22 décembre 2005

Erdbeerwodka et Berlinostalgie

Bon bah y a pas à dire, c'était encore une super soirée... Après une grosse journée au AA (Cornelia, c'est promis, on se retrouve à Friedrichstrasse au mois de janvier !!), des amis, de la bonne musique, de la vodka-fraise, des rires et des chants comme sur l'Ïle aux enfants, ça fait du bien... J'avoue, je ne suis pas certaine qu'il y ait vraiment eu de la vodka-fraise chez Casimir, mais faisons comme si.

Donc cette merveilleuse soirée chez Sebastian (herzlichen Dank für deinen sowohl großzügigen als auch großartigen Empfang !!) m'a permis de clore en beauté le premier volet de mon séjour berlinois. Je m'envole demain pour la France, moitié contente moitié moins contente. Bien sûr, je me réjouis de revoir un peu tout le monde, de passer du temps à Oléron et d'aller visiter Barcelone en agréable compagnie, mais je regrette déjà un peu Berlin. Bien que 10 jours passent vite, j'avais l'impression d'être à la répétition générale de mes adieux de février. Je me rendais compte avec deux mois d'avance qui allait me manquer (ou non).

Juste avant de partir, j'ai rangé mon bureau à la Suisse. Mais alors, VRAIMENT très bien. D'ailleurs, il n'y a absolument plus rien dessus tellement il est bien rangé, on dirait que je m'en vais pour toujours. J'aurais peut être dû laisser un post-it pour confirmer que je revenais en janvier, ils vont croire que j'ai fait une fugue. J'ai aussi eu mon entretien de moitié de stage, qui ressemblait presque à un entretien de fin de stage. En somme, ça sent sacrément le sapin, bien que celui du Lichthof soit loin de mon bureau. A propos de sapin du AA, voila ce qui trône depuis quelques jours dans le hall du Ministère :


Avec un petit commentaire sur internet, on comprend tout de suite mieux pourquoi rien n'est assorti sur cet arbre :

"Lichterbaum der Völker" im Auswärtigen Amt
Das Auswärtige Amt hatte die Botschaften in Berlin und Bonn in diesem Jahr gebeten, jeweils einen landestypischen Gegenstand für den Baumschmuck des Weihnachtsbaums im Lichthof des Ministeriums zur Verfügung zu stellen. Etwa 80 Botschaften haben meist kunsthandwerkliche Artikel übersandt. Sie spiegeln Bräuche und Traditionen des jeweiligen Landes wider, stellen typische Tier- oder Pflanzenarten dar oder werden auch im Herkunftsland als Festdekoration benutzt. An dem über acht Meter hohen Baum sind deswegen viele interessante Details zu entdecken.

Je suis certaine que le Protokoll a dû être consulté pour savoir quelle boule placer à quel endroit et si par hasard, le Burkina Faso ne se sentirait pas vexé si jamais on met sa décoration tout en haut, là où personne ne voit, alors que le Gabon est presque à hauteur d'yeux. Diplomates jusqu'au bout des boules...

20 décembre 2005

J'y vais ou j'y vais pas ?

Ce qu'il y a de pas bien avec les amis (oui, je sais, je suis un peu dans la thématique amis amis amis en ce moment, mais ça prouve bien l'importance de ces petits êtres étranges dans ma vie), c'est que quand ils vous connaissent vraiment bien, ils savent lire entre les lignes et ils n'hésitent pas à poser le doigt sur ce qui fait mal (pour au final, faire du bien, si ce sont vraiment des amis).

Cela vaut pour les merveilleux conseils pleins de tact et de vérité de Fanny (encore merci, efficacité garantie). Et cela vaut aussi pour la perspicacité de Juliette, dont je me permets de copier coller un bout de mail (pour les droits d'auteur, on verra ça dans le RER B le 1er janvier ok ?) :

"Tu as l'air d'avoir trouvé des supers amis dont la description sur ton blog est rejouissante, c'est vraiment super. ton blog a aussi suscité une question en moi : es-tu vraiment déterminée à faire l'ENA ? ne prefererais tu pas au fond de toi continuer à passer ta vie à bruncher à Berlin ? c'est une question à la con mais je pense que ça vaut la peine de se la poser. c'est tellement d'investissement l'ENA..."

