27 février 2007

Encore une bonne raison

Je viens de trouver encore une bonne raison pour ne pas aller à l'opéra à Paris, malgré mon envie pressante évoquée il y a quelques jours. Pour me tenir malgré tout au courant de ce qui passe en moment, et peut-être même, soyons fous, planifier une soirée culturelle, je suis allée faire un tour sur le site internet de l'Opéra de Paris et de l'Opéra Comique.

D'une part, je ne peux pas matériellement prévoir mes soirées trois mois à l'avance. Or j'aurais volontiers été voir La Juive avec Myriam (je suis sure que tu aurais été partante). Il reste un mois de représentations, et plus que trois soirs avec des places encore en vente. Ca ne laisse pas beaucoup d'alternatives...

D'autre part, sur ces trois soirs encore libres, il ne reste plus que des places à 150 € pour deux soirs, 100 ou 150 € (quel choix !) pour le dernier. Je suis désolée, je ne bosse pas dans la banque d'affaire londonienne comme d'autres...

Alors il est certain que j'ai pris de vraiment mauvaises habitudes à Berlin et à Vienne, mais je réclame le droit de pouvoir aller à l'opéra en me décidant au dernier moment, en étant bien placée, et sans devoir demander un prêt à mon banquier pour l'occasion. C'est VRAIMENT trop demander ???

Le jour où j'ai découvert le String de l'Ambassadeur

Comme promis hier, l'histoire du String de l'Ambassadeur, pour redonner (peut-être) le sourire pour quelques instants à ceux qui ne l'auront pas forcément ce soir mais vers qui vont toutes mes pensées qui traversent le Rhin.

L'histoire du String de l'Ambassadeur... Lorsque j'ai fini mon stage dans la capitale des ruines de l'empire austro-hongrois, mon Ambassadeur a très gentiment organisé un dîner pour mon départ chez lui. Ce dîner, préparé avec soin par son cuisinier qui reste pour moi le maître de la purée à l'huile de truffe, était l'occasion pour mes anciens collègues de marquer leur tristesse inconsolable (Fanny, si tu dis que c'est faux, je ne t'envoie plus aucune offre d'emploi !!) en me couvrant de cadeaux plus somptueux les uns que les autres.

La secrétaire avec qui j'avais passé un certain nombre de pauses café et de soirées endiablées avait racketté tout le poste diplomatique et était allée courir les magasins de la Kärntner Strasse pour trouver petite robe d'été avec laquelle je repartirai de Vienne. J'ai eu des tas de super jolis cadeaux ce soir-là, mais le meilleur restait à venir.

A la fin du dîner, avant de partir de chez M. l'Ambassadeur pour une de mes dernières soirées salsa, mes copines me chuchotent qu'elles ont encore quelque chose pour moi. En grand secret, elles sortent deux petits paquets. "Tu comprends, il restait un peu d'argent, mais devant tout le monde, on a préféré éviter...".

En ouvrant le papier de soie, je découvre un shorty-string en dentelle blanche virginale et un string en dentelle rouge nettement moins virginale. Olé-olé, mais super jolis... et financés pour partie par M. l'Ambassadeur.

Chaque fois que je les enfile, je pense à lui. Et ceux qui l'ont connu doivent se douter qu'il n'est pas, en théorie, l'homme auquel je suis censée penser en enfilant mes strings les plus osés. Mais cette sensation délicieuse de faire un truc résolument subversif à mon échelle me grise pour la journée, en général. Et le "String de l'Ambassadeur" est dorénavant son appellation officielle pour toute la famille. Ce qu'on ne ferait pas pour quelques Ferrero rochers...

Au fait : merci les filles de m'avoir épargné l'ouverture de ces deux cadeaux devant les 10 diplomates ayant sacrifié leur prime mensuelle pour que je puisse me couvrir les fesses (enfin, même pas).

Teasing

Demain, si vous êtes gentils, je vous raconte l'histoire du String de l'Ambassadeur. Soyez sages hein !

23 février 2007

Mais pourquoi donc ?

J'avoue que je serais très reconnaissante à la personne qui pourrait m'expliquer pourquoi, dans le sujet consacré aux Enfants de Don Quichotte dans le 19/20 de France 3 ce soir, on voyait Augustin Legrand, initiateur du mouvement, décharger des caisses pleines de nouvelles tentes, sur lesquelles étaient aposés de grands autocollants jaunes fluo "TV OPERATION" ???????

