être déjà, mais je n'ai rien vu de tel alors que je flâne régulièrement au rayon idoine. Un truc tout con, mais qui rendrait la vie (domestique) beaucoup plus simple.

Alors si tu es ingénieur, ingénieux et inventeur, fais moi signe pour que toi et moi devenions riches ensemble. J'ai l'idée, mais pas la technique... Et je veux bien commercialiser dans les pays germanophones, qui devraient être les plus intéréssés.

16 décembre 2006

Le petit cadeau du samedi midi : it's Mia Time !

Mein hungriges Herz



Es ist was es ist

Hypocrisie, quand tu nous tiens...

Les relations parfois intimes entre presse et monde politique ne sont pas un fait nouveau. Après tout, le milieu professionnel est le premier lieu de rencontre des couples, d'après les sondages de la Sofres. Or puisqu'il est plutôt difficile aux hommes politiques de draguer dans l'Hémicycle, faute de cibles intéressantes, je comprends qu'ils cherchent ailleurs. Or quoi de plus tentant qu'une jeune et jolie journaliste ?

Ce qui est nouveau, c'est que cela fasse débat et pose problème. Le préjugé généralement accepté désormais est qu'une femme qui partage la vie privée d'un homme public n'a plus aucun sens critique. En somme, la mise en couple sonne le glas de sa cervelle : lobotomisée, elle est contrainte de partager celle de son aimé de façon inéluctable. Comme s'il était impossible de ne pas être systématiquement d'accord au sein d'un couple.

L'autre présupposé est que l'amour a REVELE ces femmes à la conscience politique. Pages vierges de toute conviction la veille, elles le virent, rougirent, pâlirent à sa vue et PAF, d'un coup d'un seul, elles ont trouvé la foi politique. Harry Roselmack n'ayant - à ma connaissance - aucune liaison avec Roselyne Bachelot, n'a sans doute aucun avis personnel sur la campagne présidentielle. En revanche, s'il couchait avec MAM, il est certain qu'il perdrait du jour au lendemain toute objectivité.

Après Béatrice Schönberg, c'est à présent au tour de Marie Drucker de faire les frais de cette chasses aux sorcières, qui a étrangement trouvé sa place sur le service public audiovisuel. Le nouveau magazine pour ménagères de moins de 50 ans décérébrées Bon week a jugé utile de publier des photos de cette dernière avec son ministre chéri. Au moins, le nouveau venu dans le paysage journalistique (je parle du magazine, bien entendu) aura réussi à enfin faire parler de lui autrement que pour sa médiocrité. Car soyons clairs, le message de Bon week pour recruter ses lectrices est basique : "Tu en as marre de ta vie de merde, de tes enfants mal élevés (par ta faute) qui te claquent la porte au nez et de ton mari qui ne te regardent même plus (par ta faute) ? Evade-toi avec la vie des stars !". Ils partent de loin et on comprend qu'ils aient eu besoin d'un sacré coup de pouce pour vendre quelques numéros de plus.

Que ce magazine ait pris la décision "d'éclairer le débat public" et "d'informer la société" avec sa révélation est facilement compréhensible du point de vue financier. Ce qui l'est moins est leur hypocrisie flagrante quant aux conséquences anticipées de leur geste. S'ils ont fait tout ça, c'est uniquement pour rendre à Marie Drucker la vie plus facile, pour qu'elle arrête de se cacher, pour qu'elle puisse enfin être heureuse au grand jour ! Et bien évidemment, personnne n'a voulu la mettre dans l'embarras, loin d'eux cette idée. Il suffit de lire l'éditorial de la rédactrice en chef, Nadia Le Brun, qui ne doit être étouffée ni par la bonne conscience ni par la bonne foi :

