25 janvier 2007

Les concours, c'est éprouvant

Aujourd'hui, les blogs sont olé-olé : Cachemire & Soie parle de fonds de robe affriolants, Pensées d'une ronde de clito, Deedee de nu et d'érotisme. Ouais, ben pas le mien. Parce que moi, je parle de trucs palpitants (et super original chez moi) : "les" concours. On dit toujours "les" concours, parce que ça évite de faire prétentieux en parlant d'office de l'ENA (en général, dire à quelqu'un en soirée qu'on prépare l'ENA, c'est pas la meilleure technique de drague, et ça a tendance à jeter un sacré froid). Et parce que souvent, les gens ne sont pas idiots, ils ne préparent pas QUE l'ENA. C'est pourquoi le thème d'aujourd'hui est : "les concours, c'est éprouvant".

Pour qui ne l'a jamais vécu, ça donne un peu l'impression de se lamenter sur tout et n'importe quoi. "Allez, arrête ton char Ben Hur" pensez-vous sans doute. Mais tant qu'on ne l'a pas vécu, on n'imagine pas à quel point c'est vrai : les concours, c'est éprouvant.

Bien sûr, c'est éprouvant socialement. Vos amis qui ne passent pas les concours ne comprennent tout simplement pas pourquoi vous faites la morte. Vous ne faites pas la morte, vous avez simplement cours, le matin tôt, le midi tout le temps, et le soir tard. Quand vous n'êtes pas en cours, vous révisez. Et ensuite vous passez les concours. Même les meilleures volontés finissent pas se lasser de vous proposer des sorties que vous refusez immanquablement. Oui, bien sûr, il faut s'accorder des "respirations" de temps en temps, comme me le répète mon père, très soucieux de ma santé mentale. Mais je ne peux pas respirer 7 fois par semaine. Une à deux fois par semaine en général. Et à ce rythme-là, la rotation de mon carnet d'adresses n'est pas près d'arriver à sa fin.

Il y a aussi les amis qui passent les concours. Ceux-là comprennent très bien, et sont dans le même cas. L'avantage, c'est que je peux les voir entre deux cours, pour un café plus ou moins rapide selon mon ardeur au travail. C'est pour ça que les énarques sont tous très copains entre eux. L'inconvénient c'est que si vous n'avez pas tous le même concours en même temps, ça peut détruire de très belles amitiés (et je ne parle pas uniquement de la séparation géographique entre Paris et Strasbourg...).

Enfin, il y a les amis qui passent les concours mais pas les mêmes que vous. Les risques de rivalité sont minimes, par définition. Mais les chances de se voir aussi : entre les écrits, les oraux, les résultats, les révisions, les re-écrits, les jours de compatibilité des emplois du temps sur l'année se comptent sur les doigts d'une demie-main.

Ensuite, les concours, c'es éprouvant physiquement. L'année dernière, j'avais été saisie d'effroi en côtoyant pendant quelques jours des prepénarques au mois de février. Moi qui revenais de 6 mois à Berlin, j'ai été effrayée par leurs têtes de cadavres. Ils n'étaient même plus blancs, ils étaient gris. Finalement, je trouve qu'il y a moyen de s'en sortir sans devenir gris, et pas seulement grâce à M. Blush.

En revanche, le vrai moment des concours, c'est moins drôle. Le corps en prend plein la figure : j'ai mal aux fesses et au dos à force d'être assise à bosser toute la journée. Que ce soit à la bibliothèque, à mon bureau, en cours, dans mon lit, j'ai mal. Je craque de partout et je rêve d'un home kiné (sans -ma).

Passer les concours signifie aussi en général une légère perturbation alimentaire. On n'a ni le temps ni l'envie de faire la cuisine. On mange en travaillant. On mange en plein concours (le mec qui a inventé les épreuves de 10h à 14h est salué bien bas de ma part). L'aspirant fonctionnaire a dès lors le choix entre arrêter de manger (je suis impressionnée par la prévalence élevée de cas d'anorexies évidentes parmi les candidates) ou se gaver de cochonneries, qui ont en plus le mérite d'être réconfortantes. La semaine dernière, j'ai fait 3 dîners à base unique de Pringles (oui mais Light :D) Spicy Thaï. Pendant les épreuves, je me nourris exclusivement de petits gâteaux de 7h à 17h. Heureusement que ça ne dure pas 6 mois. Ah si en fait, ça dure 6 mois. Faut juste réussir à concentrer le rythme sur deux semaines pour ne pas finir carencée mais obèse.