Remarquez bien que, si la question porte bien à la base sur ces fameux autocollants, elle touche également au pourquoi du comment du besoin de nouvelles tentes...

Pour vérifier que je n'ai pas eu d'hallucination visuelle, il faut aller ici puis cliquer sur "Les SDF campent toujours Canal Saint-Martin" (en attendant quelques heures que France 3 ait eu le temps de charger la vidéo, ce qui n'est pas encore le cas).

J'ai toujours été sceptique quant au mouvement des Enfants de Don Quichotte, sorti de nulle part du jour au lendemain, laissant une désagréable impression de malaise elle aussi sortie d'on ne sait où. Ce soir, je m'interroge principalement sur cet autocollant (c'est l'avantage d'être en week end de détente, on peut se poser des questions peu existentielles).

Le petit cadeau du samedi (en avance) : Aretha Franklin

Aujourd'hui, pour reprendre les bonnes habitudes, un peu de musique sur ce blog. Et pas n'importe qui : Mme Aretha Franklin. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette artiste est pour moi intimement liée à Berlin.

Bien évidemment, je connaissais et appréciais avant, mais sans plus. Et puis au tout début de mon séjour berlinois, en traînant au Saturn à côté de la Fernsehturm, un anthologie de la dame en super promo. Un geste machinal et je le mets dans mon panier, sans vraiment savoir pourquoi. Et j'ai passé l'hiver à écouter en boucle sur mon iPod rose. Alors en mémoire de ces temps bénis, voici mon anthologie perso d'Aretha (en me limitant à trois, parce que sinon, ça n'a pas de fin).

Un grand classique :



Un autre tube en live :



Pour finir, ma chanson préférée devant l'Eternel, découverte en écoutant le CD de Saturn :

Respiration

Ce soir, je pars en week-end. Bien sûr, pas à Deauville ou à Cancale, juste chez mes parents. Mais j'ai décidé que, pour la première depuis... pfiou, une éternité... j'allais passer un week-end sans aucun projet de travail. Ca ne signifie pas que je travaille d'arrache-pied toutes les fins de semaine, 18 heures sur 24. Mais même lorsque je ne fais pas grand-chose, je fais toujours un petit truc, qui ne suffit jamais à me donner bonne conscience, puisque j'aurais dû faire plus, mais qui me gâche mon week-end, puisque j'ai travaillé.

Alors que lorsqu'on part l'esprit libéré, en se disant qu'on ne fera de toute façon rien du tout, la perspective est radicalement différente. Je regretterai peut-être cette décision dans un mois, quand j'aurai les résultats de mon concours, en me disant que si j'avais travaillé ne serait-ce que deux heures de plus, j'aurais peut-être su répondre à cette question qui m'a mise dedans (ou plutôt jetée dehors).

Ca me permettra aussi de réfléchir à une question de grande importance : est-ce que j'aime vraiment ce que je fais ? Hier, en écrivant ma note sur la réforme des services de santé au travail, je me suis rendue compte de l'ennui profond que je subissais depuis si longtemps. Dans quasiment tout ce que je fais, je m'ennuie, même dans les matières qui me plaisaient auparavant.

Lorsque j'ai découvert le droit public, j'ai trouvé ça follement intéressant. Enfin certains points, parce que maintenant qu'on parle domanialité publique et montage compexe de partenariat public-privé, je m'ennuie ferme. Les questions sociales aussi me passionnaient. J'en sors maintenant systématiquement avec l'impression que rien ne va, que rien ne pourra jamais aller parfaitement, qu'on est impuissant et que donc à quoi bon...

Est-ce juste un épisode de saturation ? Ou une vraie rupture ? En même temps, vu que ma vie ne peut pas se résumer à écrire dans mon blog et prendre le thé avec des copines (ce que je préfère faire de mon existence), il faudrait que je trouve une occupation qui m'ennuierait moins, tout en me permettant de survivre. Or il y a toujours un truc chiant dans les boulots.