La rumeur dont bruissait le Tout-Paris politico-médiatique est avérée! [Monsieur X] et la présentatrice du Soir 3, Marie Drucker, semblent filer le parfait amour. [Monsieur X] et la nièce de Michel Drucker viennent même de passer un tendre week-end à Barcelone, s'embrassant sous les yeux des passants... Cette nouvelle soulève la question des liaisons entre pouvoir et médias, dès lors qu'une journaliste connue et un membre du gouvernement tombent amoureux. Béatrice Schönberg, épouse du ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo, a dû mettre entre parenthèses sa carrière de présentatrice du J.T. pendant toute la campagne présidentielle, au prétexte que sa vie privée pourrait nuire à son objectivité journalistique. Avant elle, Anne Sinclair avait démissionné de 7 sur 7. Marie devra-t-elle aussi laisser son fauteuil du Soir 3, pour continuer à aimer librement son ministre ? Ce n'est pas ce que l'on souhaite à une femme. Encore moins à une femme amoureuse...


Mais bien sûr, on y croit à tes espoirs de Sainte-Nitouche-du-languedeputage !

Aéroport mon amour

J'aime beaucoup observer les gens. Des inconnus, dont j'imagine la vie pendant quelques instants. J'ai commencé à pratiquer ce sport intellectuel (mouais, "intellectuel" est peut-être un peu exagéré, je vous l'accorde) en prenant le train pour aller au lycée. Tous les jours, un wagon remplis d'inconnus prêts à être déchiffrés n'attendait que moi et mon imagination débordante.

Mon endroit préféré pour m'adonner à cette activité relativement inutile ? Les aéroports, qui sont des lieux fascinants pour imaginer la vie des autres. Il y a plein de gens exotiques à regarder, leur fantasmer des existences hors du commun à l'autre bout du monde, deviner d'où ils viennent et où ils vont, tenter de comprendre ce qu'ils se racontent en langue étrange.

Pour moi, la magie des aéroports, c'est aussi d'aller au duty free me mettre du parfum avant de prendre l'avion et de polluer l'environnement olfactif des mes heureux voisins. Traîner, lire les journaux, en prenant un café. Regarder le tableau des départs et me demander où j'aimerais partir. J'adore cette ambiance hors du temps, hors du monde, et l'impression d'être anonyme mais pas perdue. J'ai le sentiment, quand j'attends mon avion, de n'avoir rien que pour moi des heures volées, durant lesquelles j'ai moralement le droit de ne rien faire, au vu et au su de tout le monde.

Evidemment, mon amour pour les aéroports est inversement proportionnel à ma fréquence de fréquentation. Si jamais je devais, comme Myriam, me lever 3 jours par semaine à 4 heures du matin pour sauter dans le premier avion de la journée, passer quelques heures éreintantes dans une ville et revenir claquée le soir même, j'aimerais sans doute beaucoup moins cela. Il n'y a rien de tel que l'exceptionnel pour vous faire apprécier les choses.

13 décembre 2006

Gagne un Futur Papa les doigts dans le nez (mais essuie les avant de cliquer)

Plus ça va et plus la date de sortie de Futur Papa approche. Chic, chic, chic.

En attendant, pour les très grands impatients, les très grands radins ou les très grands fauchés, vous pouvez d'ores et déjà prier Zeus pour qu'il se mette de votre côté : 10 exemplaires de Futur Papa sont à gagner sur madmoizelle.com !

Et si je vous dis qu'en plus de ça, il vous sera personnellement dédicacé par [le nouveau stagiaire de] Fab en personne, je suis certaine que vous êtes déjà en train de remplir les petits champs obligatoires et de demander à votre mari de vous tromper pour mettre toutes les chances de votre côté, petite maline.

