20 août 2007

The Real Life

Plus je travaille de la tête, plus j'ai envie de faire des choses de mes mains (roh arrêtez avec vos interprétations salaces). Je présume que l'inverse serait également vrai, mais n'est pas d'actualité.

Entre deux fournées d'arrêts du Tribunal administratif de Sainte Firmine les Brouettes, je me défoule comme je peux. Aujourd'hui, cannelés au programme. En fait, il y en a déjà eu hier, mais la première série a été dévorée avant même que je pense à prendre une photo.


Pour l'instant, ils sont plus beaux que bons, il leur manque un je ne sais quoi de texture. A travailler... Mais réussir ENFIN à faire quelque chose de productif, dont les résultats sont concrets et visibles (pour une fois), est suffisamment satisfaisant pour la journée.

Tout ça me rappelle la dialectique du maître et de l'esclave, ce qui n'est pas du tout bon signe. Je me fais moi-même peur parfois, par sursauts de lucidité. Je ne dirais pas que toute la vie peut être décryptée à travers le prisme d'une préparation à l'ENA (voilà la preuve que j'ai encore deux neurones sains). Mais quand on a la tête dans la guidon, la tentation est grande de ne tout interpréter que sous cet angle. (Vous voyez, là, ne serait-ce qu'en écrivant le mot "tentation", je visualise involontairement la partie de mon cours de culture générale sur la tentation de Saint Antoine, la Thébaïde, l'acédie, le récit de Flaubert et le tableau de Bosch. Je me persécute moi-même, ce qui est le début des ennuis).

A une amie qui m'expliquait que le père de son copain était un vrai gougnafier, je me suis entendue lui répondre que c'était parfaitement normal : le coût d'entrée dans la gougnafitude est élevé, mais le coût marginal de chaque gougnaferie est décroissant. Il est donc normal que le gougnafier le soit généralement en excès. C'est rarement les paroles de réconfort attendus par la personne qui vous parle. Je crois bien que c'est à cause de ce genre de propos que les autres étudiants de Sciences Po nous regardent toujours de façon un peu bizarre.

Avec 2 cm de recul, je crois que la principale qualité pour préparer un concours, quel qu'il soit, est la capacité à la schizophrénie tout en restant sain d'esprit. Savoir différencier le "moi qui prépare le concours" (qui ne vivra que 1, 2 voire 3 ans, et qui ne doit absolument pas sortir du placard, car il est insortable) et l' "autre moi" (en général, celui qui vit avant et après la préparation, mais doit surtout rester bien présent pendant la préparation, au risque de n'être définitivement remplacé par le "moi préparationnaire"). Et à votre avis, là, c'est lequel de mes deux moi qui vous parle ?!

12 commentaires:

Laurenn a dit…

C'est chouette de te lire de la sorte, et merci de me faire rire : j'aime beaucoup lorsque tu parles de la préparation de ton concours, j'ai l'impression de "revivre" l'année où j'ai présenté le CRFPA... Méméorable (d'échec au final) mais quand même, quelle aventure ! Donc, les arrêts de droit zdministratif, ça me parle beaucoup aussi et ton envie de faire des cannelés ne m'étonnent pas.. C'est l'année où je me suis mise au tricot et au point de croix... Comme quoi, réfléchir avec sa tête nous force à nous occuper les mains autrement..

Non, non, ce n'est pas obsetionnel, mais relatif à la préparation de ton concours ...

Bonne chance, bon courage et plein de réussite surtout (même si y a une vie après, si ratage..)

Alternatives républicaines a dit…

Ici c'est évidemment le moi intîme qui tente de survivre en écrivant.

Je me demande d'ailleurs si tu continueras à écrire lorsque tu auras passé ce concours. D'ailleurs c'est quand ? Depuis le temps que tu en parles ...

Ou peut-être qu'après tu tiendras en blog politique (qui sera certainement brillant) pour permettre au moi "préparationnaire" de continuer à vivre un peu ...

Anonyme a dit…

Mmmmhhhh... les canelés... du réconfort à l'état pur :)

Anonyme a dit…

Sur ce sujet là, il n'y a que deux alternatives : soit je tartine un roman, soit je ne dis rien.
Donc je ne dirai rien, excepté que quand les coûts marginaux sont décroissants, justement, en concurrence pure et parfaite, le paradoxe est que l'entreprise ne doit rien produire. Donc le gougnafier ne devrait pas gougnafer, sauf s'il sait qu'il dispose d'un pouvoir de marché (price making, situation monopolistique ou oligopolistique), auquel cas il est certes incité à gougnafer, mais très peu en regard du prix de vente.
Ayant fait ce commentaire pourri, il ne me reste plus qu'à réaliser avec effroi que je viens de confirmer le phénomène dont tu rends compte, et à aller pleurer dans ma salle de bain avec une serviette sur la tête. Non sans avoir préalablement mentionné que tes cannelés ont l'air terribles.