Oui, c'est peut être une question à la con, mais moi aussi je me la pose, Juliette m'a mise à nue. Bon, déjà, il faut remettre les choses à plat : il y a une différence entre vouloir faire l'ENA et faire l'ENA. L'un permet l'autre, mais l'inverse est rarement vérifié. Donc la question est de savoir si j'ai envie de vouloir faire l'ENA. Au lieu de "j'y vais ou j'y vais", c'est "j'essaie d'y aller ou pas ?". C'est bien cette question que je me pose. Parce que mine de rien, rien que d'essayer d'y aller, ça suppose pas mal de sacrifices, comme l'a souligné Juliette. Et ce sont des sacrifices que je suis de moins en moins prête à faire chaque nouveau jour passé à Berlin.

Entre l'abandon de Guillaume (traître !), les réserves répétées et justifiées de Michael et Cornelia, ma déception devant la liste des admis 2005, l'image des énarques dans les cercles allemands, l'image des énarques dans la société en général (non, je n'ai pas envie d'être détestée par les 60 millions - quelques milliers de Francais qui n'ont pas fait l'ENA), et surtout ma vie ici si agréable, je ne sais plus très bien pourquoi il faudrait que je me tape encore la tête contre les murs à force de Finances publiques pendant quelques mois au mieux, quelques années au pire.

Pourquoi je ne resterais pas à Berlin ? Bon, tout de suite, je trouve une bonne raison : pour quoi faire ? Et tout de suite, je trouve une réponse : je pourrais poser ma candidature pour le programme d'échange d'assistants parlementaires. Mais ça ne fait que repousser le problème d'une année, avec sans doute encore plus de difficulté à m'y remettre sérieusement. Je vois déjà les "ravages" de quelques mois de stage sur ma détermination, je n'ose pas imaginer ce que ça serait dans 18 mois...

Et puis d'un autre côté, je me dis que j'aimerais quand même bien faire un boulot qui me donnerait envie de me lever le matin. J'ai envie de continuer, comme en ce moment, à être contente d'aller bosser. Et je crois que la diplomatie est ce que j'ai vraiment envie de faire.

En fait, je crois que je souffre d'une légère schizophrénie : chaque jour renforce ma motivation pour rentrer "au Quai", mail chaque jour affaiblit aussi ma motivation pour rester enfermée à bosser alors qu'il y a tellement de trucs géniaux à faire autres que lire le Chapus un dimanche après-midi (ou pire, un samedi soir !!). Vous avez une formule magique (ou des arguments décisifs) ???

Pour finir, un article sur Sciences Po et l'ENA, très orienté (vu la source, ce n'est pas très étonnant), plein de fausses vérités un peu démagos, plein d'erreurs, mais qui pose néanmoins des questions de façon intéressante (et qui résume aussi certainement très bien l'opinion générale sur les sciences poteux et l'énarchie).

L'article, intitulé "Comment Sciences-Po et l’ENA deviennent des « business schools »" date un peu (2000, il s'en est passé des choses depuis, ce n'est pas Richy qui dira le contraire) mais reste recommandable. Et par le même auteur, dans la même veine, un article spécial Fanny qui adore les épreuves de Culture G autant que moi : "Les meilleures copies". Tout un programme !

Avouez que ça ne donne pas envie...

19 décembre 2005

Les anciens et les nouveaux amis

A tous ceux qui en doutaient et qui ont lu avec désespoir mon post "Juhuuuuuuuuuu", je tiens à préciser qu'il est bien évident que le fait de rencontrer des personnes aussi attachantes qu'intéressantes ne m'empêche en rien de continuer à apprécier pleinement les qualités nombreuses et inestimables de mes amis plus anciens.

Alors OUI, Cornelia, Guillaume et Michi (pour éviter toute contestation, l'ordre adopté s'est réduit à l'observation stricte de l'ordre alphabétique de vos prénoms, tel qu'en vigueur dans les pays latins), même si je ne viens pas de vous rencontrer, vous méritez aussi de figurer dans ce blog, bien évidemment.

Parce que les soirées russes chez Gorki, les brunchs chez Maibach et les soirées fondues sont inoubliables, parce que nous arrivons ensemble à déjouer les mécanismes perfectionnés de surveillance des mails de nos ministères respectifs, parce que vous êtes là depuis suffisamment longtemps à mes côtés pour que mes barrières soient complètement transparentes pour vous, parce qu'il suffit d'un regard (par dessus une monture de lunettes déglinguée) pour comprendre que Conny va attaquer le 2ème Sujet de la soirée (avec un grand S bien sûr), parce que chacun d'entre vous pourrait assurer un one-(wo)man-show décapant de 16 heures non-stop, parce que même si Anna Gavalda n'est pas de la grande littérature, vous vous battez pour avoir mes livres, parce que ça et tout le reste : vous faites partie de ma vie à Berlin, vous êtes de ceux qui me donnent envie de rester ici.

