13 juin 2007

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Depuis que je sais lire, grâce aux bons soins (énergiques) de ma soeur, je dévore tout ce qui ressemble à des lettres sur du papier. Moins que la dite soeur, qui était capable de lire l'annuaire plutôt que rien, et qui avait commandé pour ses 10 ans un abonnement au Point. Mais quand même, j'étais du genre à faire croire à mes parents que j'avais encore un impérieux besoin de veilleuse dans ma chambre pour m'endormir le soir, alors qu'en réalité, je ne faisais que l'utiliser pour lire après le couvre-feu réglementaire, en douce. J'adorais ces moments volés, cette impression de faire quelque chose d'interdit (bon, je sais, c'est soft dans le genre rébellion...).

A vrai dire, j'ai mainenant nettement moins envie de lire quand j'ai passé ma journée à le faire. J'en parlais avec un ami, qui de son côté n'a qu'un rêve après avoir lu le GAJA toute la journée : lire, pour s'évader. Mon drame personnel est que je n'ai même plus envie de lire. Mais je sais que ça reviendra, comme à Berlin, où libérée de ces séances fastidieuses de lecture pour le travail, je m'étais remise à manger des pages à longueur de soirées et de week ends.

Parce que les livres que j'ai lus m'ont vraiment formée, parler d'eux, c'est un peu parler de moi... Alors :

1. Le premier livre qui m'a marquée : si on exclut ce livre allemand sur le lapin de Pâques et ce livre sur la vie à la ferme sur lequel ma soeur m'a inculqué les bases de la lecture, le premier vrai "roman" de ma vie est celui que j'avais gagné avec mes premiers bons points du CP, transformés en petites images puis en grandes images. Il avait fallu sacrifier ma plus belle grande image pour l'avoir, mais ça valait le coup. Je ne sais pas combien de fois j'ai pu lire Helen, la petite fille du silence et de la nuit, l'histoire d'Helen Keller, mais je crois que je le connaissais par coeur à force.

2. Celui que je n'ai jamais pu terminer : Le Tambour, de Grass. Commencé en début d'année, toujours pas terminé. Je ne l'ai pas sorti de ma table de nuit depuis plusieurs mois. Pourtant, c'est un excellent bouquin, mais pour lequel il faut avoir des neurones frais, et pouvoir lire plus de 3 pages sans s'endormir. Parce que l'histoire est trop compliquée pour pouvoir être lue par bribes. Surtout quand on n'a pas les neurones frais. Un serpent mordeur de queue ce truc. Mais je ne desespère pas d'y parvenir un jour.

3. Celui que je relirais avec plaisir : Le Vice-Consul, de Duras. En quelque sorte, ma découverte du monde "diplomatique", d'un monde totalement désuet que ma naïveté a dès lors rêvé de connaître "pour de vrai".

4. Celui qui m'a déçue : Le Rouge et le Noir, de Stendhal. Ce Julien, censé être le héros par excellence, m'a été insupportable dès les premières lignes. Et passer autant de temps avec quelqu'un que l'on n'apprécie pas est une véritable torture, surtout quand tout le monde nous bassine en nous disant à quel point il est formidable. Ben non, ce n'est qu'un petit arriviste prétentieux et idéaliste, qui agit avant de réfléchir et embarque tout le monde dans sa galère (je sais, ma vision est un peu réductrice, c'est ce qui arrive quand un héros est vraiment antipathique).

5. L'auteur dont j'ai lu tous les livres : Roald Dahl, ceux pour enfants et les autres (nettement plus tendancieux ! Elle a bon dos la littérature enfantine !!). Et relire les livres pour enfants de Roald Dahl me fait toujours ressentir le même frisson jubilatoire qu'il y a 15 ans... Si vous avez un cadeau à faire et que vous n'y connaissez rien en littérature enfantine, foncez, c'est du bonheur sur papier !

6. Celui qui n'est pas un chef d'oeuvre mais que j'ai adoré : Ensemble c'est tout, d'Anna Gavalda. J'en ai déjà parlé plein de fois ici, alors je ne vais pas recommencer... Mais pour moi, c'est un vrai petit bijou, qui permet de repartir avec le sourire aux lèvres en toute occasion. Un peu comme les Delerm (père).

