25 juin 2007

Le scan test de la hype

Il y a un truc que tout le monde dit que c'est parisien alors qu'en fait, pas du tout, c'est juste snob, donc oui, y en a Paris, mais dans toutes les grandes villes aussi. Enfin dans toutes les grandes villes un peu chicos. Dans les quelques villes que j'ai visitées, il n'y a guère qu'à Berlin, Montréal et Vilnius que je n'y ai pas été confrontée. En même temps, pour Vilnius, c'est peut-être juste parce que je suis restée dans le ghetto juif et dans la fac de droit. Et qu'il faisait -20°. Pour le ghetto, je parle de l'ancien ghetto, il n'est plus en activité, et pas seulement parce qu'il n'y a pratiquement plus de Juifs dans la Jérusalem du Nord. Enfin bref, revenons à nos chèvres à cachemire.

Donc ce truc ultra-parisien, mais pas que parisien, c'est le très fameux "scan test de la hype". En gros, vous sortez dans la rue (marche principalement pour les filles, mais aussi très bien pour les garçons dans certains quartiers et à l'entrée des boîtes de nuit). En général, vous vous retrouvez nez à nez avec une greluche. Qui vous regarde de côté. Elle a un sourcil levé, le menton toujours très haut, ce qui lui permet de vous regarder de côté, mais aussi de haut et par en dessous, tout ça à la fois.

Elle commence par votre visage. Ensuite, elle descend très vite : les chaussures, le plus révélateur. Son regard remonte, s'attarde sur les fesses pour vérifier d'un coup d'oeil si vous avez fait votre power-plate cette semaine ou non. En 2 millisecondes, son opinion est faite. Elle jette les épaules en arrière, pousse un petit soupir, et se retourne. Le scan test de la hype est fini. Je crois que je ne passe jamais le test (sauf si le petit soupir est une manifestation d'aigreur et de jalousie).

En même temps, ça ne me chiffonne pas plus que ça, puisqu'en général, la hype, je trouve ça grotesque. J'ai décidé ça définitivement depuis que j'ai pris le bus avec Lou Doillon (oui Lou Doillon prend le bus, et avant, j'habitais à côté de chez elle), icône de le hype je crois bien. J'ai d'abord cru qu'un éboueur en voie de clochardisation s'était assis à côté de moi. Puis j'ai vu dépasser des leggings violets à paillettes et des chaussures certainement aussi chères qu'immondes. Et là, je l'ai reconnue.

Autre icône de la hype : une copine de copine que je croise de temps en temps en soirée. Enfin, que je croisais quand elle avait 16 ans. Maintenant, elle est mannequin (alors qu'en vrai, elle est même pas belle, croix de bois crois de fer si je mens j'vais pas à la mer). Son mec est un jeune prodige de la photographie à NYC. Son père est styliste. Enfin bref, la hype pur. La dernière fois que je l'ai vue, elle se baladait Place Saint Michel en tutu de danseuse pour tout habit. Au dernier anniversaire en date, elle avait une peau de bête made in Larzac vintage (il faisait 38°) sur une robe chemise de nuit. Et des santiags. La hype quoi.

Tout ça pour vous dire que d'habitude, le scan test de la hype, je m'en fous. Mais le scan test de la hype auquel j'ai eu droit il y a quelques jours m'a glacé le sang. Je devrais être habituée, mais celui-là m'a véritablement déshabillée. Il était plus froid que tous les autres. Cette gamine de 2 ans à tout casser, là, dans sa poussette, m'a regardée comme si j'étais une vache aux comices agricoles de Madame Bovary.

Inconsciente de la portée de son geste, qu'elle ne faisait sans doute que mimer, elle n'avait pas la fausse pudeur de la fausse discrétion des autres greluches. Elle m'a détaillée, de haut en bas et de bas en haut, en prenant son temps, d'un regard de pic à glace. Elle a eu un haussement d'épaule, et a rapidement détourné la tête, comme si ce qu'elle venait de voir l'avait profondément dégoûtée.

J'ai levé la tête au-dessus de la poussette, et j'ai furtivement cru voir que sa mère faire exactement de même avec moi et arriver au même résultat.

17 commentaires:

Anonyme a dit…

man dieuuu :)
je crois que je fais ça ...

mais je suis pas hype moi :)
loin de la :)
juste que j'aime bien voir comment les gens s'habillent et les juger :)
c'est mauvais?? lol

Anonyme a dit…

La hype je l'ai fait quand j'etais jeune et beau, il y a de ca longtemps dans une galaxie far, far away (1 annee civile= 5 annees gays, remember?) et tres vite on se rend compte qu'il y a toujours quelqu'un de plus hype ("hyper", donc) que soi et on se mange un vieux mur qui passait pas la et on ramasse ses dents.

