28 mars 2007

On attrape pas les mouches avec du vinaigre

A en écouter mes amis, les garçons ne s'attrapent pas avec de l'esprit, de l'humour ou un décolleté, mais avec du vinaigre. Si je fais la somme des différents conseils qui me sont prodigués par les reines de la drague ou leurs cibles masculines, une nana irrésistible se doit :

1. d'être un peu chieuse. Une béni-oui-oui, ça n'a rien d'attirant. La nana gentille, pas hystérique, pas capricieuse n'est qu'une vague limande sans intérêt. Il paraît que le caprice, c'est "avoir du caractère". La fille pas chieuse est facilement soupçonnée de ne pas avoir de personnalité. Et si elle était juste polie ?

2. d'être un peu conne. Une nana qui sait tout sur tout, ça énerve. Faut pas être niaise non plus, mais juste montrer quand même que sans lui, on ne vaut pas grand-chose.

3. d'être un peu fragile. "Moi femme faible avoir besoin de grande épaule homme fort pour avancer dans la vie". Toujours assurer nuirait gravement à la confiance en lui de l'Homme.

Or moi, grande spécialiste, je conteste cette vision des choses. Parce qu'il faut bien se mettre en tête que :

1 bis. Seules les vraies irrésistibles peuvent se permettre d'être chieuses. Chez les autres, ça ne fait qu'un défaut de plus. A l'extrême rigueur, ça donne encore un petit charme pour l'être enamouré, mais pour les Autres (qui continuent d'exister malgré la récente mise en couple, je le rappelle), c'est juste insupportable. Si vous continuez à penser qu'être chieuse était une qualité, c'est que vous n'avez jamais personnellement expérimenté l'enfer que représente une petite copine chieuse au bras de l'un de vos amis.

2 bis. Le célibat contraint à devenir forte et intelligente. D'ailleurs, légère niaiserie et faille, même combat : le but est de montrer à l'Homme qu'il est indispensable. Or quand on a justement dû s'en dispenser par la force des choses, il a bien fallu apprendre à un moment ou un autre à faire toute seule. Hier soir, j'ai gagné le surnom de Mac Gyver en réussissant à ouvrir au tournevis une boîte de cirage sur laquelle s'acharnaient deux copains sans succès depuis 2 jours. Mac Gyver, c'est sympa mais pas super glamour, j'en conviens. Alors je comprends que ça ne soit pas un bon départ dans la vie, de savoir ouvrir les boîtes de cirage. Mais n'empêche que c'est bien pratique d'avoir un ouvreur automatique chez soi, non ? Bon, d'accord, je m'enfonce. Il faut quand même dire que le célibattantisme n'est que très rarement une posture revendicative, mais une nécessité contingente liée à l'instinct de survie en milieu hostile. Vouloir / devoir s'en sortir toute seule n'implique pas nécessairement une volonté d'extermination des mâles, devenus inutiles. Je vous assure que quand j'ai arrosé mon ordinateur de café, j'aurais adoré pouvoir appeler un esprit masculin cartésien et rassurant.

3 bis. Tout ca veut quand même dire que ce qui prime n'est pas ce qui fait qu'il est agréable, ou non, de vivre au quotidien avec quelqu'un pendant 50 ans, mais l'image de soi qu'on renvoie à l'autre. "Je ne t'aime pas pour toi, grosse chieuse niaise et faible que je ne supporte plus, je t'aime parce que tu me fais me sentir fort, beau et intelligent". M'étonne pas qu'un mariage sur trois finisse en divorce.

Tout ça pourrait sentir un peu le rance, mais en fait non. Promis juré je ne suis pas aigrie. Ca me fait plutôt sourire en réalité. J'adore observer les couples en train de se former, l'étincelle qui est plus ou moins là... Je trouve ça fascinant d'obeserver des gens qui font attention au moindre de leur geste, et qui en disent à travers cela encore plus que s'ils se comportaient normalement. Et puis finalement, toujours la même question : qu'est-ce qui fait que là, ça marche ou pas ?

Finalement, certainement pas le fait d'être une chieuse ou non. Souvent, pendant les rendez-vous, les nanas se tripotent les cheveux. Ca veut dire à la fois "Est-ce que je suis belle ?" et "Mon Dieu, que je suis stressée, j'ai besoin d'un doudou". Demandez à un mec ce qu'il en pense : si la nana lui plaît, il trouvera ça adorable ; si elle ne lui plaît pas, il trouvera ça énervant. Alors à quoi ça tient ? A de la chimie ? A la chance ? Aux phéromones ? A notre cerveau primitif ? Aux hormones ? A un jugement rationnel analysant coûts et bénéfices ? A l'horloge biologique ? Au hasard ?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"Alors à quoi ça tient ? A de la chimie ? A la chance ? Aux phéromones ? A notre cerveau primitif ? Aux hormones ? A un jugement rationnel analysant coûts et bénéfices ? A l'horloge biologique ? Au hasard ?"

Tiens, c'est rigolo, je crois que ça tient exactement à tout ça, et qu'en plus, ta liste est exhaustive !

Mademoiselle Coco a dit…

Non, j'ai oublié "le bon timing". Le bon timing, c'est le truc qui fait que NON, l'ex qu'il a du mal à oublier ne réapparaît pas pile-poil au moment où vous commencez à ferrer le poisson. Ou que NON, il ne vient pas de recevoir la promotion de sa vie au siège de la société Number One of the World à New York le lendemain de votre premier rendez-vous. Ou qu NON, son chien ne vient pas mourir et qu'il a donc la têt à batifoler. Ce genre de choses. Moi, je suis très très très mauvaise en timing... Je n'aurais donc jamais dû oublier cet élément si capital ;-)

Alternatives républicaines a dit…

Je vois que je ne suis pas le seul à me poser des questions sur les ressorts de la séduction ...

J'aimerais donner un point de vue de mec sur la question.

Je pense que les copines n'ont pas tort en disant qu'une femme avec du caracatère (ce qui ne veut pas nécessairement dire chieuse) peut-être craquant. Personnellement, c'est quelque chose qui me fait craquer au moins autant que les décolleté, l'humour ou la conversations.

Sans aller, jusqu'à faire l'oiseau tombé du nid qui ne peut pas vivre dans un homme, je pense aussi qu'il faut veiller à l'image qu'on renvoit de l'autre. On n'entre pas en relation avec qqun pour se voir en creux dans ses yeux. Sans aller jusqu'à demander à voir de l'admiration, il faut tout de même percevoir une attente, un manque qu'on pourrait combler, sentir qu'on a quelque chose à faire dans la vie de l'autre.

Je viens d'avoir une relation avec une fille qui était si ostensiblement célibatante, que j'ai fini par penser qu'il n'y avait rien en moi qui pouvait l'intéresser, et ne voir que mes limites dans ses yeux. C'est franchement insupportable ...

Pour moi, l'idéal, c'est une femme qui sait à la fois être un dragon et qui en même temps sait apporter beaucoup de féminité.

Le problème de nos jours, surtout entre personnes depuis longtemps célibétaires, c'est que chacun à développé en lui autant de part masculine que féminine. Quand il n'y a plus de polarité, l'échange et le désir s'en ressens, et ça finit souvent dans un rapport de forces sans fin.