06 janvier 2007

Silence, ça pousse !

Pour Noël, en dehors de mon réveil-moulin à café, j'ai eu des tas de chouettes cadeaux, dont notamment un jardin d'aromatiques. C'est joli comme nom, hein, "jardin d'aromatiques" ? Je trouve que les mecs du marketing, ils ont été vachement forts. Parce que ça respire la poésie et le naturel, comme nom de produit. C'est parfait pour tenter le citadin en mal de verdure (mais qui n'aime pas la campagne parce qu'il n'y a rien à faire et que ça sent la bouse de vache. Cf. la chanson Rural de Jeanne Cherhal).

J'ai donc tout fait comme ils disaient : j'ai mis la terre dans les petits pots, j'ai planté mes graines, j'ai remis un peu de terre, j'ai arrosé et j'ai attendu. Ce matin, pendant que mon café se péparait tout seul dans ma machine (ce que la technologie ne fait pas pour nous quand même...), j'ai découvert que les premières pousses étaient sorties : les pots de coriandre, persil et thym ont pleins de petits trucs vert très pâle qui sortent de la terre. Le miracle de la nature en somme.

Un instant, j'ai presque compris ma maman qui aime tant le jardinage. C'est vrai, c'est assez magique de voir que, grâce à la merveilleuse organisation bien huilée de la nature et grâce à notre petit coup de pouce, il peut se développer des choses pareilles. On se sent quasi-spécial élu de Dieu quand on réussit à créer quelque chose à partir de quasiment rien. Je présume que l'effet doit être à peu près le même pour les artistes, les vrais, qui réussissent à faire d'un morceau de tissu et de tubes de gouache une véritable oeuvre.

Mais mon goût pour le jardinage trouve rapidement ses limites. Quand on arrive à Oléron au printemps après un hiver de jachère, il faut tout couper, tout ramasser, tout tailler, tout désherber. Comme je suis une grosse feignasse, après avoir taillé un mètre de haie, moi, j'ai mal aux bras. Après avoir ramassé la moitié du tas de branchages de la dite haie, j'ai mal au dos. Après avoir taillé un quart de pied de lavande à genoux par terre dans les gravillons, j'ai mal aux genoux. Après avoir mis de nouveaux tuteurs aux rosiers, j'ai les mains toutes piquées. Je n'ai rien fait eet j'ai mal partout.

Mais il y a la pire : les gants de jardinage. C'est insupportable, ça sent très mauvais, et il y a TOUJOURS de la terre au fond. Je DETESTE la sensation que ça engendre quand on enfile ses gants (déjà que les gants en plastique quand il fait chaud, c'est très moyen comme sensation) et que l'on sent distinctement la terre s'enfoncer sous les ongles lorsque les doigts touchent le bout de ceux des gants. Brrrrrrrr, rien que d'y penser...

J'ai cru avoir trouvé la parade : je me suis achetée mes propres gants de jardinage, pour moi rien qu'à moi, en me jurant bien que ceux-là ne sentiraient jamais mauvais et que leur intérieur ne connaîtrait jamais le sens du mot "terre". Hélas, trois fois hélas, c'est le genre de promesse qu'il est impossible de tenir dans une maison familiale qui voit défiler des dizaines de personnes chaque année, et devant lesquelles j'aurais eu du mal à assumer le post-it "ce sont mes gants, merci de ne pas y toucher". Pour des gants de jardinage ??! Complètement tapée la cousine...

Donc je n'ai pas laissé de post-it, et je n'ai pas remporté mes gants à Paris. Je les ai laissés là-bas, où tout est neuf et tout est sauvage, et à mon séjour suivant, ils étaient plein de terre au fond et ils sentaient mauvais comme des gants de jardinage.

Mais avec ce jardin d'aromatiques pour urbains, point besoin de gants de jardinage, ni de courber le dos, ni de s'agenouiller. J'ai presque honte que cela soit si facile. Ca pousse tout seul, presque sans moi, sans effort. Je me suis créée un nouveau besoin, comme le veut la société de consommation, et je n'attends plus que d'avoir mes premières feuilles de basilic frais "maison". Avec un peu de chance, ma cuisine ressemblera bientôt à la forêt de basilic qui envahissait le studio de Leonardo à Nancy !

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