22 mars 2007

Les goûts changent (mais pas toujours)

Il y a onze ans, jour pour jour et sans doute heure pour heure (grosso modo), j'embrassais mon premier garçon. Enfin le premier vrai qui comptait. J'avais 12 ans, et comme à cet âge-là, tout est passionné, il comptait depuis notre rencontre, soit 4 jours plus tôt.

C'était à la boum de fin de classe de mer à Cancale. Il s'appelait Matthieu, il m'avait invitée à danser un slow sur Gangsta's Paradise de Coolio (et oui, 1996 en force) et pendant notre danse, j'avais pu sentir dans son cou la douce effluve du Brut de Fabergé dont il s'était aspergé.

Notre merveilleuse histoire d'amour-pour-toujours a duré une petite semaine. J'ai ensuite passé des nuits à pleurer en écoutant Coolio et en me rappelant de son parfum. Aujourd'hui, ni cette mauvaise reprise de Stevie Wonder ni Fabergé ne m'émeuvent plus, et auraient même plutôt tendance à me faire fuir.

Heureusement, tous mes goûts ne changent pas. Je sors tout juste d'une soirée ciné avec Anne. Bravant les critiques médiocres et mes craintes d'être déçue, j'ai été voir avec elle Ensemble c'est tout, tiré du roman éponyme d'Anna Gavalda dont j'ai déjà parlé rapidement ici et aussi .

Pour la première fois de ma vie, je trouve que le film est presque aussi bien qu le livre. Il manque bien un tout petit truc, le sens du détail encore plus raffiné, mais qui est tout simplement impossible à rendre au cinéma. Etant donné les contraintes et mes attentes, je dirais que Claude Berri est parvenu à atteindre un optimum tout à fait parétien. En bref : je recommande.

Les acteurs sont bons, les morceaux choisis sont judicieux, les images sont belles. On peut dire ce qu'on veut, qu'Anne Gavalda, "ce n'est pas de la grande littérature" (avec petit air de dédain de celui qui sait de quoi il parle), je trouve qu'avoir le pouvoir de rendre les gens un peu plus légers et un peu plus heureux réclame un sacré talent. Chacun de ses livres est une petite pépite. Et je n'ai absolument aucune honte à faire cohabiter les romans d'Anna Gavalda avec les poèmes de Neruda ou les réflexions tordues de Kerikegaard.

Que les gens qui n'aiment que la grande littérature continuent à s'emmerder sans moi en se forçant à lire des pavés insipides mais reconnus. Et qu'ils s'attaquent plutôt à Marc Lévy...

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