7. Celui qui m'a profondément marquée : Belle du Seigneur, de Cohen. J'avais 14 ans. Je l'avais acheté un peu pour me la péter avec mes "vieilles" cousines sur la plage, pour leur montrer que j'étais petite mais que j'avais des lectures de grande. J'ai été véritablement blouversée par ce chef d'oeuvre...

8. Celui que j'ai dû lire pour l'école et que j'ai adoré (contre toute attente) : Les fleurs bleues, de Queneau. A mourir de rire ! Vive le bac français ! (Ce devait être pour se rattraper de nous avoir infligé Les Châtiments l'année précédente...).

9. Le classique qui me tombe des mains : L'Education sentimentale, de Flaubert. Jamais pu aller au-delà des quelques premières pages (le "voyage" à la campagne dans mes souvenirs lointains).

10. Le dernier que j'ai acheté : Petit voyage dans l'âme allemande... Très prometteur !

11. Le prochain : dans mes rêves, Les bienveillantes. Mais je crains que la problématique ne soit la même que pour Le Tambour...

Bon voilà, ça commence à bien faire cette liste interminable. Puis je me rends compte que j'ai vraiment une culture d'un classicisme navrant. Je n'ai plus qu'à tirer moi-même la conclusion de ce que je disais au début du billet : si cet inventaire à la Prévert reflète vraiment ce que je suis, on peut donc dire que je ne suis pas caractérisée par l'originalité...

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut!

Je découvre ton blog depuis une dizaine de jours et j'ai été rassurée par ta liste de lecture. Si je devais faire la mienne, je crois qu'elle y ressemblerait pas mal.
En tout cas, ça m'a donné des pistes pour mes futurs achats de livres... Merci ;)

Anonyme a dit…

Quand on sait que mon chiffre préféré est le 7 et que mon livre préféré se trouve justement dans ton point 7 je crois que parfois il n'y a pas de mystère. Ne dit-on pas les 7 merveilles du monde ?

Mademoiselle Coco a dit…

Clio > bienvenue ! contente d'avoir pu donner envie. Réussir à transmettre le plaisir qu'on a eu en lisant un livre, c'est aussi un plaisir.

Chroniqueuse enfumée > bienvenue aussi ! 7 est un chiffre clef de la Bible. Comme bien d'autres chiffres d'ailleurs, mais le plus important à mes yeux.

Anonyme a dit…

pour le 6. dans le meme genre, mais dans la categorie chef d'oeuvre, "a long way down" de Nick Hornby. profond, emouvant, original, et plus proche de la vraie vie.

Mademoiselle Coco a dit…

Columbine > mon problème avec Nick Hornby, que j'ai adoré la première fois, c'est qu'une fois qu'on en a lu un, on les a presque tous lus... Un peu comme les Mary Higgins Clark (enfin, pas du tout le même genre mais bon)

Anonyme a dit…

je n'ai lu que "a long way down" mais vu "High Fidelity" mais je ne vois pas le rapport entre les deux. et il a ecrit si peu de romans (3-4 si j'ai bien compris) il ne doit pas etre trop difficile de presque tous les lire!
aucun rapport mais j'aime bien l'humour de votre blog. c'est bon de voir qu'il y a des gens interesses par une carriere d'administration et qui aiment l'Allemagne et qui ont une personnalite pleine de fantaisie (non je ne fais pas de germanophobie primaire, j'ai habite 8 ans en Allemagne, alors c'est de la germanophobie secondaire...a ma decharge c'etait une petite ville bourgeoise avec un joli chateau et non Berlin que j'aime beaucoup)

Mademoiselle Coco a dit…

Columbine > Je me demande soudainement si je ne confonds pas Nick Hornby avec Julian Barnes... Les deux auteurs sont des lectures lointaines (j'ai aussi le droit d'avoir des décharges non ?!)

Cette petite ville allemande avec un beau château... Il y en a tant, mais serait-ce celle où j'ai passé quelques mois de ma folle adolescence ? Heidelberg ?

Anonyme a dit…

exact, j'ai vecu 8 ans dans une carte postale :- )