A Londres je croise encore de ces regards comme ta gamine de 2 ans, c'est une question d'education... a l'evidence!
(On est au dessus de ca, anyway...)

Anonyme a dit…

Hype, alors c'est ça ce fameux mot qui traîne partout en ce moment?
Je suis loin, très loin de la capitale.
Ici, un petit semblant de scan, c'est la commère de 112 ans qui me mate à travers ses volets et ses culs de bouteille.
Et c'est vrai que des fois, ça me vexe, ah-ah-ah-ahhhh.
Des bizettes

Anonyme a dit…

rien à voir avec la hype mais mon petit loup (avait moins de 2 ans à l'époque) a regardé un jour avec un air de dédain extrème un jeune pas net aux abords d'un parc assez mal fréquenté.
Crois le ou non mais il a fallu que je calme le grand con avec beaucoup de diplomatie pour qu'il ne se branche pas avec... mon fils !

Mademoiselle Coco a dit…

Woab > attention, tu vas être bientôt condamnée à quelques séances de flagellation nocturne si ça continue :D

Fab > oui, il existe toujours qqn de hyper. Et tu as raison, nous sommes bien au dessus de ça. J'aime beaucoup la compatibilité gay des années, je ne connaissais pas l'équation.

Mélina > tant qu'à faire, je préfère être jugée pour mes actes (même lorsqu'ils ne regardent pas les autres) que pour ce que je porte (pour que les autres me regardent). Etrange non ?

Vally > en même temps, je dois avouer avoir eu une furieuse envie de dire deux mots de politesse à cette jeune fille. Mais de là à m'attaquer à elle, non ;=)

Laurenn a dit…

Tu sais, ce n'est pas la 1ère fois que je vois ça et que je l'ai rencontré dans ma vie. Si au départ, je me suis sentie blessée parce que j'aurais bien voulu faire partie de la bande, au final, je suis heureuse de ne pas y avoir succombé pour plusieurs raisons :

déjà, la hype, je trouve ça super nul, ensuite, se faire juger seulement pour ses fringues (ie le paraître) c'est encore plus nul, parce qu'on vaut plus que cela, et toc !

Enfin, et en plus, en général, ce genre d'attitude n'est juste que l'expression d'une jalousie à peine feinte parce que tu assumes toi qui tu es, ce que tu es, comment tu vis, t'habilles, bref tes propres choix de vie, de style de vie et je crois que juste pour ça, y a pas photo, rester moi en vaut juste 200 mille milliard de fois mieux !

@++

PS : désolée, je me suis un peu énervée, et c'est long... Mais ton post est super !

Anonyme a dit…

"La mode est une forme de laideur si fatiguante qu'il faut en changer tous les trois mois." Oscar Wilde

Un jour, revenant de la Défense dans le RER, après un entretien informel avec mes futurs employeurs (je n'étais pas en costume), un type assis face à moi a commencé une pantomime ahurissante, destinée sans l'ombre d'un doute à me faire savoir qu'il trouvait mon polo (de marque kappa, truc sportif sans prétention...) totalement pitoyable (était-ce la coupe, la marque?...), le tout sans réellement m'adresser la parole. Riant dans sa barbe, se parlant à lui-même de façon presque audible, me dévisageant avec un sourire narquois puis plongeant le regard vers ses pieds en feignant l'hilarité, encore et encore... J'ai failli exploser, et me livrer au discours de colère conventionnel et stupide des gens qui peuvent opposer une certaine réussite académique au commun des mortels : "Qui es-tu pour me juger, tu crois réellement que les habits sont ce qu'il y a de plus important, et puis tu sais ce que j'ai fait comme études, un type comme toi n'aura jamais d'autres satisfactions dans sa vie que la marque de ses pompes, etc..."
Et puis j'ai subitement réalisé que je venais quasiment de conclure une embauche, que je rentrais peinard voir des potes, que j'avais dans les mains le rivage des Syrtes de Gracq, et que depuis 10 minutes ce triste individu était en train de faire tourner son existence autour du polo d'une personne qu'il ne reverrait jamais plus, et plus désolant encore que ce non-évènement allait peut-être lui faire sa journée. Alors j'ai gardé mon speech pour moi, ouvert mon Gracq, terminé la fantastique prédication de Noël, et je ne me suis même pas rendu compte du moment où il est parti. Et je mets toujours mon polo.

PS : quand même, une fillette de 2 ans... Tu ne serais pas un peu "insecure" sur ta façon de t'habiller? Si un gamin de cet âge me dévisage, je penserais à n'importe quoi plutôt qu'au fait qu'il est en train de juger ma tenue...

