26 mars 2007

Finalement, le sport, ce n'est pas si mal que ça

Il y a quelques semaines, j'affichais au grand jour le conflit irréconciliable entre le sport et moi. Finalement, j'ai presque changé d'idée.

La semaine dernière, j'ai été voir au Ministère des Sports et de la Jeunesse un cousin maternel énarque, chargé par la famille de m'aider à y voir clair dans mon avenir, façon "Madame Irma cause au coin du feu". C'était très instructif. Non seulement pour les conseils qu'il m'a donnés, mais aussi pour l'intérêt de l'observation anthropologique que j'ai pu réaliser dans le hall d'entrée du Ministère. Une réalité saute immédiatement aux yeux : le Ministère a l'air de recruter plus d'anciens sportifs que d'énarques. Si vous vous demandez comme je sais ça, dites vous bien que les premiers font tout simplement deux fois la largeur d'épaules des seconds. La différence est assez nette.

Mais passons, ce n'est qu'un détail (qui prouve néanmoins que, d'une part, le sport sert à quelque chose, et que, d'autre part, l'épreuve de sport du concours de l'ENA est une vaste fumisterie qui ne sert à rien d'autre qu'à emmerder les élèves, à défaut de permettre de recruter des vrais sportifs). L'intérêt, c'est que, inspirée par cette rencontre, par l'ambiance du Ministère (Eurosport en boucle dans le hall d'entrée) et par les sirènes du marketing, je me suis engouffrée dans le Décathlon judicieusement situé juste à côté du Ministère sus-cité.

J'en suis ressortie avec ce que je visais depuis si longtemps, un article que je n'avais pas acheté depuis le collège, un modèle à la fois confortable et presque élégant (le côté rose et argenté voyez vous).

Tous les jours, je croise des gens qui pensent avoir l'air plus malin, plus chic ou plus riche en se baladant avec des sacs en papier de grandes marques, mais tellement éculés que leur propriétaire est plus pathétique qu'autre chose. Je pense qu'en sortant de chez Décathlon avec mon sac, j'étais à peu près aussi fière (pour pas grand-chose) que ces snobs du sac en papier de luxe mais miteux.

Le lendemain matin, après une verticalisation tôtive et avec un beau temps en perspective, je me dis que ma nouvelle acquisition est définitivement digne d'être inaugurée. Sans collier ni jogging rose, je suis partie en mode "marche rapide". Oui, je voulais arriver vivante à ma destination finale, là où je voulais vraiment courir un peu. Or, étant donné que je n'ai pas tenté de courir depuis 5 ans, j'y suis allée mollo. Et si j'avais attaqué direct sur le jogging, je n'aurais jamais réussi à atteindre le parc où je voulais commencer à narguer Christine Aron. [En fait, ce n'est pas du tout ça. Je suis une sportive ultra-chevronnée qui avance masquée, et je voulais juste éviter de me claquer un muscle en me lançant sans échauffement.]

Une fois arrivée sur place, je commence à trotter doucement. Je sens arriver dans mon dos un groupe de rapides, qui me prennent en tenaille pour me dépasser en moins de deux. Je trouve la manoeuvre peu élégante : on n'est pas obligé de me mettre ma médiocrité sous le nez de cette façon...

Oui, mais... à peine dépassée, je remarque que, si la manoeuvre n'est pas élégante, le groupe de rapides en petits shorts ne manquent quant à lui pas de charme. Je lève la tête (je regardais mes pieds, bien sûr) pour découvrir que ce sont mes voisins les sapeurs pompiers. Je leur trouve soudain toutes les excuses du monde pour avoir osé me dépasser. A peine commençaient-ils à s'éloigner qu'un deuxième groupe de pompiers me dépasse, en cyclistes moulants cette fois-ci (moins plaisants). Un troisième (en shorts). A ma gauche, un autre petit groupe prend le chemin de traverse. Je peux faire un arrêt cardiaque en toute tranquillité, je suis bien entourée.

Finalement, j'ai appris que :
- 9 heures était l'heure du jogging pour les pompiers
- mes baskets sont tout à fait ce qu'il me fallait
- aller se bouger les fesses par un grand soleil n'est pas si désagréable que ça
- il faut vraiment que je recommence si je veux un jour réussir à appeler ça "jogging" sans rougir devant l'exagération éhontée de mes performances

Mais là, ben... il fait trop froid. Mais bien sûr. Et quand il fait froid, ça brûle les bronches et tout et tout. Et même pour toute une caserne, ça ne vaut pas le coup !

PS / ne vous méprenez pas, loin de moi l'idée du fantasme de l'uniforme... Ce que j'apprécie chez les pompiers n'est pas du tout leur statut mais leur stature. Nuance !

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