Et puis il faut bien le dire, c'est fatigant. La première fois, je me suis dit qu'il fallait quand même être petite nature pour finir sur les rotules après avoir fait rien que 5 petites épreuves de 5 heures. Nan franchement, j'ai déjà travaillé plus de 25 heures dans la semaine (Marie-Georges n'est pas encore au pouvoir) et je n'en suis pas morte. Mais là, c'est différent. Même quand on n'est pas stressé, on dort légèrement moins bien. On se lève tôt pour aller aux épreuves, on se couche tard pour relire une dernière fois le cours super important (qui ne tombera finalement pas) et tous les jours le cirque recommence. La course contre la montre sur les derniers instants pour réussir à faire une jolie conclusion pas bâclée lamine tout le monde si ce n'était fait avant.

Last but not least, les concours, c'est éprouvant mentalement. Je pense que tout le monde peut comprendre en quoi c'est stressant, donc je ne développe pas.

De plus, c'est frustrant. Le coup de la micro-question qui porte sur le millionième du programme du concours notamment... On se dit toujours qu'on aurait pu faire mieux et plus. Tout se joue parfois à un point (pensées compassionnelles à tout ceux qui terminent "premier non-admis" ou "premier sur une liste complémentaire qui ne sert jamais à rien"). Admettez qu'il y a de quoi devenir un peu chèvre. Et je parle même pas de l'attente perpétuelle des résultats : il y peut y avoir jusqu'à 7 mois entre le début d'un concours et son dénouement. 7 mois pendant lesquels la vie n'est pas censée s'arrêter.

Malgré tout ça, il y a toujours des candidats, et de plus en plus nombreux. A croire que nous sommes masos. Ou résistants. Ou inconscients.

Sinon, moi, ça va bien, je vous remercie (le pire... c'est que c'est vrai !).

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo et courage et moi ça m'intéresse de savoir comment un être humain normalement constitué peut vivre cette expérience...

Mademoiselle Coco a dit…

YOUHOU, je suis un être humain normalement constitué :D (enfin, si j'ai bien compris le commentaire ci-dessus...)

Anonyme a dit…

Courage Mademoiselle Coco!
hier j'ai à nouveau assisté à une conférence avec un énarque pour intervenant,
et il n'y a pas photo, il était impressionnant de part la clarté et la finesse de son raisonnement, stimulant, presque séduisant tellement il maitrisait...
Courage! c'est génial ce que tu fais :-)
Laura

Mademoiselle Coco a dit…

Que c'est bon de se faire plaindre parfois ;-) Merci Laura de tes encouragements et de ce portrait réaliste de l'énarque tellement brillant qu'il en est PRESQUE séduisant !! Vu comme ça, ça donne vraiment envie d'y être ! Qui était ce brillant spécimen ?

Anonyme a dit…

Ok, tu me pousses à rectifier: il ETAIT séduisant tellement il était brilliant!
Et comme je n'ai fait que chanter ses louanges... disons qu'il est à la chancellerie politique de l'Ambassade à Londres...
Laura

Mademoiselle Coco a dit…

Merci Laura pour cette rectification ;-)

Tu m'as inspiré mon dernier billet à me parler d'énarque séduisant... Et oui, ça existe vraiment !

Je vais mener mon enquête pour savoir de qui tu parles, attention !

Anonyme a dit…

j'arrive un peu tard mais je compatis, ce sont de lointains souvenirs pour moi... mais je vois que les modalités n'ont pas changé (notamment rapport au carnet d'adresses qui se vide...)

A l'agreg il y avait des épreuves de 7h donc genre 9-16h, il est évident que les repas cette semaine là ne sont ni très équilibrés, ni gastronomiques. -5kg sur la balance (malheureusement on reprend très vite...)
et je ne parle pas des oraux, une semaine dans la 4e dimension en raison des décalages horaires (1er candidat de la journée convoqué à 6h30).
l'avantage c'est que d'autres concours après ceux là nous semblent une petite promenade de santé, comme on dit.
clara.be

Anonyme a dit…

Une seule et unique question Clara : a-t-on encore envie de passer d'autres concours derrière ? J'espère bien ne jamais devenir toxicomane du concours...

Anonyme a dit…

euh.... pour tout te dire j'en ai passé encore un après, puis basta, pas assez droguée sans doute (+ ayant atteint les limites du possible dans ma branche !).
mais les épreuves de 2h m'ont semblée bien trop courtes pour produire quelque chose d'intéressant !

note bien que si tu décroches l'ENA je pense que tu devrais logiquement trouver un job ensuite sans devoir repasser encore d'autres concours.

tiens j'ai eu une pensée pour toi en apprenant qu'à l'automne je serai conviée à un mariage d'énarques... ce serait marrant que tu sois invitée aussi ! (en meme temps tu n'es peut etre pas pote avec toutes les récentes promos de l'école ;-)) )

Mademoiselle Coco a dit…

Clara, aucun faire-part en vue dans ma boîte aux lettres... Les jeunes énarques sortis il y a quelques années sont en général mes profs plus que mes copains (même si la frontière est parfois floue...)