29 décembre 2006

Aveu

Souvent, je commence mes phrases par "non, je ne suis pas psychorigide mais...". Florilège :

Non, je ne suis pas psychorigide mais... j'aime bien que mes livres soient rangés par ordre alphabétique et par collection. Ce n'est pas de la psychorigidité : l'ordre alphabétique, c'est pour trouver plus vite et la collection, c'est parce que c'est plus joli. Et je ne suis pas maniaque puisque pour le reste, je suis "bordélique pathologique" selon Dieu le Père.

Je ne suis pas pas psychorigide mais... je ne supporte pas qu'on touche à mes CD si c'est pour ranger Bénébar dans le boîtier des Nocturnes de Fauré et mettre les Nocturnes face vers le plafond tout en haut de la pile. Enfin, en haut de la pile jusqu'à ce que mon coffret de la Traviata et celui d'Aretha Franklin viennent se rajouter par dessus. "Ah bon, il est rayé ?? Mais je ne comprends pas....". De toute façon, les CD, c'est démodé il paraît.

Je ne suis pas psychorigide mais... si j'ai décidé de faire quelque chose, je n'aime pas qu'on le fasse à ma place, même si ça m'arrange et si ça me facilite la vie. Parce que j'avais prévu de le faire et que je ne peux pas mettre en oeuvre mes planifications.

En fait, si, je suis psychorigide. Attention, je ne suis pas maniaque, ce n'est pas tout pareil. Je suis psychorigide parce que j'ai du mal à supporter que les choses ne se passent pas comme j'avais prévu qu'elles se déroulent. Quand je me repasse 20 fois dans la tête mon plan de la journée où chaque action s'enchaîne de façon bien huilée avec la précédente, et que d'un seul coup survient un petit grain de sable, je le ressens comme une contrariété suprême. Même si j'admets sans aucune difficulté qu'il s'agit d'un grain de sable agréable (une visite surprise, une rencontre inattendue, un génie venue réaliser 3 voeux...), je n'arrive pas à m'empêcher de me dire que "rien ne se passe comme prévu". Pas comme MOI je l'avais prévu en tous cas.

Bien sûr, je ne planifie mes journées de façon aussi serrée que lorsque j'ai un objectif précis et difficilement atteignable sans un minimum d'organisation, ce qui n'est après tout pas si fréquent. Et dans ces cas-là, je refuse de laisser la moindre place à l'improvisation (farce freudienne : j'avais lapsussé en commençant par écrire "organisation").

Mais quand tout ne se déroule pas selon mon petit plan personnel, je deviens facilement contrariée donc irritée donc insupportable avec mes (très) proches (je réserve ça généralement à un public averti, mais quelques spectateurs passifs ont parfois droit à une petite démonstration), considérant toutes les alternatives de secours comme nécessairement moins bien que ma solution absolument parfaite de départ. Je suis encore plus cassante et caustique que d'habitude, et là, ce n'est plus pour rire. Comme dirait Fab, dans ces cas-là, il faut se préparer à ramasser ses dents. En général, je regrette aussitôt ce que j'ai dit trop vite, trop brutalement, trop crûment.

C'est donc surtout pour les autres que ma psychorigidité est gênante. Elle ne m'encombre que lorsque je deviens involontairement méchante pour le plaisir inconscient de me défouler après un épisode de "contrariété". A chaque fois, j'ai envie de me foutre des baffes, ce qui ne m'empêche pas de ressortir une énormité blessante 2 minutes plus tard à ma victime du moment.

Je suis psychorigide mais je me soigne. Enfin, j'essaie. Et ma soeur est là pour la thérapie de choc, certes douleureuse mais parfois efficace. Douloureuse pour elle aussi, puisque c'est elle qui se prend tout dans les dents.

Ne désespérez pas, je serai (un jour peut-être) parfaitement fréquentable.

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