Comme je ne doute pas que d'autres encore vont se sentir lésés à la lecture de ce dernier message (c'est peut être un peu mégalo ça comme pensée...), je tiens à publier d'ores et déjà une note préventive : non, je n'écrirai pas de post ni individuel ni groupé pour chaque réclamation faisant suite à celui-ci / oui, je tiens quand même à vous.

Mais un message chez Melle Coco, ça se mérite - ou ça se soudoie, si vous préférez la technique Conny. Car en effet, j'ai été menacée, violentée, terrorisée. Tout ça pour avoir le droit de voir "La vérité si je mens", pfffffffffffffffff, c'est n'imp. En tous cas, je l'ai bien méritée, ma séance de home cinema, non ? Allez, souriez, vous êtes mes amis !

18 décembre 2005

Revenue d'un autre monde...

Il est tard et mon style littéraire doit être passablement altéré par la soirée que je viens de passer dans un autre monde. Mais cette découverte mérite un petit récit. Et peut être que demain, j'aurais tout oublié. Les souvenirs accompagnant les dernières traces de vin blanc auront été remplacés par une solide migraine.

Cette soirée était à double titre exceptionnelle : j'ai découvert "l'Autre Berlin" et j'ai été accueillie dans une Burschenchaft, une confrérie étudiante.

L'Autre Berlin, c'est avant tout le Berlin de l'Ouest, que je suis si peu amenée à découvrir. Et oui, il faut se rendre à l'évidence, tout se passe désormais à l'Est, et on se demande bien aujourd'hui pourquoi pendant des années, tant de DM (et surtout de $) ont été engloutis pour maintenir l'îlot capitaliste qu'était Berlin Ouest dans l'océan socialiste pendant la Guerre Froide. En effet, pourquoi avoir subventionné de façon si intensive la survie d'un petit bout de territoire qui aujourd'hui est délaissée justement parce qu'il n'a pas ce charme "de l'Est", parce qu'il n'a pas l'intérêt des survivants (ou des ressuscités) comme Prenzlauer Berg, Mitte ou Friedrichshain. Une profonde injustice, mais une imposante réalité. Tout ça pour dire que dans le Berlin des années 2000, l'Ouest de la ville aurait pu ne jamais exister, les étudiants berlinois ne verraient pas la différence... Donc s'aventurer à l'Ouest est véritablement un évènement. D'ailleurs, ce n'était que ma deuxième fois, la première ayant été consacrée à me rendre à l'aéroport.

De plus, je n'ai pas fait que me rendre à l'Ouest de la ville, je n'ai pas fait les choses à moitié, je suis allée jusqu'à sortir de la vraie ville pour aller dans la ville-campagne. Encore un autre visage de Berlin. J'ai pris le S-Bahn jusqu'à Nikolassee, c'est-à-dire quasiment le Wannsee. Et je me suis retrouvée dans un endroit absolument charmant, mais ressemblant à tout sauf à Berlin. Pour être précise, ça ressemblait surtout aux hauteurs de Saint Cloud ou de Sèvres : de jolies rues très calmes, accueillant de grosses, solides et familiales voitures ; de jolies maisons très bourgeoises, accueillant de grands, chaleureux et familiaux appartements ; de jolis jardins très fleuris, accueillant de nombreux, éducatifs et ludiques éléments de jeu pour enfants. Un endroit pour se ressourcer dans son foyer en somme, avant d'aller affronter la dure réalité de la vie de la ville, avec son bruit, son odeur, ses bouchons, ses SDF. Il y a donc à Berlin des endroits qui ressemblent à des banlieues américaines, ou au XVIIIème arrondissement de Vienne : des endroits où on est encore administrativement dans la capitale, mais où on est en pratique dans un monde à part. La preuve en images :`
























D'ailleurs, ils (les gens de la mairie de Zehlendorf, dont dépend Nikolassee) le disent eux-mêmes :

"Nikolassee - Grüne Wohnlage zwischen Schlachtensee und Wannsee.
Im Jahr 1901 wurde die Villen-Colonie Nikolassee gegründet. Noch heute lebt man hier sehr ruhig und ein wenig abseits des Großstadtlebens und genießt die wald- und seenreiche Umgebung."

