01 juillet 2006

Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m'enrichit.

Saint-Exupéry n'a pas écrit que Le Petit Prince, il a également produit un ouvrage dont le titre nettement moins poétique, Pilote de guerre, ne l'empêche pas de dire tout autant de choses jolies et vraies.

"Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m'enrichit", donc. C'est tout de suite la phrase à laquelle j'ai pensé en lisant le dernier mail du fructueux échange que j'entretiens depuis ce matin avec Agathe, celle qui rit quand on la... gratte (c'est une de ses blagues préférées, hein, sinon, je ne la mettrais pas). Agathe et moi avons longtemps voulu faire des choses à peu près pareilles. Mais pendant qu'elle était en stage en consulat munichois, j'apprenais à vendre des médicaments à des gens en parfaite santé pour l'industrie pharmaceutique allemande. Maintenant, je ne veux surtout pas faire de marketing et m'apprête à réviser tout l'été pour être un jour dans un consulat. Et elle, elle refuse de participer aux réceptions Ferrero-Rocher et veut faire des choses dont je ne comprends même pas l'intitulé. Je suis super fière d'elle.

Par exemple, son rêve du mois, qui va sans doute se réaliser parce qu'elle est trop forte, c'est de travailler pour "une entreprise d'investissement qui a choisi de consacrer exclusivement ses forces à l'intermédiation sur le marché secondaire des valeurs mobilières". Je vous copie-collerais bien la suite de la présentation du site internet, mais il semble être paresseux aujourd'hui. Mais rien que la première phrase, ça tape je trouve. Je ne comprends pas très bien ce que ça veut dire, à part peut-être... jouer au Monopoly avec des vrais billets (????). Mais je suis super fière d'elle.

En fait, je suis super fière de plein de gens autour de moi. Les trois quarts de mes amis ont fait les mêmes études que moi, ce qui pourrait être une source inépuisable de rabougrissement intellectuel et social. Pourtant, nous avons beau avoir fait les mêmes études, nous faisons tous des choses complètement différentes, auxquelles on ne pige pas forcément grand-chose, mais on fait des efforts. Avec Myriam, j'apprends les chiffres clefs de la politique énergétique française. Avec Leonardo, je prends conscience des grands enjeux écologiques de ce monde. Avec Céline, j'apprends comment un livre naît, grandit, et meurt (peut-être). Avec Adalbert, j'apprends comment calculer un risque (enfin, non, c'est vraiment trop compliqué, mais disons que maintenant, je sais que les banques emploient des risk managers, c'est toujours ça de pris). Avec Anne et Julien, je m'intéresse aux mystères de l'industrie pétrolière. Et je pourrais encore continuer la liste.

Je suis contente que mes amis ne fassent pas la même chose que moi, même si du coup, je ne comprends pas toujours exactement en quoi consiste leur quotidien. Mais moi, je n'ai même plus besoin de wikipedia pour me cultiver. Il suffit que j'ouvre mes oreilles quand ils parlent et que je leur pose des questions. Ce qui pourrait nous diviser nous rapproche finalement. Certes, ce n'est pas aussi facile de comprendre ce qu'ils font 8 heures par jour que s'ils faisaient exactement pareil que moi, ça demande des efforts pour se plonger dans leur univers. Mais chacun d'entre eux est une petite ouverture sur d'autres mondes que le mien. Pour bien faire, il faudrait que j'aie aussi des amis et dans le BTP, et dans le chaud bizness, et dans la boulangerie, et dans le journalisme sportif, et, et, et... Mais on ne peut pas savoir tout sur tout.

J'ai aussi des amis qui font la même chose que moi, c'est-a-dire pas grand chose pour le moment. Parfois c'est bien, surtout quand ils ne le font pas de la même manière que moi, ça donne des idées. Parfois, on se transforme mutuellement en 3615 ENA, ce qui est nettement moins bien. Car je n'ai aucune envie que mes conversations avec mes amis se résument à des discussions sur la Dame veuve Trompier-Gravier. Pour ça, j'ai mon prof de droit public.

Définitivement, Saint-Ex avait une fois de plus raison.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci.

Mademoiselle Coco a dit…

De rien, A(nonyme)