13 janvier 2007

Pourquoi les séries policières américaines sont toujours meilleures...

Les Experts (Miami, Las Vegas, New York et sans doute bientôt Milwaukee-les-Vaches), NCIS, Numbers, Crossing Jordan, Dernier recours, FBI portés disparus, et la liste est encore longue : les séries policières américaines ont envahi nos écrans et plaisent à la folie. Mais pourquoi préfère-t-on Grissom à Julie Lescaut, Jack Malone à Navarro ou encore Horatio Caine au Commissaire Moulin ?

Je ne penche pas pour la thèse de l'admiration béate du voisin américain, mais plutôt pour une explication rationnelle en trois points pour expliquer cette supériorité évidente des policiers américains sur leurs homologues français.

En premier lieu, les Américains sont beaucoup plus riches que nous, du coup, leurs laboratoires sont pleins de machines magiques qui travaillent quasiment toutes seules. De cet état de fait, je tire deux conséquences :
- ça donne l'occasion de faire des tas de trucs hallucinants comme des reconstitutions faciales à partir d'un demi-millimètre d'os nasal en décomposition ou des analyses de tissu directement reliées avec la base de données de tous les fabriquants textiles du monde depuis 1923 qui permet de dire à quelle heure et quel jour le méchant a acheté son blouson, vous voyez ce que je veux dire.
- comme les machines marchent toutes seules, ça laisse PLEIN de temps aux acteurs - pardon : aux policiers - pour faire autre chose. Ainsi, ils peuvent coucher ensemble, aller à la plage, coucher ensemble, faire la cuisine, coucher ensemble. Bref, ça donne lieu à une véritable intrigue inter-personnelle au-delà du travail de jugeotte policière. Les gens pensent qu'ils ressemblent presque à ceux de la vraie vie et sont contents de pouvoir voir deux-trois paires de nichons (au début, j'avais écrit juste "nichons", et je me suis dit que les gens n'aimaient en fait pas voir 3 nichons, ça les met toujours mal à l'aise) entre une autopsie et une fusillade. Bref, l'intrigue est ENRICHIE, car le but du progrès technique est de libérer l'homme de son labeur aliénant, d'abord.

En second lieu, les Américains ont un problème, ou plutôt deux, qui s'appellent CIA et FBI. C'est incroyable, mais ces deux-là ne peuvent pas s'entendre. Il y a toujours des rivalités entre chefs, entre services, entre agents. Du coup, ça pimente l'intrigue. Si jamais les méchants ne tirent pas sur les agents, il y a toujours une petite chance qu'ils se tirent les uns sur les autres, pour se libérer d'une vieille rancoeur, l'affaire du siècle chipée par le bureau d'à-côté. Du coup, on ne sait jamais très bien qui est qui et on reste jusqu'au bout en espérant comprendre pourquoi la brune a craché au visage du grand blond (mais peut-être finiront-ils malgré tout par coucher ensemble, cf. supra).

En dernier lieu, les Américains ont cette merveilleuse chose qu'est le port d'arme légal prévu par le Deuxième Amendement de la Constitution (et accessoirement soutenu par la National Rifle Association). Environ 200 millions d'armes à feu circulent entre les mains de particuliers aux Etats-Unis (rappelons à toutes fins utiles que l'Amérique est peuplée de 300 millions d'âmes). Par un calcul mathématique tout simple, vous comprendrez qu'une enquête ouvre beaucoup plus de pistes aux Etats-Unis qu'en France : pour tirer sur quelqu'un, il faut avoir une arme à feu, et moins c'est courant, moins vous avez de suspects (et donc de suspense). Une fusillade en centre-ville ? Toute la ville ou presque peut être coupable aux Staïetes. Vous faites la même chose en France et vous êtes certain qu'ils vont choper dans le quart d'heure le seul et unique détenteur de fusil du département, le chasseur. Pas étonnant que la vie de Corinne Touzet soit moins palpitante.

En somme, pour redonner vie aux séries françaises, il faudrait doter la Justice de plus de moyens (côté répression), renforcer la rivalité à mort entre Gendarmerie et Police nationale et distribuer gratuitement des armes à feu à 40 millions de Français. Ca me rappelerait presque le programme d'un certain candidat...

[EDIT : petit oubli fâcheux] J'ai pris conscience que j'avais oublié un élément central dans mon analyse ô combien scientifique et réfléchie : le fédéralisme américain. Avec notre bon vieux centralisme jacobin, quand un mec fait une connerie à Marseille, on voit tout de suite qu'il a déjà fait de la prison à Verdun et qu'il s'est marié à Saint Brieuc. Aux Etats-Unis, en général, les policiers découvrent à le 44ème minute (après la coupure de pub) que le zozo en question, qui a tué sa femme en l'étouffant avec une brosse à dent dans le Nebraska, s'était déjà marié dans le Michigan il y a 6 ans. Crime suprême, il est donc polygame. Enfin, il était, puisqu'il est maintenant veuf. La question est : a-t-il tué sa femme pour se mettre en conformité avec la loi ? Mais je m'égare. En effet, le fédéralisme américain permet de cacher plein de vilaines choses aux policiers, ce qui leur complique la tâche et nous arrange bien, toujours dans un souci d'optimisation suspensielle. En fait, les Etats-Unis, c'est un peu comme l'Union européenne maintenant, quand on met quatre ans à se rendre compte entre policiers belges et policiers français qu'on parle peut-être du même méchant monsieur qui enlève de jolies blondinettes à la sortie des écoles.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellent ! J'adore...

Anonyme a dit…

mdr ton analyse est divine !! il n'y a que ça a dire !! j'en parlai justement avec une amie mais j'etais carrement moins drole lol

moi ça me gene pas les machines qui fonctionnent toute seules mais par contre numbers j'ai arreter ... le mec c'est pas une machine quoi .. lui il fait de la bio de la philo des sciences nucleaires admin socio .. rohh c'est pas un super pc quoi ..

Anonyme a dit…

C'est effectivement bien vu !
Mais quand même 24 c'est quand même mieux qu'un Navarro :p

Mademoiselle Coco a dit…

Jean-Marc et Woab > Merci !

Tybo > faut dire que Jack B., même s'il ne représente absolument pas mon idéal masculin, est quand même nettement plus "attachant" que Roger Hanin hein... qui ne peut même plus se permettre de folles courses poursuites. Comme je suis un peu sensible, parfois, je dois avouer que 24 est légèrement trop sanglant pour moi. Un compromis entre Roger et Jack m'irait assez bien. Je dis ça, mais en fait, quand c'est pour CSI, je ne suis plus aussi sensible, étrange !

Je me suis rendue compte cette nuit que j'avais oublié un élément capital. Cf. Edit.