Mademoiselle Coco a dit…

Laurenn > d'habitude je m'en contrefous. Là, ce qui m'a glacée n'est pas d'avoir été. Mais que cette petite fille ait déjà, consciemment ou pas, ce réflexe... Pis sinon, il n'y a aucun problème ni pour s'énerver ni pour laisser de longs commentaires ici ;-)

Denys > superbe la citation de Wilde ! Pas mal non plus l'histoire du polo. J'ai aussi tendance à me dire que les scanneurs doivent avoir une vie bien triste et vide pour avoir ce genre de satisfactions. Pour ton PS, non, je ne suis pas particulièrement "insecure". Cf. supra (réponse à Laurenn) sur ce qui m'a VRAIMENT gênée dans cette histoire !

Anonyme a dit…

Alors ça y est, j'ai la solution définitive, et elle est toute simple. Comme toutes les femmes, Mademoiselle Coco, tu regardes tout simplement trop les enfants. Et parmi le millier de charmants bambins qui te feront risette, les yeux embués d'enthousiasme de te voir leur sourire, les lois implacables de la statistique (un mouvement brownien n'est pas borné) font qu'il va se trouver une au moins fillette, développant déjà des ferments de pathologie asociale tendance fahion victim, qui va te jeter un regard glacial et te laisser en état de choc pour la journée :-)...
La solution : regarde moins les enfants, et plus les hommes (leur scan en général traduit plus la convoitise que le dédain) :-D

CQFD

PS : ton foutu blog m'a empêché de ficher correctement mon manuel de QI ce soir, j'espère que tu as honte, que tu t'en veux, et que ça t'empêchera de dormir, na! :-)
PPS : je crois que je craque

Mademoiselle Coco a dit…

Denys > formidable démonstration. Je tâcherai de me tenir à ton conseil. A part ça, dis moi, t'en fais quoi de mon blog au juste ? Parce que pour qu'un petit billet de rien du tout te fasse la soirée... Et puis franchement, les QI, c'est ce qu'il y a de meilleur (pour les non-initiés, je ne parle pas de matière grise). Et à part ça bis, ce n'est pas du tout le moment de craquer. Eventuellement de prendre des vacances, mais pas de craquer !! C'est interdit en Cocoland ça.

Anonyme a dit…

Bah vois-tu, j'imprime chaque billet de ton blog, je fais tremper les feuilles dans une solution collante, j'en fais des balles de papier mâché, et avec ce matériau je réalise des sculptures type Nikki de Saint-Phalle, transformant ta prose et celle de tes lecteurs en une véritable oeuvre d'art matérialisant les vagabondages de la pensée...
Bon lol, non j'en fais rien de spécial, mais avant-hier comme la discussion sur la hype m'amusait (comme en témoigne la fréquence et la longueur de mes réponses), et que je travaillais devant mon PC, j'avoue que plutôt que de vagabonder sur le Monde ou les Echos comme je fais d'habitude quand je fais une pause de fichage, j'ai traîné sur ton blog attendant les réactions des uns et des autres, et surtout les tiennes. Voilà. Et je me suis retrouvé à faire plus de pauses que prévu. D'où ma tentative, vaine je le vois bien, de me défausser de mes responsabilités sur ta pauvre personne innocente.
Sinon merci (encore) pour tes encouragements, j'ai comme l'impression que tu as une certaine prédisposition pour le coaching... Si tu as besoin de te remotiver (mais j'en doute), lol, n'hésite pas à le faire savoir par un billet un jour, je me ferai un plaisir de te renvoyer l'ascenseur :-)

PS : j'aime pas les QI, j'y connais rien, et c'est du bourrage de crâne! Vive l'économie, là il y a matière à raisonner au moins (provocation gratuite)...

Mademoiselle Coco a dit…

Denys > tu as plus de chance ce soir, je suis juste devant mon écran, t'évitant une nouvelle soirée de pauses-glandouille dont je serais une fois de plus reponsable ! Sache qu'en fait, tu peux me dire tout ce que tu veux, je ne culpabiliserai jamais. Car en réalité, c'est ma technique pour devenir reine du monde : je distrais les autres, je les empêche de bosser, et en septembre, personne ne connaît son GAJA. (et puis je mets d'énormes décolletés aux épreuves pour empêcher les garçons de se concentrer :D:D:D).

Si c'est vraiment ton opinion sur les QI et l'économie, je pense que nous sommes complémentaires alors !! J'ai l'opinion exactement inverse. Saloperie d'économie.

PS / Dommage pour Nikki, j'aurais aimé voir ça ;-)

Anonyme a dit…

Et c'est qu'en plus elle en serait capable, la Messaline...
Que le diable t'étripatouille si c'est vrai! C'est pas défendu par une convention de Genève ce genre de pratiques?
Enfin au moins, lol, ça permettra à tous tes admirateurs préparationnaires sur la toile de t'identifier lors du concours! A moins que tu ne sois pas la seule à user de ce vilain et déloyal stratagème...
Pour l'éco, ben désolé, mais c'est la seule discipline qui se rapproche un tant soit peu de mes compétences naturelles. Et pas de noms d'oiseaux à son sujet, un peu de tenue je vous prie, hein?