Je vous préviens malgré tout que si vous gagnez et pas moi, je risque d'être de mauvaise humeur. Quoi que, MOI de toute façon, je pourrai toujours me le faire dédicacer, mon exemplaire ;-)

Frayeur

On devient vite con. Je m'en suis rendu compte hier. Enfin, je m'en suis à nouveau rendu compte hier. J'ai toujours plus ou moins méprisé intellectuellement les gens qui regardent 30 millions d'amis, parlent à leur chien comme s'il était leur enfant, présentent leur chat dans les concours de beauté et vous racontent que leur lama domestique est très stressé depuis le changement d'heure. Je n'ai pas l'âme animalo-sensible. Je fais partie des méchants humanidés qui considèrent que les animaux sont là pour nous servir. Que s'ils ont des poils, c'est pour qu'on puisse avoir chaud. Et que s'ils ont de la chair, c'est pour qu'on puisse la manger. Et que s'ils ont envie qu'on les traite mieux, ils n'ont qu'à apprendre à parler pour nous le faire savoir.

A côté de ça, je murmure à l'oreille de mes chevaux (enfin non, je n'ai pas une écurie au Champ de Mars, je parle de ceux que je monte) et j'ai le sentiment qu'ils aiment drôlement ça et qu'ils comprennent presque tout. Je trouve certes que le combat pour les droits des animaux n'est pas ce qu'il y a de plus prioritaire au monde, mais que faire souffrir des animaux inutilement alors que d'autres solutions existent n'est pas normal. Et puis surtout, surtout... il y a Kierkegaard. Avant lui, il y a eu Vilnius que j'ai voulu enterrer dans les règles de l'art sous le cerisier dans le jardin de Sciences Po au lieu de le jeter bêtement dans les toilettes comme tout le monde me disait de le faire.

Mais hier, c'est à cause de Kierkegaard que je me suis sentie un peu con, virant incidieusement Mémé-à-son-caniche (car dire caniche-à-sa-mémère est un abus de langage : c'est la Mémé qui vit pour le caniche et non l'inverse). Hier, Kierkegaard n'allait pas très bien. Il nageait sur le dos ou sur le côté, il avait l'air très anxieux (voilà, là, ça commence à déraper... Nan mais vous avez déjà vu un poisson rouge de 2 neurones être anxieux vous ?). Il ne mangeait plus depuis deux jours. Je ne voyais absolument pas quoi faire pour lui, j'étais désemparée. Son eau était propre, à bonne température, il avait de quoi manger, mais ça n'allait pas.

Ce matin, il était dans le même état. Enfin, dès que j'ai allumé la lumière. Avant, il était tout calme. Une fois la lumière allumée et moi, inquiète, le regard plongé dans le sien pour essayer de comprendre ce qui lui arrivait, il recommençait à se tortiller dans tous les sens. S'il avait pu parler, il aurait sans doute hurlé de douleur. A moins qu'il ne soit bon comédien : j'éteins la lumière, il redevient normal. Je rallume, il se retortille. J'ai décidé de partir malgré tout remplir mon cerveau, sans pouvoir m'empêcher au moins une fois par heure (oui bon, ça va, je sais, j'aurais dû dire à chaque instant mais ce n'est pas le cas, j'ai une vie bien occupée moi...) de me demander s'il n'était pas précisément en train de mourir

Entre temps, je me suis renseignée, et il paraît évident qu'il a des troubles de la vessie natatoire (comment ça vous n'en avez rien à foutre de la vie de mon poisson rouge ?). C'est un problème récurrent chez les poissons japonais, donc la prochaine fois, je ne panique pas. Il faut que je lui donne des daphnies (déjà fait) ou des petits morceaux de salade, brocolis ou épinards pochés et il se remettra sans problème.

D'ailleurs, ce soir, il pète la forme. Joyeux, heureux, joueur, il remange et je suis toute contente. Pas de doute, je suis devenue baba, comme je l'étais de Vilnius. On peut prendre toutes les précautions intellectuelles que l'on veut, l'affectif règne... Bientôt, peut-être, une interview à 30 millions d'amis ?

PS / vous pouvez dire que je deviens neuneu hein, je m'en fiche... Je le sais déjà...

Histoire de filles

Aujourd'hui, plutôt que de me lamenter sur mon sort, je vous propose deux histoires de filles à aller lire chez les autres. Chez des autres qui ne manquent ni de style ni d'autodérision.