Villen-Colonie, voilà exactement le mot qu'il fallait pour décrire Nikolassee...

Le deuxième élément qui a fait de cette soirée un moment hors du commun dans ma vie berlinoise est son contenu. Je me suis en effet rendue à une soirée organisée par Jonas (vous savez, celui pour lequel il ne faut pas se fier aux apparences de post juste en dessous). Et puisque la soirée était organisée par Jonas, il fallait qu'elle ait lieu chez Jonas. Mais Jonas, durant son stage au AA, loue une chambre au sein de la "wohnliche Villa" de la confrérie Obotritia (www.obotritia-berlin.de), ce qui m'a permis de découvrir l'envers et l'endroit du décor des confréries étudiantes.


Les confréries, c'est comme les francs-maçons, je ne sais rien de ce qui s'y passe à l'intérieur, mais je n'aime pas ça par principe, ça me fait un peu peur par nature. Quelque peu rassurée par le fait que Jonas soit parfaitement normal, je me suis donc aventurée jusqu'à la villa de l'Obotritia. Quelques mythes se sont effondrés, certains se sont affermis. Pour résumer ce que peut être le Cercle des poètes disparus sans poésie (il commence à être vraiment très tard) :

- les confréries, c'est un truc d'HOMMES virils et solidaires. Ma venue a constitué une presque première. Depuis des lustres, aucune femme n'avait été admise dans l'enceinte de la villa. Cette indulgence particulière n'était toutefois en rien dû aux éventuelles qualités particulières de ma personne, mais bien plus à l'état semi-comateux de la quasi-totalité des habitants de la villa, dû à la Burschenschaftsfeier de la veille, au cours de laquelle la bière avait coulé à flots, à en croire les cadavres de bouteilles. Seul Jonas, qui s'y était préparé, a dû subir la présence d'un être non-masculin durant cette soirée ; les apparences ont donc été sauves.

- les confréries, c'est VRAIMENT un truc d'HOMMES virils et solidaires (pour la solidarité, ça dépend des moments). Au cours de la visite de la maison, Jonas nous a expliqué en détails ce que signifiait chaque élément des armes de la confrérie. Quand je me suis étonnée des deux épées (des vraies) placées en encadrement du blason, il m'a expliqué que l'escrime faisait partie des traditions encore bien vivantes des confréries. En clair, j'ai passé la soirée chez des gens qui se battent encore en duel. Entre potes, bien sûr, pour ne rien faire qui soit illégal, mais quand même... J'ai eu droit à un cours d'initiation au maniement de l'épée, aux passes élémentaires (c'est presque comme danser le rock) et aux meilleurs moyens de me protéger le visage pour ne pas être blessée (bien que les cicatrices "soient toujours portées avec fierté étant une marque d'appartenance à la confrérie, donc une marque d'honneur). Ca fait bizarre...


- les confréries sont les garants d'un certain art de vivre d'un autre âge (qui peut malgré tout être agréable). Franchement, quel foyer d'étudiants dispose d'une véritable bibliothèque cosy avec fauteuils club en cuir, parquet au sol et gravures au mur ???

- les confréries sont les garants d'un certain art de vivre d'un autre âge (qui peut être pafois complètement suranné, voire révoltant) ? Franchement, quel étudiant vous répond, quand vous le remerciez pour le délicieux repas qui vous est offert, "tu sais, je n'ai rien fait, c'est notre cuisinière qui a tout préparé" ???

- les confréries ne sont pas nécessairement orientées politiquement, ou en tous cas, pas toujours FDP / CDU à fond les ballons. Jonas est plus Vert qu'un brocolis, et l'Obotitria est historiquement liée au SPD (mouais, ça donne bonne conscience, c'est toujours bon à prendre).

