01 mai 2007

Groumpf (je ne suis pas féministe mais...)

Bon, ça y est, c'est reparti pour un tour d'indignation, en live cette fois-ci. Entendu il y a 2 minutes, dans un reportage du Journal de France 2 sur les indécis : "moi, c'est certain, je vais voter sur le base du débat de demain soir !" dit le mari. "Et vous Madame, sur quelle base allez-vous voter ?" demande le journaliste. Et cette cruche répond, la bouche en coeur, "sur la base de mon mari", en éclatant de rire, pour bien montrer que bon, hein, c'est une blague.

C'est exactement pour cette raison que le droit de vote a été refusé pendant des décennies aux femmes. C'est exactement pour cette raison que même la gauche française a exclu d'accorder le droit de vote aux femmes tout au long du XXème siècle : une femme qui n'aurait pas reçu l'éducation nécessaire à l'exercice de son libre-arbitre voterait comme son mari ou comme son curé. Ce qui n'est pas en soi idiot comme raisonnement, mais aurait dû conduire à l'émancipation intellectuelle des femmes plutôt qu'à leur exclusion de la sphère civique. "Puisque seule une citoyenne éduquée peut accomplir son devoir raisonnablement, formons les citoyennes" aurait été une meilleure réponse...

La France a été parmi les derniers pays à accepter que ses citoyennes puissent exercer tous leurs droits. Et 60 ans plus tard, il se trouve encore quelque part en France des cruchottes pour affirmer en regardant bien droit la caméra qu'elles mettront dans l'urne le même bulletin que leur mari, quel qu'il soit. Je suis atterrée...

6 commentaires:

Anonyme a dit…

En même temps, en adoptant une stricte approche hétérosexuelle (et donc étriquée !) du couple non abstentionniste, dans la logique du deuxième tour, nous avons les schémas suivants :
- soit Madame suit le vote de Monsieur (ou l'inverse) et dans ce cas, le fait qu'un sexe ou un autre ait le droit de vote a peu d'incidence pratique
- soit Madame ne vote pas comme Monsieur (et inversement) et dans ce cas, ben ça sert à rien qu'ils aillent voter, puisque leur vote va à l'encontre de celui du conjoint... Un vote à droite, l'autre à gauche, deux votes pour rien ! Là aussi, peu d'incidence pratique
:-)

Cédric M.

Unknown a dit…

Dans ces cas-là, autant effacer les 48% qui vont voter dans un sens ou dans l'autre et demander aux bureaux de vote de ne se concentrer que sur les 4% qui vont décider du sort de l'élection (ce qui aurait un sens d'un point de vue de l'électeur médian mais beaucoup moins au regard d'un vague principe démocratique "une homme - une voix").

Ce qui m'amène à la même affliction que Coco: je croyais bel et bien que l'idée "un homme - deux voix" avait disparu. A sa décharge, elle portait le costume traditionnel et avait, peut-être, décidé de "prendre le rôle". Au risque de surjouer.

Mademoiselle Coco a dit…

CM > il me semble que tu as oublié l'hypothèse justement absente du post : que Monsieur et Madame votent pour le même, en ayant décidé librement, chacun de leur côté, quel candidat ils allaient soutenir. Ce qui fait donc deux voix pour le même candidat, mais qui auraient pu être deux voix pour deux candidats différents, étant donné que leur choix est indépendant l'un de l'autre. Bon, je ne sais pas trop pourquoi, mais ça me rappelle vaguement mes exercices de maths sur les probabilités en terminale...

M > Je vois que nous avons vu le même reportage ;-) Et puis sinon, oui, tu as raison, concentrons l'élection sur les vrais gens, qui servent à quelque chose, on pourra économiser un peu d'argent si seuls 4% votent. Et on aura les résultats plus tôt. Que des avantages !

Anonyme a dit…

aaarg!

et le pire c'est que des specimens dignes d'analyse ethno sociologique de ce genre il en existe plein (SIC)


comprends po...

Unknown a dit…

Voilà un article qui pourrait clore le débat et ramener un peu d'optimisme sur l'état de libération de la femme:

http://www.elle.fr/elle/societe/la-presidentielle-vue-par/comment-ont-vote-les-femmes

Mademoiselle Coco a dit…

M > merci pour ce lien. Ce que cet interview ne dit pas, et qui est pourtant tout aussi lié que le reste à la libération de la femme, c'est que le nombre de femmes qui DETESTENT Ségolène Royal est monumental. Elles haïssent de voir se pavaner sous leurs yeux ce qu'elles n'ont pas réussi à atteindre : une vraie carrière, avec le plein d'enfants, une vraie vie de famille, une silhouette de rêve à 50 ans, et le tout avec le sourire... S'il n'y a pas plus de vote féminin pour elle, ce n'est pas une question de "maturité" et du refus du vote "de genre", mais, selon moi, de jalousie féminine mal placée et regrettable.