"Le beurre et l'argent du beurre s'il-vous-plaît !" "Et avec ça ?" "La vache laitière, merci !" "Ce sera tout ?" "Ah non, le pré vert aussi..."

21 février 2007

Culturons nous !

Bon, sans doute est-ce parce que je sors de mon épreuve de culture générale et que j'ai réussi à recaser la superbe pièce vue avec ma soeur il y a 2 semaines, Fôrets du très talentueux mais très torturé Wajdi Mouawad, mais là, j'ai une envie irrépressible de culture.

Pas que je sois dégoûtée de la culture le reste du temps, hein, mais parfois, j'ai d'autres priorités que d'y penser, on va dire. Peut-être que c'est comme le jogging : plus on se cultive, plus on a envie de se cultiver... J'ai été deux fois au théâtre en deux semaines, ce qui est (malheureusement) loin de mon quota habituel. Et j'ai déjà envie d'y retourner.

Une fois pour Wajdi donc. Ambiance québecoise, c'est-à-dire avec des gens nus sur scène. Il paraît que c'est systématique. Ca surprend, mais on s'y fait assez vite. J'aimerais bien voir le reste de la tétralogie, mais il faudra que j'attende qu'il revienne en France.

L'autre fois pour Cyrano de Bergerac, qui m'a très moyennement convaincue, même à la Comédie Française. J'ai trouvé l'histoire cucul et pas convaincante. Cyrano n'est qu'un gros nigaud à qui j'ai envie de secouer les puces. Roxane est franchement cruche de se laisser avoir comme ça. Bref, pas de tout mon style de personnages à poigne et de pièce à forte intensité dramatique (en revanche, pour ça, Wajdi est très fort).

Mais là, en ce moment tout de suite, je vais vous dire ce qui me fait rêver : Lakmé. Depuis qu'on l'a raté à Montréal (on ne peut pas être à la fois au théâtre et à l'opéra), je serai prête à vendre le String de l'ambassadeur aux enchères pour y aller (un jour, vous aurez l'explication du "String de l'ambassadeur"). Comme quoi, les besoins, on se les crée vraiment tout seul.

Mais j'ai trouvé de quoi calmer ma lakméite aiguë pour la soirée : le site est moche, mais on peut écouter quasi-tout l'opéra en presque bonne qualité. Ca ne vaut pas un CD ni même des places à l'Opéra Comique, mais ça permet de calmer une boulimie soudaine de Léo Delibes.

J'ai toujours des difficultés à dire que j'aime l'opéra. Parce qu'attention, lorsqu'on se déclare amateur d'opéra, il faut immédiatement tout connaître sur le bout des doigts : les titres, les compositeurs, les librettistes, les plus grands interprètes, les mises en scène inoubliables, les personnages, l'histoire, tout. Or moi, je suis consommatrice d'opéra : j'adore aller à l'opéra, j'adore écouter des opéras, mais je n'apprends pas les livrets par coeur avant d'y aller, je préfère la surprise. Et j'y vais le soir où je peux, et pas en fonction de qui chante ce soir là. C'est ballot, mais comme je ne connais pas la différence en général, je ne choisirais de toute façon pas comme il faut.

Je n'ai jamais été déçue par l'opéra, pas même la première fois, avec ma tante (qui ELLE, est une vraie fan) à 7 ans : La flûte enchantée, c'était drôlement bien choisi, avec des costumes d'oiseaux multicolores dont je me rappelle encore tellement c'était beau. Ah si en fait, une fois j'ai été déçue. Un Donizetti, L'Elisir d'amore, qui portait fort mal son nom étant donné le rencard foireux qu'il avait pour cadre... Mais je suis certaine que cette déception venait plutôt de mon accompagnateur que de l'oeuvre en elle-même.

Cet amour de l'opéra a éclos à Vienne, bien évidemment, où les mises en scène trop classiques à mon goût (oui, ce n'est pas parce que je n'y connais rien que je n'ai pas d'avis) étaient compensées par la possibilité pour les étudiants d'obtenir des places de dernière minute au parterre (qui s'appelle là-bas Parkett, ce qui me fait régulièrement dire "au plancher", ça manque de classe). J'ai résolument continué à Berlin, dont les différents opéras offrent les mêmes possibilités, mais avec des mises en scène nettement plus roquennerolles. A Paris, j'y vais peu souvent : mes horaires sont moins compatibles avec une vie culturelle riche, les places sont à des prix exorbitants (je sais, il y en a à des prix raisonnables, mais maintenant que j'ai pris des habitudes de poule de luxe, je déteste aller à l'opéra et être mal placée, question d'habitude) et j'oublie systématiquement de regarder la programmation. Si ça se trouve, Lakmé est joué ce soir-même...