- les confréries sont avant tout le moyen de créer des liens entre les générations (elles fonctionnent principalement grâce au soutien financier et moral des anciens) et entre étudiants d'une même génération. A propos des anciens, une anecdote douce-amère : traditionnellement, les murs de la salle des repas de chaque confrérie sont couverts des portraits des anciens de la confrérie, avec généralement leur date d'entrée dans l'organisation. L'année universitaire allemande se divise en deux semestres, le Wintersemester (WS) en hiver, et le Sommersemester (SS) en été. Chaque portrait porte donc, outre le nom de l'heureux photographié, l'inscription WS 1913 ou SS 1927, ce qui signifie que la personne sus-nommées est rentrée dans la confrérie au semestre d'hiver 1913 ou au semestre d'été 1927, par exemple. La confrérie originelle de Jonas, à Heidelberg, ne dérogeait pas à la règle. Mais la moitié des portraits manquent à l'appel sur les murs : lorsque les Américains ont occupés (ou libérés, selon le point de vue de chacun) Heidelberg en 1945, ils avaient établis leur QG dans la maison de cette confrérie, et avaient donc jeté tous les portaits sur lesquels figuraient "SS". Il ne reste donc plus que les Wintersemester...

En somme, je ne peux pas dire que j'aie été particulièrement séduite par ce mode de vie, mais qu'il m'apparaît désormais moins comme un dangereux rassemblement de fanatiques sectaires que comme une façon, certes un peu extrême, de créer des liens de solidarité entre des individus autour d'un intérêt commun. Et n'est-ce pas ce que nous faisons tous un peu ? Le côté théâtral de cet instrument social, comme les duels, n'est finalement que la partie émergée de l'iceberg : la plus visible, mais la moins représentative. C'est à la fois ce qui effraie et fascine. C'est ce qui soude. Mais au fond, tout le monde sait que c'est "juste pour rire". C'est comme se déguiser pour quelques heures. En tous cas, cette plongée dans un monde entièrement nouveau et qui m'est en théorie complètement fermé était captivante !

16 décembre 2005

JUHUUUUUUUUUU (youpi, en VO)

Ca y est, pour de vrai, j'ai à nouveau internet A LA MAISON !! En théorie, ça veut dire que je vais essayer d'écrire un peu plus qu'une fois par mois... Car le Auswärtiges Amt est certes équipé d'internet (les Allemands sont des gens aussi modernes que prévoyants), mais pour des raisons que j'ignore (mais que je suppose liées au fait que les diplomates allemands sont aussi prévoyants que parano), le simple fait de taper l'adresse internet de blogger fait systematiquement planter mon ordinateur. Mais cet âge de pierre est derrière moi ! Vive l' accès libre à blogger !

Le problème, c'est que maintenant, je n'ai ni la capacité ni l'envie de faire un résumé de tout ce que j'ai vécu depuis ce paquet de semaines. J'ai fait des tas de choses, j'ai vu des tas de films, j'ai été dans des tas de cafés, j'ai flâné sur tous les marchés de Noël de la ville, j'ai rencontré plein de gens, je n'ai pas vu le temps passer. Donc en très gros, JE VAIS BIEN !!!

Mon stage me plaît vraiment vraiment vraiment beaucoup :

- maintenant que je me suis vraiment complètement faite à mon environnement de travail prussien jusqu'aux boutons de manchette. Mes collègues se lâchent complètement : non seulement ils se sont mis à me sourire de façon régulière et répétée, mais ils commencent aussi presque à rire. Il y en a même un avec qui je passe régulièrement de (pas trop quand même) longues pauses où on essaie toutes les sortes de café du Coffee House en bas du Ministère en parlant de tas de choses passionantes. Une relation normale quoi...

- maintenant que mon projet est définitivement officiellement politiquement lancé. Beaucoup de boulot en perspective donc, mais tres satisfaisant. J'en saurai encore plus mercredi prochain, après mon Zwischenevaluierungsgespräch. Le truc bien, c'est que juste après, je pars 10 jours en vacances, histoire d'oublier toutes les choses désagréables que je vais peut-être avoir à entendre ! So werden Probleme gelöst ! Selon le principe de mon ancien coloc de Vienne, il n'y a pas de problème, il n'y a que de mauvaises décisions et de mauvaises solutions.