Mademoiselle Coco a dit…

Denys > Messaline, ça me fait tout de suite penser (on a les références qu'on peut) à "Femme des années 80" de Sardou. Un hymne de mon groupe de copines quand on avait 18 ans. Chacune avait son destin en couplet. L'une d'elle rêvait d'être "PDG en bas noir", l'autre de "rouler des patins au conscrit", la troisième voulait "major de promotion, parler 6 langues, ceinture marron", etc. Je te laisse deviner "mon" couplet ;-)

Je vois que tu progresses à vitesse grand V en QI. Pour le décolleté et le traitement inhumain et dégradant que cela peut constituer, je te dis "on se voit en septembre" !

Sinon, le droit tu sais, c'est très mathématique. C'est pour ça que j'aime ça d'ailleurs. C'est un jeu de lego en quelque sorte.

Anonyme a dit…

Cachez ce sein que je ne saurais voir... En bon faux dévôt (et en vrai chacal à esprit concours), si je vois des jeunes femmes indécentes en septembre, je me ferai un plaisir de les faire expulser sous le prétexte que cette chair impudiquement exposée est offensante pour mes convictions religieuses et que l'exigence de respect des convictions religieuses des usagers en rapport avec l'administration bla bla bla... Lors de mon bac, il y avait dans fluide glacial un faux tag à coller sur sa table pour faire annuler l'épreuve : il disait "mort aux..." et puis après il y avait toutes les provinces de France (poitevins, bretons, provencaux,...)...Pour être sûr que tu appartenais bien à une catégorie offensée... Trop drôle... Tu es prévenue (air sombre).
Sur Sardou : alors j'ai été voir, et il y a l'embarras du choix: parce qu'il y a "strip-teaseuse à corps perdu", ce qui est (apparemment) ta nouvelle identité en société... Il y a "enceinte jusqu'au fond des yeux qu'on a envie d'app'ler monsieur", ce qui est joliment néo-victorien (ou gay monoparental?)... Mais bon il en reste un qui a mes préférences. Tu veux t'installer à la présidence, et de là, faire...?

Et enfin attention : début de controverse qui, vu l'influence de ce blog sur l'opinion, risque de faire naître un débat violent dans l'espace public et de scinder la France en deux clans que les guerre de religion à côté c'est Marseille-PSG... ou pas...
Oui, j'ai déjà ouï cette prétention des juristes à trouver dans leur discipline une proximité avec les mathématiques. C'est assez compréhensible : c'est surtout la rigueur dont ils se targuent qui justifie cette analogie, tant dans la précision des termes que dans l'enchaînement logique et déductif des propositions.
Hé bien, et je le dis avec d'autant plus d'assurance que ma dominante à l'X était Mathématiques : c'est largement faux. Je pourrais détailler pourquoi, mais ce n'est pas le lieu. Disons juste que le raisonnemen juridique est davantage inductif que déductif, ce qui est source d'erreur. Et que la prétendue rigueur de définition des termes n'empêche pas le droit de se construire sur des notions elle-mêmes imprécises (le service public en est le meilleur exemple), à l'inverse des maths rigoureusement axiomatisées.
Attention, j'aime beaucoup le Droit Public! Même si je me sens un peu comme un prétendant éconduit face à lui, lol. Enfin bon ça fait juste 6 mois que j'en fais. J'aime beaucoup le rapport au langage de cette discipline, et
son objectif de rigueur n'est pas pour me déplaire, mais de là à dire que le droit est mathématique...
Voilà, sorry pour cette logorrhée assez joliment barbante

Mademoiselle Coco a dit…

Denys > je vois déjà les grands titres "L'ENA, la rencontre du chacal et du décolleté" ;-)

Pour le côté mathématique du droit public, je fais entièrement confiance à la science qui est de ton côté. En fait, je disais ça parce que moi, ça me fait penser à de la théorie musicale, et qu'on m'a toujours dit que la théorie musicale avait un faux ait de maths. Donc si A=B et que B=C, alors A=C, si tu vois ce que je veux dire.

Anonyme a dit…

bonsoir,

Pour cette histoire de scan, il n'est pas que dans "la hype". Le scan comme questionnement social intervient souvent, pour l'aparat comme par les mots usités, les espaces fréquentés, ... Jusqu'à où l'on va en vacance, ce que l'on lis, écoute, ... Est est toujours question d'appartenance sociale. Le scan est pafois violent, direct, ou sournois, mais le scan est toujours là.

Pour la déclaration sur le modus droit public ;-), vue de l'extérieur, c'est d'un délice ...

@+, Héloïm Sinclair