Anonyme a dit…

Mais tu arrêtes de nous faire chier avec tes putains de concours oui?
Alors que l'art gougniafier de faire des cannelés, ça, alors ça...
Tain, j'ai l'air de quoi moi, avec mon pauvre gâteau au yahourt?
Des bizettes et non, je n'ai pas eu le droit d'insérer les commentaires.... Pour le moment ;)

Mademoiselle Coco a dit…

Laurenn > merci pour les compliments, j'en rougis ! Le point de croix, c'est pour la semaine prochaine. Je pratique déjà assidument depuis très longtemps, mais j'ai laissé tomber depuis quelques temps. Je vais très bientôt avoir une excellente occasion de m'y remettre, dès que j'aurai acheté ma bande à broder. Je n'en dis pas plus, la surprise serait gâchée... Merci aussi pour les encouragements. Mon principal problème est en réalité d'être (trop) consciente qu'il y a une vie après un ratage.

Malakine > le concours est en septembre, un autre en octobre, peut-être des oraux, ou peut-être un deuxième tour de manège l'année prochaine... Il est certain que je continuerai à écrire ici après les avoir passés, tout comme il est certain que j'arrêterai si j'en réussis un : "devoir de réserve" oblige, malheureusement !

Mabile > oui, surtout avec une double dose de rhum. Hips !

Denys > oui sauf que par définition, on en est en situation de concurrence imparfaite en raison de fortes asymétries informationnelles : le consommateur ne sait qu'il a à faire à un gougnafier qu'après avoir consommé la gougnaferie. Le gougnafier est donc price maker, puisque le consommateur est incapable de déterminer lui-même le prix d'équilibre. A part ça, va chanter un petit Elvis dans ta salle de bains, tu verras, ça fait du bien ;-)

Mademoiselle Coco a dit…

Mélina > j'espère arrêter un jour, oui :D (arrêter de faire chier hein, pas arrêter les cannelés). Le gâteau au yaourt, c'est vachement bon. Surtout en prenant les Mamie Nova à la noix de coco (ça marche aussi pour faire des lassi et des milk shake mémorables).

Anonyme a dit…

le coup de l'étudiant préparationnaire aux mois multiples, c'est très très vrai! ah, souvenirs, souvenirs... moi je faisais de la pâtisserie en préparant l'agrèg et surtout du pain en cas de stress majeur. sinon je suppliais mes coloc de me laisser nettoyer le sol et les plaques électriques, cette année-là a été terrible pour ma féminitude militante!!

Anonyme a dit…

Je vois que tu connais bien ton cours sur la sélection adverse, lol. Je t'ai fait réviser, ça m'a fait plaisir, ne me remercie pas ;-)
Sinon, vu qu'apparemment il y a un marché pour les propos gougnafiers, tu peux me dire combien tu es prête à en donner? Non parce que les impôts viennent de me tomber dessus, et plutôt méchamment pour le peu que j'ai foutu (j'en ai le fondement tout écarlate) donc si ça a une valeur marchande, je suis disposé à en vendre, c'est facile à produire (cf le commentaire sur le steak tartare pour voir ce dont je suis capable).
Allez, comme produit d'appel, je propose la vanne sexiste à 1€. Des acheteurs? Eventuellement j'accepte une rémunération en gâteaux, ça n'aidera pas pour les impôts, mais ça réconforte quand même.

PS : je craque

Mademoiselle Coco a dit…

Mo > je te laisse imaginer ce que ça donne chez moi, plus victorienne que féministe, à la base ;-)

Denys > en même temps, la micro, je m'en tamponne quasiment... remarque, le gougnagier aurait également pu être traité sous l'angle "externalité négative", ce qui enlève de suite quelque pertinence à ton propos sur les impôts. Petit encouragement : tu te rends compte de tout ce que tu vas gagner en impôt, quand tu seras énarque et mal payé !! A part ça, "tu craques" version Denys ou version Coco ? (histoire que j'adapte ma réponse)

Anonyme a dit…

Je précise que le "tu connais bien ton cours,etc..." n'était pas ironique, pas plus que le lol (c'était juste le côté absurde d'une discussion d'éco par voie de commentaires que je trouvais marrant) - parce que j'ai l'impression de discerner un soupçon d'agacement dans ta réponse...
Tu as raison sur l'externalité, qui aurait d'ailleurs réduit l'ensemble de la discussion, et pas seulement mon propos, à néant.
Donc pas d'acheteur pour des gougnaferies pas chère? Je vais devoir taper dans mes réserves pour financer ma part des dépenses publiques? Dommage, je voulais m'acheter un perfecto en cuir pour rendre hommage au King.

PS : nan nan, je craque Denys style. Je ne vais pas aller élever des brebis dans le Larzac à 10 jours du début du massacre quand même!

Mademoiselle Coco a dit…

Denys > aucun agacement je te rassure ! Quand quelque chose m'agace (ce qui est très rare), je préfère ne pas relever, sauf en cas de trollisme aigu, ce qui ne semble pas être ton cas ;-) J'aurais d'ailleurs dû mettre ce genre de smiley débile dès le commentaire précédent... Je soulignais juste en signe d'humilité non-feinte que j'avais péniblement dû mobiliser mes connaissances de 1ère année de scpo pour faire une réponse convenable. Pour le King, commence par la banane gominée, l'investissement est moindre (et je ne dérape pas sur de la micro pour la raison sus-citée). Et puis évite de faire le compte à rebours, ça pourrait m'agacer (triple lol non-agacé)