07 décembre 2006

Mes petites pilules roses

Depuis dix jours, je crache mes poumons à qui mieux-mieux (au passage : mais que veut dire cette expression ??!). Ce n'est pas très grave, j'ai l'habitude, ça me rappelle mon enfance, quand j'étais malade un jour sur deux. En fait, j'avais un programme bien réglé : jusqu'à mon année de CM1, j'allais à l'école lundi et mardi. Mardi soir, je commençais à être malade (parce que le lundi, on avait piscine). Mercredi, jeudi et vendredi, j'étais malade. Je retournais le samedi à l'école, histoire de récupérer les cours, les devoirs et de revoir les copines avant le week-end. Et la semaine suivante, on recommençait.

Ne pleurez pas dans les chaumières, je crois que ce rythme me convenait assez bien. De toute façon, je m'ennuyais à l'école. Quand je restais la maison avec mes angines, je buvais du lait chaud au miel dans lequel je trempais des boudoirs. J'apprenais la vie en regardant Amour, gloire et beauté emmitouflée dans des édredons. Quand je revenais à l'école, les copines me faisaient un briefing rapide de tout ce qui s'était passé en mon absence. Gertrude et Josette ont fait la paix et Marcel a même embrassé Simone sur la bouche et tout le monde s'est moqué d'eux après. Alors Simone a pleuré et Marcel a tapé Georges parce que c'est lui qui l'a dit à tout le monde. Les cours de récré, en fait, c'est exactement comme Amour, gloire et beauté, les seins refaits en moins.

En ce moment, forcément, je trouve ça moins drôle d'être malade. J'ai raté plein de cours qu'il faut que je rattrape, j'ai embêté toute une salle de théâtre par mes bruits disgracieux, j'ai passé des heures à dormir sans être plus reposée qu'avant. En somme, j'ai perdu mon temps tout en étant un nuisible social. Bingo.

Comme j'allais mieux, j'ai décidé de revenir sur les bancs des amphis. Bon, ça allait mieux, mais je n'étais pas encore sauvée complètement, ce qui m'a valu une remarque assassine d'une charmante voisine de cours. "Nan mais quand on ne peut pas s'empêcher de faire de bruit, au moins on s'abstient de venir emmerder les autres hein. Si tu peux pas t'arrêter de tousser, tu restes chez toi et tu viens pas faire chier." C'est sûr que demander comme ça, je ne pouvais que suivre son conseil...

Au cours suivant, je sors mes petites pilules roses qui devraient miraculeusement me permettre de redevenir une compagnie sonore presque agréable. La nana, qui n'avait donc pas dû être si gênée que ça, s'était remise à côté de moi. Elle me défie du regard, les yeux brillants de la griserie de la victoire, et me sort "ah bah enfin, tu te décides à faire quelque chose".

Je ne sais pas pourquoi, mais à cet instant précis, j'ai eu envie de la titiller. Je ne l'ai jamais particulièrement appréciée, sans la connaître vraiment, mais là, je me suis sentie pousser une vocation soudaine de perversité. J'ai pris mon air le plus profond, et je lui ai dit, d'un ton faussement gêné "ah ça ? Non, en fait, c'est juste que si je ne les prends pas, j'ai envie de tuer des gens", tout en lui faisant un grand sourire angélique.

Je pensais qu'elle me dirait "pauvre conne" et qu'elle se retournerait, bien décidée à me détester jusqu'à la fin de ses jours. Mais cette dinde... elle m'a crue... Elle a murmuré "Oh je suis vraiment désolée", d'un air mi-apitoyé mi-effrayé. Faut quand même en tenir une sacrée couche non ? Maintenant, je choisirai mieux les gens à qui je veux faire des blagues...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais Sopherl, tu racontes une histoire ijnventé là, non? Ce n´est pas possible que qqn soit aussi méchante et puis aussi conne!
Ce sont des hallucinations de rhume ou quoi??

Bises, qqn dans un semblable état...