18 février 2007

La coquetterie n'a pas d'âge

Ma maman trouve qu'on trouve toujours quelque part de quoi rire, même dans les situations les plus douloureuses. Je suis entièrement d'accord avec elle, surtout quand elle me raconte que l'entreprise de pompes funèbres qui s'est occupée de ma grand-mère a ses locaux dans une ancienne boîte de nuit (oui, moi je trouve ça cocasse). Ou que le monsieur des pompes funèbres lui a très sérieusement expliqué que, lorsque le financement des obsèques n'était pas assuré par la famille, ils pouvaient prendre de l'argent sur tous les comptes du défunt, sauf le Plan Epargne Logement. Pourtant, dans le genre logement, la dernière demeure est celle dans laquelle on est certain de passer le plus de temps... Etrange !

Aujourd'hui encore, j'ai pu vérifier le dicton maternel. J'ai été déjeuner chez mes parents pour qu'ils ne soient pas tous seuls, étant donné que ma grand-mère venait auparavant déjeuner tous les dimanches midis chez nous. J'en ai profité pour aller chez elle et faire le tri de quelques affaires, puisqu'il faut désormais vider entièrement son appartement.

Les prémices de ce boulot titanesque m'ont permis de découvrir que ma grand-mère avait de la crème anti-cellulite (sans doute pour les fois où elle montrait ses cuisses à son médecin adoré), du gloss "Brillance effet glamour" (pour aller à ses meetings de l'UMP) et des réserves de blush et de fond de teint suffisantes pour tenir un siège sans défraîchir (ni défaillir). A côté, même mon placard de salle-de-bain ressemble à un magasin d'Etat polonais au mois de novembre...

Un conseil : si vous aviez des actions dans les crèmes anti-cellulite, vendez, leur CA risque de chuter de façon magistrale ces prochains jours !

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16 février 2007

Partie

En ce moment, ce n'est pas trop la fête à la maison. Pourtant, c'est les vacances, j'ai passé 10 jours à Montréal, et rien que pour ça, plein de gens m'envient. Mais pendant que j'étais au Canada, ma grand-mère est partie.

Quand ça arrive aux autres, on se dit qu'après tout, c'est normal, que les grands-mères, c'est fait pour partir. Pour faire des confitures aussi, mais surtout pour nous quitter un jour. Mais quand ça nous arrive du jour au lendemain, on trouve encore le moyen d'être étonné, bouleversé, surpris et de se dire que "ce n'est pas possible" et "qu'on ne s'y attendait pas".

On ne sait pas être raisonnable. A 87 ans, on pense encore qu'elle a tout le temps. Qu'on a tout le temps. Et elle part avant qu'on lui ait demandé la recette de ses calamars à l'américaine et avant qu'elle nous explique comment (bien) monter des mailles. Maintenant, elle est sous une dalle de béton toute froide et il va falloir acheter le bouquin de Ginette Mathiot et Le tricot pour les nuls.

Maintenant, je sais qu'il faut toujours s'y attendre, jusqu'à ce que j'oublie, parce qu'on ne peut pas vivre en disant tous les jours que demain, peut-être, l'autre ne sera plus là. On ne peut pas toujours se dire au revoir comme si c'était la dernière fois. Mais ce matin, quand je ne me suis réveillée et que j'ai vu que ma soeur, partie aux aurores, ne m'avait pas dit au revoir pour ne pas me réveiller, j'ai espéré qu'il ne lui arrive rien, pour ne pas rester sur "ça", cette absence d'au revoir. On ne peut pas vivre en se disant qu'on va mourir, mais cette imprévoyance rend la mort encore plus douloureuse. Le seul moment réconfortant a été la cérémonie religieuse, et je ne sais pas comment font les non-croyants pour enterrer les leurs sans ce mince apaisement.