- maintenant que j'ai rencontré des gens vraiment bien, qui ne sont pas juste des "Mitpraktikanten" qui passent rapidement dans la vie des autres, au rythme du turn over permanent des stagiaires, et avec qui on ne partage pas grand chose de plus que quelques déjeuners. Non, les gens que j'ai rencontrés sont des gens de valeurs, que j'aimerais vraiment garder autour de moi dans ma vie normale, même au-delà de mes quelques mois de stage. Non non, je ne tombe pas dans le mélo "on est tous amis à la vie à la mort" et "ici j'ai vraiment trouvé une deuxième famille" qui est réservé aux participants des émissions de téléréalité. Je ne parle pas des dizaines de stagiaires qui sont juste dans les mêmes bureaux que moi toute la journée. Je parle des quelques personnes avec qui je passe aussi mes soirées très souvent, des morceaux de week end souvent. Il y a Anne, qui est "so toll" que c'est difficilement descriptible. Il y a Jonas pour qui a été inventée l'expression "il ne faut pas se fier aux apparences" et qui me fait mourir de rire. Il y a aussi Elisa, qui m'appelle pour que je ne la laisse pas boire seule dans ses cocktails dédiés à l'harmonie des relations transatlantiques et avec qui je refais le monde encore un peu plus chancelant qu'il n'était après quelques verres de Sekt. Il y a Sebastian, le philosophe humble dont la culture me fait sentir à la fois minuscule et curieuse de tout. Il y a Cobi, étrange mélange de Berlinoise et Viennoise convaincue dans les deux cas, un shot de bonne humeur à chaque sourire. Bon, ça fait un peu déclaration d'amour publique, mais on ne rit pas. Ce sont des gens qui sont véritablement devenus importants pour moi ces dernières semaines.

Dans un autre genre, il y a aussi mon presque boyfriend américain Paul, avec je me sens tellement à l'aise que je m'étonne moi-même. Meme si on sait tout les deux que c'est pour rire, il réussit malgré tout à me fait me sentir exceptionnelle (au moins à ses yeux) quand il me dit "Sophie, just say a word, and I'm yours, your life will be like this Wham christmas song". J'imagine mal ma vie ressemblant à une chanson gay des années 80, mais bon, tant mieux en fait, parce que juste après, généralement, il me demande pour la 39634ème fois s'il devrait se marier ou pas (pas avec moi, avec sa girlfriend, la vraie, bien sûr). Rien de sérieux donc. Bref, ça me fait du bien sans me prendre la tête, c'est du tout bon, aussi bizarre que ça puisse paraître.



En dehors de mon stage, les soirées restent tout aussi animées malgré la bise hivernale. Je n'ai bien évidemment pas encore eu le temps une seule fois d'ouvrir un bouquin d'économie ou de droit public. Je suis en pleine phase de réflexion sur mon avenir (grand sujet). Et j'imagine chaque jour mille et un stratagèmes pour rester à Berlin, et ce n'est pas mon séjour à Paris (malgré ma merveilleuse soirée au Mondrian, merci aux fidèles !) au mois de novembre qui m'a réellement donné envie de rentrer.

J'ai l'impression que ma vie ici (en particulier, avec un petit v) est exactement ce que j'attends de ma Vie (en général, avec un grand V) et que je n'aurai que difficilement la possibilité de vivre aussi bien à Paris. Et je sais qu'une fois de retour à Paris, il faudra que je me replonge dans les fiches techniques et les exposés, les cours jusqu'à 21h15 et les galops le samedi. Il faudra que j'abandonne l'idée de voir des gens différents tous les soirs, de passer mon dimanche à bruncher pour quelques euros en parlant de tout et de rien, d'aller visiter un musée sur un coup de tête sans penser à ce qui m'attend comme montagne de boulot sur mon bureau. En clair, ça va être moins drôle...

Ca y est, je me laisse moi aussi emportée par la vague berlinoise, qui m'emmène toujours un peu plus loin du rivage bitumée parisien...

08 décembre 2005

Mademoiselle Coco... bientot le retour !



Et oui et oui, tout vient à point à qui sait attendre (je ne sais pas qui a un jour pu dire un truc pareil, ce n'est que bon à consoler les éternels patients...) : bientot, tres bientot, mon blog va accueillir de nouveaux récits.

Le probleme du blog, c'est son paradoxe de base : plus il se passe de choses dans votre vie, et moins vous avez de temps pour les raconter... Si on ajoute ma rupture avec le monde numérique, en dehors de mon si merveilleux lieu de travail, et le fait que les blogs ne s'écrivent pas tous seuls, vous avez quelques explications à mon silence. Contrairement à ce que certains optimistes ont pu penser, non, je ne suis pas morte, et non, je ne me suis pas fait couper le bout des doigts par une mafia kosovarde pour non-paiement de loyer.

Le retour de ma coloc va me permettre de récupérer un accès à internet à la maison et de pouvoir alimenter de facon plus régulière les aventures de Melle Coco. A très bientot, donc !