D'une part, ma keupine Myriam se prend des vents sans rien avoir demandé à personne et finit la nuit à l'hôtel avec le malotru en tout bien tout honneur.

D'autre part, Kozlika - que je ne connais pas mais qui a l'air d'avoir un tas de choses à raconter - fait tout son possible pour rester digne en toute circonstance, ce qui n'est pas toujours chose facile.

Ahlalalalala, moi je dis : on n'est pas aidée !

07 décembre 2006

Mes petites pilules roses

Depuis dix jours, je crache mes poumons à qui mieux-mieux (au passage : mais que veut dire cette expression ??!). Ce n'est pas très grave, j'ai l'habitude, ça me rappelle mon enfance, quand j'étais malade un jour sur deux. En fait, j'avais un programme bien réglé : jusqu'à mon année de CM1, j'allais à l'école lundi et mardi. Mardi soir, je commençais à être malade (parce que le lundi, on avait piscine). Mercredi, jeudi et vendredi, j'étais malade. Je retournais le samedi à l'école, histoire de récupérer les cours, les devoirs et de revoir les copines avant le week-end. Et la semaine suivante, on recommençait.

Ne pleurez pas dans les chaumières, je crois que ce rythme me convenait assez bien. De toute façon, je m'ennuyais à l'école. Quand je restais la maison avec mes angines, je buvais du lait chaud au miel dans lequel je trempais des boudoirs. J'apprenais la vie en regardant Amour, gloire et beauté emmitouflée dans des édredons. Quand je revenais à l'école, les copines me faisaient un briefing rapide de tout ce qui s'était passé en mon absence. Gertrude et Josette ont fait la paix et Marcel a même embrassé Simone sur la bouche et tout le monde s'est moqué d'eux après. Alors Simone a pleuré et Marcel a tapé Georges parce que c'est lui qui l'a dit à tout le monde. Les cours de récré, en fait, c'est exactement comme Amour, gloire et beauté, les seins refaits en moins.

En ce moment, forcément, je trouve ça moins drôle d'être malade. J'ai raté plein de cours qu'il faut que je rattrape, j'ai embêté toute une salle de théâtre par mes bruits disgracieux, j'ai passé des heures à dormir sans être plus reposée qu'avant. En somme, j'ai perdu mon temps tout en étant un nuisible social. Bingo.

Comme j'allais mieux, j'ai décidé de revenir sur les bancs des amphis. Bon, ça allait mieux, mais je n'étais pas encore sauvée complètement, ce qui m'a valu une remarque assassine d'une charmante voisine de cours. "Nan mais quand on ne peut pas s'empêcher de faire de bruit, au moins on s'abstient de venir emmerder les autres hein. Si tu peux pas t'arrêter de tousser, tu restes chez toi et tu viens pas faire chier." C'est sûr que demander comme ça, je ne pouvais que suivre son conseil...

Au cours suivant, je sors mes petites pilules roses qui devraient miraculeusement me permettre de redevenir une compagnie sonore presque agréable. La nana, qui n'avait donc pas dû être si gênée que ça, s'était remise à côté de moi. Elle me défie du regard, les yeux brillants de la griserie de la victoire, et me sort "ah bah enfin, tu te décides à faire quelque chose".

Je ne sais pas pourquoi, mais à cet instant précis, j'ai eu envie de la titiller. Je ne l'ai jamais particulièrement appréciée, sans la connaître vraiment, mais là, je me suis sentie pousser une vocation soudaine de perversité. J'ai pris mon air le plus profond, et je lui ai dit, d'un ton faussement gêné "ah ça ? Non, en fait, c'est juste que si je ne les prends pas, j'ai envie de tuer des gens", tout en lui faisant un grand sourire angélique.

Je pensais qu'elle me dirait "pauvre conne" et qu'elle se retournerait, bien décidée à me détester jusqu'à la fin de ses jours. Mais cette dinde... elle m'a crue... Elle a murmuré "Oh je suis vraiment désolée", d'un air mi-apitoyé mi-effrayé. Faut quand même en tenir une sacrée couche non ? Maintenant, je choisirai mieux les gens à qui je veux faire des blagues...