Maintenant, je sais ce qu'il faut faire et dire quand ça arrive aux autres. C'est la première fois que je perds un proche en ayant "l'âge de comprendre". Avant, je minimisais la douleur que pouvait ressentir mes amis dans cette situation. "Une grand-mère, c'est fait pour mourir". Avant, je préférais rester silencieuse, par pudeur, par peur de "remuer le couteau dans la plaie", par crainte de déranger. On ne dérange pas en réalité, on réconforte, et je remercie tous ceux qui ont été près de moi par leur présence ou leur pensée.

Alors voilà, c'est fini. Il faut se plonger dans le matériel : ranger l'appartement, faire le tri des affaires, déménager, nettoyer la cave, organiser les papiers. En réalité, non, ce n'est pas encore fini, pas pour nous.

14 février 2007

Détournement et contournement

Parce que tout ce qui occupe ma tête en ce moment est trop intime pour être raconté et me coince les sinus via les glandes lacrymales (et que j'en ai assez d'avoir les sinus encombrés depuis 6 jours)...

Parce que je déteste la dégoulinade mièvre de la Saint Valentin qui se transforme de plus en plus en concours du kitsch...

Parce que la première fois que j'ai fait un cadeau (kitsch : une bougie rose bonbon en forme de coeur avec "Je t'aime gros comme ça" écrit dessus) de Saint Valentin, il a été balancé par son destinataire âgé de 9 ans par la fenêtre de l'école (et pas uniquement parce qu'il le trouvait de très mauvais goût)...

Parce qu'avant, j'adorais cette fête, jusqu'à ce que mon premier amoureux me plaque le 14 février. J'avais 12 ans, il n'était pas franchement malin, mais ça marque quand même, quand on a 12 ans et qu'on aime la Saint Valentin...

Parce que cette pourriture de marketing me rappelle que ni hier, ni aujourd'hui, ni demain (mais après-demain peut-être, sait-on jamais), personne ne mumure de mots tendres à mon oreille, et qu'on a beau être une femme libérée et indépendante, de temps en temps, ça fait quand même du bien...

Parce que tout ça, je ne ferai qu'une chose aujourd'hui (si vous êtes une fille, parce que sinon, vous risquez de vous ennuyer légèrement) : vous renvoyer au billet écrit par Ron sur le blog d'Hélène. Un truc de filles quoi...

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06 février 2007

-34°C (billet "glamour un jour, glamour toujours")

Hier, il faisait, grâce à une légère et douce brise de Nord-Ouest -34°C. Pour ceux qui pensent que je débloque et qui n'ont pa suivi ma dernière actualité, regardez de temps en temps mon post-it là à gauche, ce n'est pas fait pour les chiens.

Non, je ne vais pas me lamenter tellement j'ai froid. D'une part parce que ça manquerait d'intérêt. D'autre part parce que je l'ai choisi. Et en troisième part, parce que ce serait faux. Malgré ma frilosité légendaire, je n'ai pas froid. Remarquez, pour ça, je prends 10kg dès que je m'habille, en remerciant définitivement les animaux de bien vouloir nous prêter leurs poils. Sous mes 24 couches de vêtements, on devine que je suis une fille (parce que j'ai un sac à main). Mais rien n'est sûr. En même temps, on s'en fiche : je ne connais personne à Montréal et tout le monde fait pareil.

Cette température fort exotique a mes yeux a été l'occasion pour moi de faire quelques expériences scientifiques à narrer ici-même. Car oui, je le sais, vous vous demandez "aloooooooooors, ça fait quoi de mettre le nez dehors par -34°C ?". Au passage, si je rajoute toujours C derrière °, c'est pour souligner que je parle bien de celsius et non de fahrenheit. Ce qui est une différence de taille.

