07 mars 2007

Comment préparer un oral

Aujourd'hui, quelques conseils de méthodologie, principalement destinés aux candidates, qui ont, statistiquement parlant, beaucoup moins de chances que ces messieurs d'être admises à un concours tel que celui de l'ENA. Je dis bien statistiquement : d'1/3 d'amissibles, on passe à un 1/4 d'admises. Je ne m'étendrai pas sur les raisons de cette hécatombe antiproportionnelle, d'autres (Duru-Bellat et Mosconi en particulier) l'expliquent mieux que moi.

Là, je vais faire semblant que je suis une pro de l'oral, alors qu'en réalité, je n'en sais rien encore. Je n'en ai pas passé énormément, ils étaient tous sans grande importance, mais ils se sont toujours tous bien déroulés. Forte de cette expérience, je vais vous raconter comment je fais.

Premier constat : pour un oral, si vous avez raisonnablement travaillé, vous avez les mêmes connaissances que tous les autres candidats, ni plus, ni moins. Il va donc falloir se différencier autrement. En particulier en évitant d'être stressé. Aussi, vous veillerez la veille du grand jour à ne pas réviser. Ca ne sert à rien, et il vaut mieux passer la journée :

- à s'épiler. Ca défoule et ça fait toujours mieux de ne pas arriver en yeti. Le jury évite ainsi de croire que vous êtes devenue asociale ou ermite (mot que je ne sais jamais écrire correctement à cause de La Gloire de mon père). Il apprécie que vous ayez encore du temps pour ce genre de futilités et que vous soyez sans doute suffisamment soignées pour prendre une douche tous les jours. Et puis être épilée permet accessoirement de se mettre en jupe. Et la jupe et la meilleure amie de la femme non ? En outre, je recommande vivement l'épilation à la barbare (pardon, à la cire), histoire qu'à côté de ça, l'oral qui vous attend vous semble être une partie de plaisir. Ca aide à relativiser.

- à se faire des masques, pour ne pas avoir de cernes. Rien de pire que de donner l'impression qu'on s'est tuée à la tâche, surtout si la prestation est moyenne... Pour peu que le jury soit tenté de dire "tout ça pour ça ??"... Et puis, attirer la compassion d'un jury est absolument inutile, même (surtout) si vous vous mettez à pleurer. Avec une tête d'enterrement, vous réussirez au mieux à leur faire pitié, et personne n'a envie de recruter quelqu'un qui fait pitié, surtout pour l'avoir comme collègue 2 mois plus tard. A mon tout premier oral à Sciences Po, je m'étais mis du fard à paupière violet sous les yeux pour faire croire à mon prof que j'avais travaillé sans relâche, et ça n'avait que très peu fait avancer le schmilblick...

- à choisir une tenue. Ou plusieurs. De préférence avec un public, c'est plus drôle. Comme le dirait Anaik, chez moi, c'est tombé comme par hasard sur mes parents. J'aurais bien pris l'avis de Brad aussi, mais il était occupé ailleurs. Bref. Choisir une tenue option "beau temps" et une "mauvais temps". Vérifier que vous avez bien une paire de collants impeccables (d'où l'intérêt de le faire quelques jours avant l'oral, histoire de pouvoir passer chez Monop si jamais ce n'était pas le cas). Vérifier également que vous avez une paire de bas de rechange (plus facile à enfiler que des collants dans des toilettes douteuses), à toujours avoir sur soi en cas d'incident. Ben oui, arriver à un oral avec un collant filé, c'est franchement l'un des pires trucs qui puisse arriver. Pire que de ne rien savoir sur le sujet je pense. Parce qu'avec un collant, pas moyen d'improviser...

- se faire une manucure. L'un des seuls trucs que voit vraiment le jury, ce sont les mains. S'il n'est pas question de se la jouer à l'italienne en faisant du vent pour rien, la communication passe néanmoins mieux en les bougeant un peu. Ca peut même être un atout pour faire passer ses idées. Autant éviter donc les ongles rongés, le vernis écaillé ou criard, les doigts bouffés. Je sais, tout le monde n'est pas comme moi, mais si je suis un jour juré, les ongles rongés n'auront aucune chance avec moi : il faut bien un critère de sélection non ?

- appeler quelques copines (s'il vous reste encore du temps). Cf. post d'hier, vous comprendrez pourquoi.

Maintenant que vous êtes épilées, que vous avez des collants prêts pour le lendemain, de jolies mains itou itou, ne faites plus rien, vous pourriez vous abîmer. Non, même réviser, c'est trop dangereux : le papier, ça coupe.

Alors évidemment, les féministes vont me sauter dessus : alors comme ça une nana, si elle veut réussir, doit séduire son jury par son minois plutôt que par ses mots ? Ben oui, désolée, mais arrêtons d'être hypocrites. Un oral, c'est entièrement subjectif, et l'allure générale compte de façon non-négligeable. Et puisque les filles, ainsi que j'ai pu l'observer, pêchent par rapport aux garçons par leur incertitude naturelle, il faut bien qu'elles compensent.

En effet, pour caricaturer, un mec en oral peut vous sortir une énormité, mais avec tellement d'assurance que le jury ne pense pas une seconde à remettre sa parole en doute. A l'inverse, une fille prend souvent un ton précautionneux, même pour dire des choses vraies et intelligentes. Les jurés s'engouffrent dans la brêche et la déstabilisent en lui demandant simplement "êtes-vous sûre ?". Elle réfléchit, hésite, s'enfonce elle-même. Alors dans cette guerre sans pitié, moi je dis : "chacun ses atouts". Et j'en ai eu récemment la confirmation : "quand vous ne savez pas, il suffit que vous souriiez pour qu'on oublie vos hésitations" m'a dit l'un de mes examinateurs (blancs). Tous les moyens sont bons.

En revanche, les objecteurs de bon sens ne manqueront pas de faire remarquer que ça marche peut-être moins bien pour un jury féminin. Je réponds d'abord qu'il est rare qu'un jury soit entièrement féminin. Et que d'autre part, un membre féminin du jury sera aussi sensible qu'un homme sur des ongles rongés, voire plus non ?

Bien sûr, je ne suis qu'à moitié sérieuse. En revanche, l'idée qu'on ne se différencie pas, à un oral, par ses seules connaissances est pour moi une certitude absolue. Reste maintenant à chacun à trouver sa façon, épilation ou non, de se démarquer !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

On s'épile, on se fait mal, on est prêt à tout.
Ainsi, on est surtout prêtes pour le libéralisme.

Mademoiselle Coco a dit…

Désolée, mais je préfère largement être une libérale pas féministe épilée que de ressembler, avec toute ma liberté, à une Polonaise des années 70... Surtout quand il s'agit de se présenter sous son meilleur jour.

GiL a dit…

J'adore la réponse au commentaire !
Ceci dit, j'ai un oral bientôt mais tout ces conseils s'appliquent aux femmes ! Rien pour les hommes ? ;-)

Mademoiselle Coco a dit…

Merci Tybo de me conforter dans mes positions ultra-libérales de femme pas libérée :-)

Comme je l'ai expliqué, statistiquement, les mecs réussissent mieux les oraux que les filles, d'où mes conseils ciblés. Je suis un peu le Zorro des oraux tu vois (je sais, c'est nul comme jeu de mot, mais je n'ai pas pu m'en empêcher).

Tu noteras bien que, néanmoins, rien ne t'empêche le masque la veille (l'épilation à la cire non plus, mais quelque chose me dit que...)

Bon allez, pour toi, je vais réfléchir à ce que je ferais si j'étais un mec pour réussir un oral. Pas facile comme question...