05 décembre 2006

"Es gibt doch andere Paare !"

Ca y est, je suis fichée par ma prof d'allemand comme "conservatrice potentiellement homophobe". Si elle savait qu'Amazon me fiche dans la catégorie "tellement homophile qu'elle est sans doute lesbienne"...

En pleine traduction, je teste la possibilité de traduire "parité" par Gleichstellung au lieu de Parität. Dans le texte original, il s'agissait de la parité de la France et de l'Allemagne dans la direction d'EADS (vous comprendrez qu'on a un peu dévié du sujet original).

"Oui, mais Gleichstellung" mais dit-elle en langue germanique "c'est pour un couple, entre l'homme et la femme". "Justement", je lui répond, "LA grande question du couple franco-allemand, c'est toujours de savoir qui fait l'homme et qui fait la femme !" (ouais bon, on m'excusera, il était tôt hein). Et là, elle me sort : "es gibt doch andere Paare !" d'un air mi-outré mi-coquin.

Je comprenais chaque mot de la phrase, je comprenais la phrase dans son ensemble, mais impossible de voir ce qu'elle voulait dire par là... Je la regarde, l'air interrogatif. Elle a dû prendre ça pour un air de "Heidi découvre la ville et la vie", parce qu'elle m'a répété "Ja, es gibt andere Paare !". Je ne comprends toujours pas. L'explication de texte arrive : "na, das sind aber nicht immer Männer und Frauen, oder ?". Ah bah oui bien sûr, si c'est CA qu'elle veut dire.

Mais elle m'a regardée comme si elle venait de me révéler l'existence de l'homosexualité. Et comme il est quand même difficile de vivre aujourd'hui en phase avec son époque sans être au courant de cette "chose", quelqu'un qui la découvrirait subitement à 23 ans ne pourrait être qu'un extrêmiste social-conservateur qui aurait refoulé toute conscience des pratiques sexuelles autres qu'hétérosexuelles. Je comprends que ça me rende antipathique.

Rien à voir avec tout ça, mais un peu quand même : je me demande si je ne suis pas en train de me faire draguer par une nana. On ne s'est vues que trois fois, et à chaque fois, j'ai l'impression qu'elle voit le Messie apparaître. Elle a 30 ans, elle est SUPER sympa, extrêmement chaleureuse et très tactile. J'ai eu l'impression de devenir sa meilleure amie du monde entier en 5 minutes trop chrono. Pour l'instant, c'est drôle. Peut-être qu'elle est juste par nature sympathique et que je psychotte complètement.

04 décembre 2006

Good old times

Ce soir, à la télé, il y a 4 mariages un enterrement, le type parfait de film qu'on a vu 12 fois, à 12 âges différents, donc de 12 façons différentes. Ce film a vraiment marqué ma jeunesse. Il a marqué ma découverte de l'humour anglais soft ("Scarlett, tu es aveugle, elle a l'air d'une immonde meringue") et de Hugh Grant.

D'ailleurs, à chaque fois que je revois ce film, cela me fait une occasion de plus de pleurer la jeunesse perdue de Hugh Grant. Je sais, ça arrive à tout le monde de vieillir, et dans le genre, à lui plutôt moins qu'aux autres. C'est vrai, il est plutôt bien conservé. Chaque fois, je trouve Andie McDowell aussi indémodable et aussi infroissable depuis 20 ans. Merci L'Oréal. Chaque fois, je me délecte de la froideur cynique de Kristin Scott Thomas.

Bien sûr, chaque fois, le film est un peu plus daté que la fois précédente. Les robes sont de plus en plus ridicules à mes yeux. Les lunettes géantes de Hugh sont d'une ringardise inommable. Et pourtant, le charme agit toujours. Parce que j'ai gardé ma mentalité de pauvre teenager romantique à 3 kopek ?