Ce qui change entre -10° (Berlin) et -34° (Montréal) n'est pas évident au premier abord. Quand il fait froid, il fait froid. Et quand il y a de la neige, elle est toujours blanche. OUI MAIS. Quand on dit mettre le nez dehors, l'expression est fort bien choisi. Car le premier à sentir la différence est justement le nez. Ou plutôt l'intérieur du nez. Oh non, bien évidemment, je suis une fille, je n'ai jamais de crottes de nez voyons. Mais mon nez est, comme toute muqueuse, hydraté de l'intérieur de façon permanente et légère par un liquide quelconque (celui qui coule de façon irrépressible en début de rhume avant de vous empêcher de respirer). D'ailleurs, Wikipédia le dit bien : "La muqueuse qui tapisse les fosses nasales est riche en vaisseaux sanguins, d'où sa couleur rose. Elle renferme de nombreuses glandes à mucus qui la maintiennent constamment humide. Cette muqueuse réchauffe, humidifie et filtre partiellement l'air inspiré." Bon, là, vous devez voir de quoi je parle. En général, quand on n'est pas enrhumé, on n'y pense même pas. Mais quand vous sortez et qu'il fait -34°C, vous y pensez immédiatement. Pourquoi ? Parce que ça gèle... Et oui, hier soir, glamour un jour glamour toujours, j'avais des glaçons dans le nez. Et ce n'est pas très agréable.

Ensuite, pour vous lecteurs, j'ai fait une expérience scientifique dont je rêvais de voir en vrai les résultats. J'avais entendu un jour qu'en dessous de -20°C, tout crachat était gelé avant d'atteindre le sol. Bien évidemment, je ne crache jamais, mais hier soir, la science m'a appelée. Glamour un jou, glamour toujours, j'ai craché dans la rue en attendant le bus (oh ça va hein, c'était purement SCIEN-TI-FIQUE et il n'y avait personne). Et bien je dois dire : la science nous a menti, c'est faux. A moins d'être sur un télésiège très très haut (le temps de chute est alors plus long). A moins que je ne sois à plus de 37°, faussant les hypothèses de base. En tout cas, ça n'a pas marché.

Là, vous devez vous imaginer un bibendum informe avec des stalactites de mucus en train de cracher, et vous ne comprenez vraiment pas pourquoi ce billet est glamour un jour, glamour toujours. Si les deux premières expériences biologiques donnaient une petite touche ironique à son titre, il n'en est rien de la troisième expérience : les lèvres. A peine sortie, je les sens s'engourdir, je n'arrive plus à articuler, j'ai l'impression d'avoir bu des litres de Molson. Je décide de ne plus parler. Et comme vous le savez, rien de tel que le silence pour être mystérieuse, et donc glamour. 1 point. Je rentre, j'enlève mes pelures d'oignons, je vais appliquer un cataplasme de crème apaisante sur mes joues qui ressemblent à du bacon (glamour un jour etc). Et là, je remarque que j'ai les lèvres d'Emmanuelle Béart après opération. Une bouche mes enfants... on en mangerait. Bon, faut faire abstraction du bacon autour. Mais sinon, je vous assure que ça bat tous les gloss repulpeur de pulpe et volumisateur de volume. Un bon -34°C, et on peut sauter la case collagène (silicone ? Qu'est-ce qu'on met dans les lèvres ??). Si les lèvres sont contentes sur le coup, ça ne dure pas et pour éviter le fendillement mortel, il faut ensuite passer la soirée avec un masque de graisse.

Non, y a pas à dire, le froid, c'est ultra glamour...

01 février 2007

Le jour où j'ai rencontré mon premier énarque

Quand on veut faire partie de cette noble secte, la première rencontre avec un énarque est au moins aussi chargée en émotion que lorsqu'un élève de la Starak rencontre pour la première fois Pascal Obispo. Après la fin de la saison, les apprentis-stars sont tellement blasés que Madonna, Elton John et Aznavour réunis ne leur font plus aucun effet. De toute façon, ce sont devenus des potes et plus des idoles. Les énarques et moi, c'est un peu ça aussi. Mon premier a été un grand moment. Maintenant que j'en vois tous les jours et que mes amis en sont, ça ne me fait plus grand chose.

Mon premier énarque, je l'ai rencontré en stage. C'était mon premier vrai stage dans une ambassade, et j'étais très fière d'avoir décroché cette expérience de rêve toute seule comme une grande. Je venais de laisser ma première année de majorité derrière moi, j'étais un jeune et frêle esquif prêt à changer le monde.

En réalité, pour mes premiers jours, j'étais dans mes petits souliers, et je n'avais aucune idée de la façon dont tout cela pouvait bien fonctionner. Pour commencer, je n'avais aucune idée de l'heure à laquelle arriver, en l'absence de consignes de ma chef. Je décidai que 8h30 serait un horaire approprié, ignorant alors que les us et coutumes du poste diplomatique, et en particulier ceux de ma chef, étaient nettement plus tardifs.

Plantée comme un piquet au milieu de l'accueil de l'ambassade, j'attendais que quelque chose se passe, qu'on vienne me chercher par la main et qu'on me dise que "tout allait bien se passer". Une secrétaire a fini par prendre pitié de moi et a appelé une autre stagiaire pour m'occuper. A alors déboulé celle qui allait devenir plus tard la complice de folles soirées de salsa et de dejeuners mexicains endiablés, de sorties à Bratislava et de pauses-cafés bavardes. Pleine d'énergie et le sourire jusqu'aux lèvres, elle m'a rassurée : je n'allais donc pas, contrairement à mon micro-stage précédent, être la seule de moins de 50 ans à 10km à la ronde, et j'aurais des gens avec qui parler d'autre chose que des meilleures écoles de musique de la région.

Je suis encore engoncée dans ma timidité, mais elle me déride, me parle de ce qu'elle fait, des collègues, des autres stagiaires. "Ah bah tiens, justement, voici Gustave, le stagiaire ENA". A ces mots, mes jambes ont flanché, et j'ai senti que j'entrais dans une transe comparable à celle des fans de M. Pokora qui le voient enfin en concert. Moi, Coco, j'allais enfin rencontrer mon premier énarque... le moment était chargé d'émotion.

Là, vous devez vous dire que je suis quand même sacrément cruchotte. Vous n'avez pas tort. Enfin pas cruchotte mais très facilement impressionnable, c'est certain. Je croyais encore que pour être énarque, il fallait être hors du commun. Je sais maintenant que la plupart sont des gens relativement normaux. En tout cas, ce ne sont pas des gens anormalement anormaux. Ils sont normalement anormaux vous voyez. Ils ne sont pas comme tout le monde, mais dans leur genre, ils sont comme tout le monde. Bref, j'ai relativisé depuis. Mais ce matin-là, je ne relativisais pas du tout. Allait-il me parler ? S'abaisser jusqu'à me dire bonjour ?

Il a poussé la porte, et mon reste de jambes en guimauve a définitivement défailli : en plus d'être énarque, il était beau comme un Dieu. Coiffé comme un énarque certes (id est avec la raie sur le côté) mais sa petite vague naturelle lui donnait un air légèrement mutin. Il avait des traits fins et le plus beau sourire que j'aie jamais vu (il détient encore et toujours la palme d'or du sourire aujourd'hui). Et il m'a même dit bonjour. Pire : il a proposé que nous allions déjeuner ensemble, tous les trois, comme de vieux copains. A cette seconde précise, j'ai décidé qu'il deviendrait mon nouvel idéal masculin.

Forcément, le coup du "je suis béate d'admiration devant toi dès que tu ouvres la bouche ou bats d'un cil et je suis prête à devenir ta serpillère si tu le veux" n'a pas vraiment marché. On connaît mieux pour se rendre inaccessible. Et puis même si ça avait marché, notre relation aurait tourné court : j'étais tellement impressionnée devant lui que je n'osais ouvrir la bouche, et il détestait mon parfum. Nous partions mal.

J'ai appris un peu plus tard deux ou trois autres "détails" sur lui qui m'ont définitivement convaincue que nous n'étions pas du même monde, et que même mon idée de devenir sa serpillère était ridiculement déplacée. J'ai abandonné, après m'être ridiculisée un certain nombre de fois. Ne rigolez pas mesdemoiselles, je suis certaine que vous n'auriez pas fait mieux. Le statut de groupie aide rarement en définitive à se présenter sous son meilleur jour.

Depuis, j'ai connu beaucoup d'autres énarques : des hommes ou des femmes, des sympas ou des hautains, des intelligents ou des idiots, des cultivés ou des travailleurs, des beaux parleurs ou des timides maladifs, des beaux ou des moins beaux... qui ne me font plus aucun effet. Il y a autant de types d'énarques que d'énarques même. Mais celui-ci aura toujours le privilège d'avoir été le premier, et un premier énarque, dans une vie de jeune fille, ça compte.